« Ecole de Slam » de Jeuness’Art : la 4e édition dépeint la politique malienne

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L’association Jeuness’Art a procédé le samedi 15 novembre dernier à la restitution de la 4e édition de son « École de Slam ». Dans la salle de spectacles de l’Institut Français de Bamako qui a refusé du monde, les mots tenaient les rênes promenant  les spectateurs dans la « democracrise », l’antre sombre de la scène politique malienne d’hier et d’aujourd’hui.      

Depuis 2017, l’Association  culturelle, Jeuness’Art organise chaque année l’«Ecole de Slam », une école occasionnelle qui se tient pendant les vacances. Durant cette formation, les participants sont formés en Slam, en techniques d’écriture et en déclamation poétique entre autres avec à la clé un spectacle consacrant la restitution de ladite formation. L’Edition 2020 financée par la coopération Suisse à travers son programme « Star » piloté par le complexe Blonba, a tenu en haleine le charmant public venu l’assister le samedi 15 novembre dernier à l’Institut Français de Bamako.       

L’Ecole de Slam, à en croire les initiateurs est une initiative qui entend inciter à une prise de conscience des élèves et étudiants maliens et africains à travers les activités ludiques via l’écriture, la lecture et autres expressions artistiques et culturelles comme le slam. « Au début, nous voulions seulement faire des slameurs. Mais que vaut un slameur sans conscience citoyenne ? Que vaut un Slameur sans véritable connaissance des droits humains ? De la lutte contre la corruption ? Des violences basées sur le genre ? De la culture générale du monde ? Il est tout simplement un être qui possède une seule réponse à mille questions » reconnait Aboubacar Camara,  président de Jeunness’Art.

Avec comme thème « Democracrise », cette année, les 30 jeunes formés ont, à travers les mots, dépeint les tares de la classe politique malienne d’hier et d’aujourd’hui en trempant leur plume dans l’encre de la corruption, de la mauvaise gouvernance, de l’incompétence des gouvernants, l’incohérence idéologique des gouvernés, le manque de repères de la jeunesse  malienne et surtout l’immixtion du religieux dans la politique. «Nous l’avons dénommé « Démocracrise » en référence à la dernière crise socio-politique qui a ébranlé le Mali. Cette référence a été faite du fait que la formation ait coïncidée avec la crise » précise Sory Diakité alias Saccharose Agreable, membre de Jeuness’Art et chargé de cours d’écriture de l’Ecole de Slam.       

Le spectacle « Democracrise » est riche et varié. Il est le témoignage d’une jeunesse malienne imprégnée et consciente de la situation politique du pays. Une jeunesse avertie, pleine de discernement et soucieuse de l’avenir politique de son pays. Aliant humour et slam, ces jeunes ont dressé un tableau sombre des politiques partisanes au Mali mettant en scène deux camps opposés à savoir les pros IBK et anti-IBK (l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéita renversé par le coup d’Etat du 18 aout dernier,  NDLR), le tout dans une succession de scènes impressionnantes les unes et que les autres.

« Nous avons appris l’Art en général, nous avons appris la citoyenneté, la rigueur, la discipline, la ponctualité, la réflexion par nous-mêmes, la lutte contre la corruption, la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) et surtout la solidarité entre 30 personnes de bords, d’âge, de croyances, d’ethnies différents, venues de tous les angles de Bamako sinon du Mali pour converger vers un seul point : l’apprentissage » a fait savoir Sohoye Touré, la déléguée des élèves de l’école de slam.

Quant au directeur de cette 4e édition de l’Ecole de Slam, Amadou Baba Sissoko alias H, il n’a pu cacher son satisfecit : « le bilan est très satisfaisant. Nous sommes très honorés et fiers du bilan de l’édition 2020 malgré la situation sanitaire difficile. Nous sommes heureux de voir le nombre de slameurs de qualité augmenter et surtout des slameurs citoyens », car, à l’en croire, « la citoyenneté est la notion de base dans l’apprentissage à l’Ecole du slam».

Même son de cloche chez le représentant du programme Star de la coopération Suisse, Sidy Soumaoro alias Ramess Damarifa: « Nous sommes très contents de faire partie de cette aventure en contribuant à sa réalisation. Je dis bravo à l’équipe de Jeuness’Art pour le travail abattu».

Vivement la prochaine édition !

Youssouf Koné

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