Que sont ils devenus Sadio Sacko : « Le Papillon » de l’équipe féminine de basket-ball du Stade malien

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Le sport en général et particulièrement le basket-ball a été un facteur d’éducation pour beaucoup de jeunes dames de l’après-indépendance. Leur passion pour la discipline les mettait à l’abri de comportements négatifs dans la rue. La pression des parents et la surveillance des encadreurs jusque dans les quartiers ont contribué à donner un sens à l’avenir et au devenir de ces jeunes. Notre héroïne de la semaine Sadio Sacko, ancienne internationale de basket-ball du Stade malien de Bamako, fait partie de cette catégorie. Elle réside en France depuis 1980. Victime de la fermeture des classes la même année, elle rejoint sa sœur dans l’Hexagone. Dès son arrivée, elle signe un contrat à Ania Nanterre et décroche la même année le titre de champion. Sa carrière va s’arrêter à ce niveau parce qu’elle a entrepris des études en comptabilité. C’est l’ancien international du Djoliba, Seyba Coulibaly qui nous a mis sur les traces de l’ancienne internationale du Stade malien de Bamako. Malgré l’âge, la jeune Sacko (rires) n’a rien perdu de sa beauté et de sa jovialité. Elle est notre héroïne de la semaine dans la rubrique « Que sont-ils devenus ? ». Comment elle a pris goût au basket-ball ? Quel parallèle entre l’ancienne et la nouvelle génération ? Quelle analyse fait-elle de certains échecs des Aigles dames, notamment celui enregistré lors du Championnat d’Afrique féminin organisé par le Mali en 2017 ?

Mère de quatre enfants, dont un garçon, ses deux premières filles jouent dans leurs universités respectives. L’unique jeunot, ancien pensionnaire des centres de formation de Bordeaux et du Paris Saint-Germain, a fini par tout abandonner pour se consacrer à ses études d’ingénierie. Pourquoi ses enfants ne jouent pas avec les différentes équipes nationales de basket-ball et de football ?

Sadio Sacko dit clairement que c’est un plaisir que ses enfants lui emboitent le pas, en portant le maillot national. Mais elle s’offusque du fait que le département des Sports et la Fédération malienne de basket-ball ne s’intéressent pas aux anciens sportifs vivant à l’extérieur.

Ceux-ci peuvent non seulement nouer des partenariats gagnants pour le Mali, ensuite faciliter le contact avec leurs enfants afin qu’ils intègrent l’équipe nationale.

 Elle soutient n’avoir jamais rompu ni avec le pays, ni avec la discipline, ajoutant qu’elle a toujours profité de ses vacances à Bamako pour rencontrer les joueurs de sa génération.

Mieux, elle est en contact permanent avec Aïssata Guinto et Sali Dembélé (deux anciennes co équipières du Stade malien de Bamako) qui s’occupent de sa mère en son absence. Bref, Sadio Sacko souhaite que les anciens sportifs vivant à l’extérieur soient considérés pour plusieurs raisons. S’il s’agit de faire une comparaison entre deux générations, elle est catégorique que c’est des contextes diamétralement opposés. C’est-à-dire le talent dépourvu de toute motivation financière, au service de la nation, et une génération actuelle dans les meilleures conditions de vie, pour de bons résultats.

Elle se souvient encore de match de Coupe du Mali contre l’AS Réal où elle a brillé de mille feux. A la fin de la rencontre, en plus d’être portée en triomphe, des supporters lui ont donné de l’argent qu’elle a remis à sa grand-mère parce qu’elle n’était pas habituée à cette pratique. Sadio est quand même fière que leurs filles aient réussi là où leurs mères  ont eu des difficultés pour s’affirmer au sommet du basket-ball africain.Elle pense que c’est le revers de la médaille. S’intéresse-t-elle de très près aux actualités du basket-ball malien ? Elle répond par l’affirmative tout en soutenant n’avoir connu et pratiqué que cette discipline, qui lui a donné la sociabilité dans la vie, le sens du partage et le respect de l’individu.

Polyvalence

Sur certains échecs des Aigles dames, Sadio ne s’aventure pas dans ce bateau avec des commentaires compromettants. Seulement elle explique que des techniciens sont recrutés pour faire de telles analyses, à la lumière desquelles des solutions meilleures jailliront.

Sadio Sacko était polyvalente, parfois l’entraîneur lui confiait le rôle de meneuse. Elle était également experte des shoots à trois points. Très rapide dans les contre-attaques et les interceptions, les supporters l’ont surnommée « Le Papillon ». C’est en compagnie de ses sœurs Kangué, Fatoumata, Djorobo Sacko que Sadio a commencé le basketball dans l’équipe minime du Stade malien de Bamako, lors de la saison 1974-1975.

Après une phase d’apprentissage bien chargée, avec des séances d’entraînement réguliers, et un suivi rigoureux des encadreurs, la jeune Sacko a impressionné l’entraîneur de l’équipe A. Il l’intégra malgré son jeune âge et son inexpérience au milieu des Aïssata Guinto, Sali Dembélé, Fanta Sy, Fatou Sall.

Au début c’est une novice noyée dans un système de jeunes talents qui courait derrière le ballon. Certes elle avait des qualités techniques, mais comment s’adapter au rythme de jeu, et surtout à la complicité du duo Sali-Guinto ? Sadio s’est armée d’un courage indien et appliquera à la lettre les consignes de l’entraîneur.

Au bout de quelques semaines de ballotage, elle parvint à saisir au rebond les balles que ses aînées lui offraient. Cependant, un détail a failli entraver sa carrière : la pression de son père qui s’opposait au libertinage de ses filles dans les rues, fut-il la pratique du basket-ball. Il a fallu l’intervention d’Alioune Badra Diouf, un dirigeant des Blancs de Bamako, pour qu’elle continue le basket-ball.

Devenue titulaire au Stade malien, Sadio est sélectionnée pour la Biennale de 1979. Elle s’est également taillée une place en équipe nationale et participera à plusieurs compétitions jusqu’à son départ pour la France.

Sa première sélection en équipe nationale, le tournoi de la Zone II, l’ambiance dans la famille stadiste, la Biennale sont ses bons souvenirs. Aujourd’hui, Sadio garde dans un petit coin de son cœur comme mauvais souvenir sa retraite anticipée.

Dans la vie elle aime sa famille, le sport, l’entraide. Elle déteste l’injustice et l’égoïsme. Très active dans la vie associative, elle est présidente de l’ONG Sahel Vert, dont le but est de venir en aide aux orphelins.

O. Roger Tél : (00223) 63 88 24 23

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