BABA KASSOGUE, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION « ABAGARA » : « LE DEPARTEMENT EST MORT SOUS LA DIRECTION DE PR. ROKIA SANOGO QUI N’A JAMAIS TRAVAILLE POUR SON DÉVELOPPEMENT »
Baba Kassogué (Professeur de l’Institut national des arts à la retraite), président de l’Association « Abagara » et de la Confédération des associations de tradipraticiens et herboristes du Mali (Cathema), est un tradithérapeute, guérisseur. Un savoir transmis par son père. Né et grandi dans la médecine traditionnelle, respecté par les autres tradithérapeutes, il est parmi les premiers tradithérapeutes du Mali qui ont eu à collaborer avec la médecine moderne. Dans l’entretien qui suit, il parle de la vraie médecine traditionnelle, dénonce la gestion de Pr. Rokia Sanogo (cheffe du département médecine traditionnelle) sous la direction de laquelle, a-t-il dit, le département de la médecine traditionnelle a échoué.
Aujourd’hui-Mali : Présentez-vous à nos lecteurs.
Baba Kassogué : Je suis Baba Kassogué, le président de l’Association « Abagara » et président de la Confédération des associations de tradithérapeutes et herboristes du Mali (Cathéma). Mon vrai nom est Anabarobou (qui veut dire l’homme de Dieu) Kassogué qui est le nom de mon grand-père, mon homonyme. Baba est le nom de respect de mon grand-père. Je suis guérisseur, tradithérapeute, un savoir transmis de père en fils. Je suis né et grandi dans la médecine traditionnelle. Ma maman, tous mes parents, depuis mon grand-père, traitaient les malades.
Je suis né et j’ai grandi à Bougouni. Mon père m’a initié à la médecine traditionnelle depuis que j’avais 7 ans. Après, il m’a envoyé à Tombouctou en 1957-1958 pour l’étude du Coran. Après l’école coranique, je suis allé à l’école africaine puis à l’école régionale à Tombouctou. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de promotionnaires qui sont ici à Bamako. J’ai trouvé la médecine traditionnelle dans notre famille.
Comment définissez-vous la médecine traditionnelle ?
Je peux dire que la médecine traditionnelle est la première médecine du monde. Toutes les médecines du monde se sont basées sur la médecine traditionnelle pour évoluer. C’est ainsi qu’on parle de médecine traditionnelle africaine, médecine européenne, médecine chinoise, médecine américaine, etc. Toutes les médecines, à leur manière, sont modernes. Mais les gens croient que c’est la médecine européenne qui est moderne. La médecine traditionnelle est aussi moderne, à sa manière.
Quelle est, selon vous, la différence entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne ?
Il y a d’abord une différence fondamentale entre la médecine traditionnelle dite africaine et la médecine moderne dite européenne. La première différence est que, dans le traitement d’une maladie, la médecine traditionnelle dite africaine utilise entièrement la plante, c’est-à-dire, les feuilles, les branches, les racines, les écorces. Par contre, pour la fabrication des médicaments, la médecine européenne n’utilise que le principe actif de la plante. Dans cette médecine, on extrait le principe actif de la plante à laquelle on ajoute des produits chimiques. En ce moment, le médicament devient un bon calmant pour soulager les malades et non un remède. Pour un traitement efficace de la maladie, il faut aller avec la médecine traditionnelle qui donne un bon résultat dans le traitement.
La 2e différence, c’est que la médecine moderne a copié les bases et les mesures utilisées au niveau de la médecine traditionnelle. Dans la médecine traditionnelle, les tradithérapeutes utilisent comme mesures, une pincée de deux doigts, une pincée de trois doigts, une pincée de quatre doigts, une pincée de cinq doigts, une poignée. Celles-ci sont les mesures exactes de chaque patient et qui ne peut pas fausser.
La médecine moderne dite européenne a profité de ces mesures de la médecine traditionnelle pour faire des mesures standards qui sont les cuillérées à café, les cuillérées à soupe, etc. En regardant bien l’ossature de l’homme, il est visible de remarquer que les mesures de la médecine moderne ne sont pas plus justes que les mesures de la médecine traditionnelle. Les gens se fient à la médecine moderne parce que cette médecine a pu et a su dominer la médecine traditionnelle, à travers la fabrication des instruments modernes.
La médecine traditionnelle est restée dans l’ombre du fait du commerce triangulaire, la traite des Noirs. A travers ce commerce triangulaire, l’Afrique a été privée de ses bras valides au profit des Européennes et des Américains. Ceux qui sont restés en Afrique étaient des enfants et des vieux. Ce qui fait que la tradition a été lente dans beaucoup de domaines. En faisant l’historique de la médecine traditionnelle jusqu’à la pierre taillée, il est loisible de constater que l’homme l’a acquis à partir des observations dans la nature. C’est ainsi qu’il a pu faire des recherches et des documents.
Et ce sont ces recherches qui ont abouti au traitement des hommes à partir des plantes. Dans la médecine traditionnelle, tout le monde ne peut pas être guérisseur ou tradithérapeute. Pourquoi ? Parce que dans toutes les grandes familles africaines, il y a la médecine traditionnelle, soit par le père, soit par la maman et qui sont généralement appelés les herboristes ou les guérisseurs traditionnels.
« Dans la médecine traditionnelle, tout le monde
ne peut pas être guérisseur »
Dans un village, quand on parle de guérisseur, le plus souvent, c’est un vieux ou une vieille qui a une expérience avérée de la médecine traditionnelle de plusieurs années. Cela veut dire que n’importe qui ne pouvait se dire guérisseur comme cela se passe aujourd’hui avec des pseudos tradithérapeutes. Ce sont ces pseudos tradithérapeutes, sans expériences dans la médecine traditionnelle, qui sont en train de faire du n’importe quoi. Ils ne font que prendre l’argent des malades, s’enrichir, alors qu’ils ne connaissent pas grand-chose dans la médecine traditionnelle. La médecine traditionnelle n’est pas faite pour l’enrichissement du tradithérapeute au détriment du malade. Pour exercer la médecine traditionnelle, il faut d’abord l’aimer. Tant qu’on n’a pas la foi du métier, on ne peut pas l’aimer. Les vrais tradithérapeutes se connaissent entre eux. Chez les vrais tradithérapeutes, un chien est un chien et un chat est un chat. Chez les pseudos tradithérapeutes, le chien peut être un chat tout comme le chat peut devenir un chien. C’est ce qui crée une confusion, du n’importe quoi ! Malheureusement, au Mali, on n’aime pas les travailleurs, on n’aime pas ceux qui disent la vérité.
Quels sont les rapports des tradithérapeutes avec le département de la médecine traditionnelle au niveau de l’Institut national de recherche en santé publique « Inrsp » de Bamako ?
Pour nous, au niveau de la Confédération des associations de tradithérapeutes et herboristes du Mali (Cathema), le département de la médecine traditionnelle est mort sous la direction de Pr. Rokia Sanogo qui n’a jamais travaillé pour son développement. Le département de la médecine traditionnelle a totalement échoué sous la direction de Pr. Rokia Sanogo. Après la mort du Docteur Harouna Kéïta (paix à son âme), le département de la médecine traditionnelle est mort. Je le dis et le maintiens, ceux qui dirigent aujourd’hui le département de la médecine traditionnelle ne travaillent ni pour son développement ni pour la valorisation des médicaments traditionnels. Ils font perdre à l’Etat tout le bon système. N’ayant pas le sens du développement de la médecine traditionnelle, ils ne font pas de rentrée au niveau de l’Etat. Ils ne collaborent pas avec les tradithérapeutes. Ils ne font que se servir de l’argent de l’Etat pour faire autre chose, au détriment des vrais tradithérapeutes et des malades.
Au temps d’Harouna Kéita, l’Institut de la médecine traditionnelle à Darsalam (devenu par la suite Département de la médecine traditionnelle) était sur le bon chemin. Il s’intéressait et travaillait avec tous les tradithérapeutes du Mali, analysait et testait tous les produits amenés par les tradithérapeutes. C’est ce qui a fait la valeur d’Harouna Kéita. C’est sous feu Harouna Kéita que le laboratoire de l’Institut de médecine traditionnelle a analysé et testé mes produits. C’est à ce titre que j’ai fait l’analyse de conditionnement, entre autres, de l’ulcère-gastro-duodénal (UGD) ; des produits composés polyvalents supérieurs (Pcps) contre le paludisme ; des produits contre la dysménorrhée et la dysménorrhée secondaire, contre les aménorrhées et contre beaucoup d’autres maladies, surtout les différentes prostatites.
Quand feu Harouna Kéïta a vu les résultats des analyses de mes produits, il les a trouvés convaincants. Et il était très content et satisfait. Il m’a dit que je suis en train de faire du bon travail. C’est ainsi qu’il a cherché à me connaître pour me poser des questions avec tout son staff. C’est ainsi qu’il a remonté tous mes documents au niveau du ministre Sada Diarra (ministre des Sports, des Arts, de la Culture). Et ce dernier, accompagné de son staff dont Sidiki N’Fa Konaté (qui était un conseiller au département) m’a retrouvé à l’INA pour dire qu’un de mes médicaments lui a fait du bien. Ils ont vu comment je travaille. Et il a tenu à ce que je passe à la radio nationale pour donner des informations qu’eux-mêmes, en tant qu’intellectuels, ne maitrisaient pas. C’est à partir de ça que j’ai intervenu à la radio dans l’émission « Arts et Lettre d’Afrique » d’Annie-Marie sur l’hypertension artérielle.
Du temps d’Harouna Kéita, l’Institut de la médecine traditionnelle recevait bien les guérisseurs, les tradithérapeutes venus de tous les coins du Mali. Il m’a fait une lettre de collaboration. Après je me suis entretenu avec le président de la République de l’époque, Amadou Toumani Touré (paix à son âme) à qui j’ai remis tous mes documents attestés par Harouna Kéita (chef de l’Institut de médecine traditionnelle). C’est à partir de là que je n’ai plus blagué avec feu Harouna Kéita car j’ai compris qu’il aimait son métier et il aimait les travailleurs. Mais après lui, la médecine traditionnelle est morte de sa belle mort. Comment la médecine traditionnelle a-t-elle chuté ? Les tradithérapeutes avaient créé des associations pour se regrouper.
Et certains se sont retrouvés. C’est comme ça que la Fédération malienne des thérapeutes du Mali (Fémath) a été créée dont j’étais un membre. Après la création de la Fémath, nous sommes arrivés à élaborer la Politique nationale de la médecine traditionnelle du Mali. Nous avons continué sur le bon chemin jusqu’à l’obtention des subventions de l’Etat. Quand ces subventions ont commencé à tomber, nous avons exigé une gestion transparente et un compte rendu fidèle aux adhérents. Ce qui n’a pas été le cas. Et les critiques n’ont pas rencontré les aspirations de certains. Ils ont mis en place un autre bureau dirigé par Mohamed Fall qui se cramponne à la tête de cette fédération depuis 2004. Cela lui fait beaucoup d’années à la Fémath, sans renouvellement de bureau et cela par la complicité de Rokia Sanogo. Et les problèmes ont commencé. Les chats sont devenus des chiens et les chiens transformés en chat.
A cette époque, la médecine traditionnelle était dirigée par le Professeur Drissa Diallo qui a envoyé un de ses agents, Djibril Coulibaly, pour suivre et encadrer les tradithérapeutes dans leurs activités. Quand nous avons fait les reproches plusieurs fois, Djibril Coulibaly a dit qu’il faut que l’argent soit judicieusement utilisé. Il a proposé de chercher quelqu’un qui puisse bien gérer l’argent de la Fémath au lieu de le gaspiller. Il n’a pas été écouté. Il a dit qu’il n’est pas d’accord avec la pratique au sein de la Fémath. Et il a démissionné de son poste d’encadreur.
Nous avons écrit plusieurs fois à Drissa Diallo pour lui demander ce qu’il pensait de la démission de Djibril Coulibaly, il n’a rien dit. Finalement, nous avons écrit au ministre de la Santé de l’époque pour lui signaler que nous ne sommes pas d’accord avec le système de dilapidation de l’argent de l’Etat par la Fémath car la subvention devait servir à encadrer et former les tradithérapeutes. Ce qui ne se faisait pas. Le 7 décembre 2005, le collectif des présidents et secrétaires généraux des associations de tradithérapeutes et herboristes membres de la Fémath ont attaqué Mohamed Fall (président de la Fémath) devant le Tribunal de la Commune VI pour l’obtention d’un audit pour les années 2002, 2003, 2004 et 2005. La justice nous a donné raison.
Au département de la médecine traditionnelle, la relève a été mal préparée après la mort d’Harouna Kéïta. Tous ceux qui sont passés à la médecine traditionnelle après Harouna Kéïta, ont très mal géré le département. Ils n’ont fait que bouffer l’argent et n’ont pas voulu travailler avec les tradithérapeutes. C’est comme ça que nous avons créé la Confédération des associations de tradithérapeutes et herboristes du Mali (Cathéma) qui regroupe beaucoup d’associations de tradithérapeutes.
A la création de la Cathéma, Drissa Diallo nous a dit que notre confédération n’est pas représentative. Mais, après, les gens ont compris que la Cathéma regroupe les vrais tradithérapeutes. Nous avons écrit au ministre de la Santé le 29 août 2021 pour l’informer de la création de la Cathéma et que nous sommes sur le même pied d’égalité que la Fémath. Nous avons crû qu’avec l’arrivée de Rokia Sanogo à la tête du département de la médecine traditionnelle, tout allait rentrer dans l’ordre. Cela a été une erreur. Rokia Sanogo a mal réagi et s’est mal comportée. Cela nous a donné beaucoup d’inquiétudes. C’est ainsi que nous avons écrit à tous les ministres de la Santé depuis le temps d’Oumar Ibrahim jusqu’à nos jours. Quand il s’est agi de l’organisation et des modalités de fonctionnement de l’Institut national de recherche en santé publique (Inrsp) et la composition des organes d’administration et de gestion du Conseil d’administration, Rokia Sanogo a fait exprès d’enlever le nom de la Cathéma.
Immédiatement, nous avons écrit au Ministre qui nous a répondu favorablement. Nous avons aussi écrit au Pr Akhory Ag Iknane, le directeur général de l’Inrsp. J’ai les copies de toutes les correspondances. Je vais bientôt rencontrer l’actuelle ministre de la Santé, Dr Fanta Siby, pour voir ce qui se passe. Rokia Sanogo a été la déception totale. Le comportement et la conduite de Rokia Sanogo à la tête du département de la médecine traditionnelle m’ont laissé perplexe et m’ont donné un désespoir total. Et je me suis dit que c’est fini pour le département de la médecine traditionnelle. D’abord, Rokia Sanogo ne peut pas faire l’affaire du département de la médecine traditionnelle parce qu’elle a une ONG avec son mari. Et nous avons fait la remarque, tous les ministres qui sont arrivés au département de la Santé ont fait l’erreur de nommer Rokia Sanogo comme cheffe du département de la médecine traditionnelle.
Que faudra-t-il faire maintenant pour sauver le département de la médecine traditionnelle ?
Les responsables du ministère de la Santé et du pays doivent s’assumer et prendre leur responsabilité. Sinon Rokia Sanogo a pris en otage le département de la médecine traditionnelle. C’était à Rokia Sanogo de redresser le faux de Drissa Diallo. Et si elle avait corrigé ce faux pas, les tradithérapeutes allaient travailler avec le département de la médecine traditionnelle. Quand le Pr Akhory Ag Iknane a été nommé directeur général de l’Inrsp, nous lui avons écrit. Et il s’est rendu compte qu’on est en train de le tromper par rapport à la médecine traditionnelle. Il faut qu’il soit vigilant. Et s’il ne fait pas attention, on continuera à le tromper. Ce qui ne sera pas bon pour lui. En son temps, le ministre de la Santé, Zoumana Magadji, m’avait mis à l’épreuve en me confiant de grands malades que j’ai pu soigner. Le ministre Oumar Ibrahim aussi m’avait confié des malades que j’ai pu traiter. Ce qui l’a convaincu. C’est ainsi que Zoumana Magadji a dit qu’il n’est pas bon de continuer à sortir de l’argent qui ne peut être justifié. Les gens de la Fémath ne savent pas pourquoi leur subvention a été arrêtée. Je n’accuserai jamais quelqu’un sans preuve. Le département de la médecine traditionnelle doit recenser et travailler avec tous les tradithérapeutes qui ont des produits valables et qui peuvent servir le pays. L’Etat a cette obligation d’aider les tradithérapeutes qui travaillent dont ceux de la Cathéma qui sont partout au Mali. Mais Rokia Sanogo en a décidé autrement en ne travaillant qu’avec la seule Fémath. Ce qui est une injustice.
La seule Fémath ne peut pas faire avancer la médecine traditionnelle au Mali parce qu’elle est en porte-à-faux avec les tradithérapeutes. Les gens de la Fémath qui suivent Rokia Traoré ont conscience qu’ils ne sont pas sur le bon chemin. C’est ce qui fait que les choses deviennent difficiles. Pour sauver le département de la médecine traditionnelle, il faut carrément balayer les gens qui ne travaillent pas pour faire avancer la médecine traditionnelle, particulièrement Rokia Sanogo qui a une ONG dont les recettes ne vont dans la caisse de l’Etat. A ce titre, elle ne peut être cheffe du département de la médecine traditionnelle. Rokia Sanogo a un défaut, elle n’accepte pas de travailler avec ceux qui la critiquent. Elle divise pour régner. Et elle est aidée dans cette tâche par des hommes tapis dans l’ombre. Tant que Rokia Sanogo reste à la tête du département de la médecine traditionnelle, la médecine traditionnelle qui a une très grande place dans le traitement des maladies, n’ira jamais de l’avant. Parce qu’elle traite seule, sans les tradithérapeutes. Au niveau du département, personne ne peut lever le petit doigt et dire qu’il est en train de travailler convenablement avec Rokia Sanogo.
« Depuis l’indépendance du Mali jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas
de médaillé au niveau de la médecine traditionnelle »
Pour que la médecine traditionnelle aille de l’avant, il faut quelqu’un à sa tête qui a une conscience professionnelle, de la probité, du courage et de l’intégrité intellectuelle ; qui peut innover et qui accepte les critiques. Ensuite, les vrais tradithérapeutes doivent se donner la main et travailler dans le développement de la médecine traditionnelle pour le bonheur des malades. Malheureusement, les vrais tradithérapeutes ne sont ni encouragés ni accompagnés. La preuve, depuis l’indépendance du Mali jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas de médaillé au niveau de la médecine traditionnelle. Aucun tradithérapeute n’a été décoré, contrairement aux autres pays parce qu’on ne met jamais les noms des tradithérapeutes sur leurs produits validés. Le département de la médecine traditionnelle ne fait que voler les tradithérapeutes en s’accaparant du titre de leurs productions, comme c’est le cas avec le Balembo qui vient d’un guérisseur. Au département de médecine traditionnelle, ils font du vol intellectuel. Cela n’encourage pas un tradithérapeute ou un chercheur dans sa recherche. Le département de médecine traditionnelle ne peut continuer à voler les guérisseurs en s’accaparant leurs recettes. C’est ce qui fait que les tradithérapeutes refusent de collaborer avec le Département. Ils ont enterré les documents de Dominique Traoré, de Sogolon Kanté, de Mohamed Ag Touré dont les documents étaient valables pour la médecine traditionnelle au niveau du Centre Ahmed Baba. Si l’Etat ne veut pas des tradithérapeutes, ces derniers doivent se donner la main et s’aider eux-mêmes. Si Rokia Sanogo traite les tradithérapeutes de charlatans, c’est parce qu’elle ne connaît pas le sens du mot charlatan. Et le jour où elle va faire une déclaration par écrit, je l’attaquerai devant la justice et elle va aller en prison parce qu’elle contredit les documents de l’Etat en matière de politique nationale de la médecine traditionnelle au Mali.
Même dans la médecine moderne, à laquelle elle adhère et qu’elle ne connaît pas, abrite des charlatans. Le fait de tâtonner pour examiner les patients n’est-il pas du charlatanisme ? Rokia Sanogo est pire qu’un charlatan. Elle doit faire attention car les gens parlent très mal d’elle. Quand elle était encore étudiante à l’école de médecine, les tradithérapeutes avaient fini avec le traitement du cancer de l’utérus. Et les gens que j’ai traités sont nombreux à Bamako. Donc, elle ne peut pas traiter les tradithérapeutes de charlatans. Le charlatanisme, les jets de cauris, font partie de la médecine traditionnelle. Tout le monde est charlatan. Mais Rokia Sanogo ne le sait pas. Il ne faut pas qu’elle continue d’ironiser sur les tradithérapeutes.
Rokia Sanogo est un cas qu’il faut extirper. J’ai 62 ans de médecine traditionnelle, je n’ai jamais fait de publicité sur mes produits. Ce sont mes anciens malades guéris qui font ma publicité de bouche à oreille. Et c’est le cas pour El Hadj Lassana Sidi Mouleïkafou (promoteur de l’Association pour la promotion des pharmacopées du Mali (Apropham) » Dagaba « . J’ai connu très tôt Mouleïkafou depuis qu’il était très jeune et toute sa famille. Il fréquentait mon laboratoire. J’ai travaillé avec feu Professeur Ogobara Doumbo dont le père était un guérisseur et Pr. Kader Traoré de Moussabléna qui ne sont pas des inconnus dans la médecine traditionnelle. Et nous avons travaillé sur beaucoup de plantes. Et Duflo, qui était un des professeurs de Rokia Sanogo, a utilisé certaines de nos recettes. Rokia Sanogo doit être honnête pour reconnaître les tradithérapeutes et travailler avec eux. Elle ne doit pas tomber aussi bas pour saboter le travail des tradithérapeutes. Si elle ne veut pas travailler avec les tradithérapeutes, elle doit quitter la tête du département de la médecine traditionnelle.
Que devient la Cathéma ?
Depuis la création de la Cathéma, ses tradithérapeutes ont volé de leurs propres ailes sans une aide de l’Etat. Mais tout ce que nous faisons, nous y associons l’Etat à travers le département de la médecine traditionnelle. A la Cathéma, nous avons pensé qu’il n’y a que des colons et non des Maliens au niveau du département de médecine traditionnelle parce que ceux qui sont là-bas agissent plus que le colon qui, même s’il exploitait ses travailleurs, aimait lesdits travailleurs et reconnaissait la valeur du travail bien fait. A la Cathéma, nous avons posé beaucoup d’actes dans la valorisation des plantes et la mise sur le marché des produits contre des maladies. Nous travaillons avec des médecins des hôpitaux du Mali. Nous sommes membres de la Somima, l’Ordre des médecins. Nous avons participé à leur séminaire au Cicb.
Au niveau des hôpitaux régionaux, nous avons des adhérents qui collaborent avec les médecins. J’ai travaillé avec le Professeur Kader Traoré, feu Ogobara Doumbo, feu Amadou Traoré, Alassane Djibrila de la Pédiatrie de l’hôpital du Mali, Dr. Kané et beaucoup d’autres médecins. Je suis généraliste. A ce titre, je travaille sur toutes les maladies sauf les maladies des yeux et des os.
Dans le cadre de l’humanitaire, nous avons fait des dons lors de la première rébellion. Présentement, je suis en train de préparer des produits contre les maladies des vieux de 50 à 90 ans : la prostatite, l’impuissance sexuelle, l’asthénie, etc. A ce titre, je travaille avec Dr Amadou Dolo, le gynécologue qui m’envoie souvent des malades après leur résultat de la consultation et de l’analyse. Personne n’a le monopole dans la médecine, aussi bien moderne que traditionnelle. Seulement, il s’agit d’être un bon exécutant dans la médecine. Pour la perspective, nous sommes en train de préparer la relève au niveau de la Cathéma. J’ai de jeunes professeurs et mes enfants qui ont fait la science et d’autres études et qui sont en train d’adhérer à la Cathéma. Tant qu’on ne prépare la relève, la mort peut venir à n’importe quel moment. Nous allons continuer à étudier les plantes. Mais la nature est en train d’être détruite et des plantes sont en voie de disparition. Donc, il faut reboiser pour lutter contre la sécheresse qui vient à grands pas afin d’arrêter la dégradation de la nature et apprendre à la jeunesse d’aimer la nature car l’homme ne finit pas d’exploiter la nature et il reste toujours un inconnu dans la nature.
Les autorités doivent s’intéresser à la médecine traditionnelle pour la valorisation des plantes. Pour cela, il faut assurer la formation, l’encadrement et l’équipement au niveau de la médecine moderne et traditionnelle. J’invite les tradithérapeutes au sérieux, à la collaboration avec des critiques constructives.
Réalisé par Siaka DOUMBIA