SCANDALE DANS LE TRAITEMENT DU COVID-19 AU MALI : La Ppm fournit de faux médicaments

478

De la Chloroquine déclarée mais qui en en réalité du Métronidazole 100% ! Voilà le médicament que la Pharmacie populaire du Mali (Ppm) est allée acheter au marché noir pour le livrer aux centres de traitement du Covid-19. C’est donc le tollé général au niveau du Ministère de la Santé saisi par les responsables desdits centres de traitement. Après analyse de cette prétendue chloroquine comme indiqué sur les étiquettes des centaines de boîtes de 1000 comprimés livrés par la Ppm, le Laboratoire national de santé confirme la fausseté du médicament. D’ores et déjà, l’Oms en est alertée et le président de la République réclame des comptes.

Le Ministère de la Santé et des Affaires sociales confirme l’alerte que nous avions sonnée dans notre édition du vendredi 03 avril 2020, pour attirer l’attention des autorités sur la livraison par la Pharmacie populaire du Mali de médicaments de qualité douteuse acquis sur le marché noir.

En effet, à travers un communiqué du 09 avril 2020 signé par le secrétaire général du Ministère de la Santé, Dr Mama Coumaré, le Département de Michel Sidibé « informe l’opinion publique nationale et internationale de la présence sur le marché d’un produit pharmaceutique sur le marché assimilé à de la Chloroquine, sous l’appellation Chloroquine Phosphate BP.100 mg ».

Le communiqué de préciser : « Vendu comme un remède supposé à la maladie à coronavirus, ledit produit soumis au contrôle du Laboratoire national de la santé, ne répond à aucune norme pharmaceutique ». Avant de continuer ainsi : « En conséquence le Ministère interdit formellement la commercialisation et déconseille la consommation dudit produit. Le ministère de la Santé et des Affaires sociales invite les importateurs, les officines de pharmacie et les prescripteurs à lutter contre les faux médicaments dans le pays ».

Mais c’est d’autant plus grave que la livraison de ces faux médicaments aux centres de traitement provient de la Pharmacie populaire du Mali qui ne pouvait même pas disposer dans ses stocks de la vraie Chloroquine pour pouvoir la fournir aux structures de santé, dans la mesure où la Chloroquine est retirée de l’arsenal thérapeutique du Mali depuis quatorze (14) ans, comme l’atteste la lettre-circulaire N° 1774-SG du 16 décembre 2006 que le ministre de la Santé de l’époque, Mme Maïga Zeïnab Mint Youba, avait envoyé à toutes les structures sanitaires et pharmaceutiques du Mali pour les informer du retrait de la chloroquine au Mali à partir du 1er janvier 2007.

Ce n’est pas un hasard, si la Présidente directrice générale de la Pharmacie populaire du Mali (à l’époque Mme Yatassaye Aïcha Guindo) est en tête des destinataires ciblés par ladite lettre-circulaire.

Le Pdg de la Ppm viole la loi

C’est donc en violation flagrante des dispositions légales sur les médicaments que l’actuel Président-directeur général de la Ppm, Mamady Sissoko, a pris l’initiative de livrer de la Chloroquine aux centres de traitement. Le produit étant retiré de l’arsenal thérapeutique du Mali, la Ppm ne pouvait donc en disposer dans ses stocks de bons produits, encore moins à partir des quantités énormes qui sont restées dans ses entrepôts depuis des années et doivent être détruites parce que périmées.

C’est tout naturellement que le Pdg de la Pharmacie populaire du Mali s’est retourné vers le marché noir de médicaments pour s’y approvisionner et effectuer la livraison de plusieurs centaines de boîtes de 1000 comprimés aux centres de traitement engagés dans la lutte contre le Covid-19. Les autorités apprécieront l’opportunité d’une telle démarche qui n’a conduit qu’à une catastrophe, puisqu’en dehors de cette violation de la loi, il y a eu une grande confusion sur la nature de la chloroquine utilisée dans le traitement du Covid-19.

En effet, comme nous le signalions dans notre édition du vendredi 03 avril dernier, pour quelques boîtes de phosphate de Chloroquine données au Point G, il a pris une semaine, pour finalement aller en acheter chez des spéculateurs avec des molécules de qualité douteuse car ne sachant pas de quoi il s’agit. Alors que le traitement de la Chloroquine indiqué est l’hydroxyde Chloroquine et non le phosphate de Chloroquine qu’il a acheté chez les spéculateurs de la place pour sauver sa place. Mais l’a-t-il vraiment sauvée avec le tollé qu’il a provoqué au point de soulever la colère des plus hautes autorités du pays ? Notons que le traitement vanté pour le moment, c’est l’hydroxyde de Chloroquine + Azithromycine selon les gens de Marseille (L’équipe du Pr Raoult), le gouvernement français, lui, a opté pour l’hydroxyde Chloroquine + Lopinavir et Ritonavir. Mais pour connaître tout cela afin de justifier de son aptitude à diriger une structure aussi stratégique que la Pharmacie populaire du Mali, il faut être un médecin ou un pharmacien et non un attaché de recherche en économie, même spécialisé en macroéconomie.

Le Président IBK n’hésitera pas à sévir

En tout cas, dans les milieux médicaux où on juge très grave l’acte posé par la Ppm, la réaction du Gouvernement est scrutée parce qu’il est temps, au Mali, que les fautifs soient sanctionnés à la hauteur de la gravité de leurs actes.

Nous pensons bien que, pour cette fois, le Président IBK n’hésitera pas à sévir contre ceux qui ont osé tenter de saborder le travail impeccable que lui et la Commission nationale mise sur pied sont en train d’abattre dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Comme l’a si bien dit un Pharmacien : « Reconnaissance et félicitation au Laboratoire nationale de la santé ; félicitation et reconnaissance à l’Inspection de la santé ; félicitation à Monsieur le ministre de la Santé et des Affaires sociales. Ne mettons pas tout au compte du régime de IBK, les cadres maliens doivent assumer leurs responsabilités… La Pharmacie populaire du Mali (Ppm) est l’épine dorsale de l’approvisionnement en médicament essentiels en première intention du secteur public. Comment va-t-elle acheter du faux médicament et le livrer à des structures de traitement (soins) de la maladie Covid- 19 ? Du faux médicament ! »  Ce que la Pharmacie populaire du Mali a osé faire est plein de conséquences médicales que les spécialistes sont en train de contenir. Depuis la découverte de cette affaire, le ministre de la Santé et des Affaires sociales est sur le qui-vive, toujours en train de demander aux praticiens les derniers développements, tandis que le président de la République, qui a demandé des comptes, est en train de suivre la situation de très près.

Du Métronidazole (100%) en lieu et place de la Chloroquine phosphate

Il nous revient d’ailleurs que le DG du Laboratoire national de santé, le Pr Benoît Y. Koumaré dont il faut saluer la diligence et la vigilance, demande à tous les pharmaciens de s’abstenir d’utiliser (pour ceux qui l’auraient déjà en stock) ce médicament contenant le Métronidazole (100%) en lieu et place de la Chloroquine phosphate comme mentionné sur l’étiquette.

 On sait que du côté des pharmaciens le problème ne devait pas se poser puisque le produit ne devait pas figurer dans leur stock car désormais retiré de la vente au Mali. Mais là aussi, la panique généralisée qui a accompagné la déclaration de la pandémie a trouvé refuge dans une forte demande de Chloroquine dont le mérite vanté par le Pr Didier Raoult a amené les populations maliennes à en consommer en automédication, sans prendre conscience des conséquences de leurs actes.

Dans des officines de pharmacie, les plaquettes de nivaquine qui coûtaient jadis 100 Fcfa ont été vendues jusqu’à 1000 Fcfa et les vendeurs ambulants de médicaments de la rue se frottaient les mains pour avoir réalisé un bon business avec l’écoulement de produits douteux présentés comme de la chloroquine et vendus à prix d’or. Quel désastre pour la santé des populations !

Nous apprenons, de nos investigations, que la Chloroquine phosphate analysée par le Laboratoire national de santé, se trouve être dans le même lot fourni par la Ppm, notamment le lot KS6222, MFD : 04/2019, devant expirer le 03/2022 (voir photo). Il se trouve être du Métronidazole et la boite serait cédée à 100 000 Fcfa au marché noir.

La situation épidémiologique actuelle ayant installé une psychose, ces produits sont vendus partout. Affaire à suivre !

                 Amadou Bamba NIANG

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désabonner si vous le souhaitez. Accepter Lire la suite