Gaoussou Traoré, ancien journaliste reporter au quotidien national L’Essor, est le fruit de la 10e promotion (1979-1982) du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), laquelle est sortie quand le Mali s’apprêtait à lancer sa télévision un 22 septembre 1983. Un bon alibi pour les autorités d’alors de demander dès le départ que la formation des étudiants maliens au Cesti soit axée sur la radio et la télé. Une façon de guider les premiers pas du futur bébé. Mais Gaoussou et d’autres ont estimé que le choix personnel ne se discute pas. Ils optèrent pour la presse écrite. La raison est toute simple : la présence du jeune Gaoussou dans cette école de journalisme n’était pas un fait du hasard. Mais plutôt la réalisation d’un vœu qui naquit en lui depuis l’adolescence. Il a aimé le journalisme depuis l’école fondamentale parce qu’il lisait les journaux de son frère aîné. Les week-ends, la retransmission à la radio des matches commentés par Salif Diarra ne pouvait qu’amplifier son amour pour le métier de journaliste. Gaoussou dévoila sa prétention à son grand frère. Celui-ci lui conseilla de passer d’abord le DEF, un examen qu’il réussit en juin 1973. Comment se déroula le reste de son cursus universitaire ? Quel fut son parcours ? Passionné du sport et plus particulièrement le football, quelle est sa vision sur les aspects techniques liés à l’élimination prématurée des Aigles du Mali à la Can-2021 ? Son appréciation du sacre des Lions de la Teranga à cette Can ? Membre de la Maison de presse, il a été président du comité provisoire chargé de gérer la crise de l’organisation faitière de la presse malienne et de la mise en place d’un bureau consensuel entre novembre 2006 et mars 2007. Cette élection avait vu l’élection du regretté Makan Koné. La rubrique « Que sont-ils devenus ? » a rencontré cet éminent journaliste, à l’ACI-2000 où il occupe les fonctions de chargé de mission à la Haute autorité de la communication (Hac).
aoussou Traoré est l’un de nos ainés qui a travaillé en sa qualité de journaliste reporter sous divers régimes politiques différents : la dictature du président Moussa Traoré et l’ère démocratique de l’après 26 mars 1991. Comment il a vécu ces deux périodes ? Quel était le secret du quotidien national face à la prolifération des journaux privés ? « Nous avons été recruté comme journaliste-reporter quelques années après la création de l’UDPM, dont les dirigeants mettaient tout en œuvre pour inculquer l’amour du parti dans le cœur des cadres du pays. Très jeune sorti du Cesti avec des idéaux libéraux, le travail n’était pas facile pour nous. Les libertés étaient restreintes. En un mot, le traitement de l’information était cadré. Cela ne devait pas être un facteur de découragement parce que j’avais foi au changement. Effectivement ce moment est arrivé en 1991 avec son lot de journaux privés, comme vous l’avez évoqué. Le secret du quotidien national contenait deux aspects : la qualité de l’information, la diversification de ses sources d’information ».
Son vif sentiment pour le sport, singulièrement le football lui permet d’avoir une analyse affinée de la dernière Can jouée au Cameroun. Pour toute explication à l’élimination des Aigles du Mali, Gaoussou estime que l’équipe malienne a été surévaluée au départ, ajoutant qu’elle manque de buteur attitré capable de prendre ses responsabilités dans les moments cruciaux du match. Il a surtout désapprécié l’inertie des joueurs maliens et de l’encadrement technique, face au penalty que l’arbitre gambien n’a pas sifflé lors du match de 8es de finale contre la Guinée équatoriale.
Selon lui le sacre du Sénégal est la récompense du mérite parce que depuis quelques années, les Lions de la Teranga sont dans une posture de victoire finale. L’entraineur Aliou Cissé a eu la chance d’avoir une équipe soudée.
Nous sommes convaincus que le doyen évitait de transgresser les civilités dans ses propos. Mais ce qui est évident le coach Mohamed Magassouba a échoué alors qu’il se croit être centre de la connaissance du football. Les causes de l’échec des Aigles sont connues. A la Fédération de prendre ses responsabilités ! Mais enfin parlons du cursus universitaire de notre héros du jour !
Après avoir été admis au baccalauréat (série philo-langues), son orientation à l’EN Sup le prédestinait à l’enseignement. Contre sa volonté. A tel point que la problématique de l’abandon de son ambition de journaliste s’est logiquement posée ? Non, répond-il. Seulement, il fallait accepter d’étudier pour avoir un diplôme qui pourrait ouvrir les portes du métier dont il rêve. A cœur vaillant, rien d’impossible dit-on. L’opportunité tant attendue va se présenter.
Gaoussou Traoré passe avec brio el concours d’entrée au Cesti en 1979. Il faisait déjà la troisième année à l’EN Sup. Muni de son diplôme supérieur de journalisme, il est intégré directement dans la fonction publique et affecté au quotidien national L’Essor. Il n’a connu que ce service par amour du métier. C’est ce sentiment intense et agréable pour le journalisme qui explique d’ailleurs son refus d’occuper les postes de chargé de mission dans les cabinets ministériels parce qu’il évite d’être un cadre formaté. C’est-à-dire il n’aura pas de décision à prendre, exécutera forcément des ordres.
Journaliste-reporter, il était chargé de la couverture des événements au plan national et international. Il animait aussi la rubrique « Chronique de l’étranger », qui consacrait l’analyse de l’actualité à travers le monde. La restructuration de l’Amap conduit à la création de quatre directions techniques, dont l’Agence de presse. Nommé chef du desk région, Gaoussou Traoré avait pour mission de recueillir de façon quotidienne les articles envoyés par les correspondants régionaux et locaux, pour assurer l’animation du bulletin hebdomadaire de l’Agence et du quotidien national L’Essor.
Un seul couac
Journaliste méthodique, engagé pour la recherche de l’information, et toujours animé du sentiment du travail bien fait, il change de desk, pour diriger celui de « Nation-Environnement ». Parce que le concept de l’assainissement prenait de l’ampleur. Pour avoir réussi ce pari, il monte de grade en 1991 avec sa nomination comme chef de division rédaction à l’Agence de presse. Sa mission à ce poste consistait à diriger, répartir les tâches à l’équipe de journalistes à la rédaction, et surtout contrôler le travail des correspondants de presse de l’Agence. De 1996 à 2013, il est propulsé à la tête de l’Agence comme directeur pour coordonner toutes les activités liées à son fonctionnement et à l’envoi des nouvelles à l’Agence panafricaine d’information, basée à Dakar.
Gaoussou Traoré a fait valoir ses droits à la retraite en 2016, après avoir été directeur général adjoint de l’Amap (2013-2016), et directeur général par intérim pendant six mois (janvier-juin 2016). Une riche carrière entretenue et soutenue par des stages de formation en France, au Canada, au Cameroun et à Bamako. D’autres expériences sous la forme de présidents, de membre de conseil d’administration, et de réseaux de journalistes, et enfin les statuts de correspondant d’organes de presse internationaux ont caractérisé son parcours.
Jusqu’à sa nomination à la Hac en 2019, il faisait de la consultation.
Lequel parcours n’a connu que de bons souvenirs, bâtis sur la bonne collaboration dans la rédaction, le comportement responsable de son aîné Gaoussou Drabo, à qui il tient à rendre un vibrant dommage, pour son sens élevé du professionnalisme. Le seul mauvais souvenir que notre héros relève de cette calomnie dont il a été victime. Laquelle ? « L’extrait du livre ATT-cratie a été publié avec le numéro du fax de mon bureau. Cela a créé une polémique, qui s’est matérialisé par l’interpellation de la présidence. Comment un tel document sur le président pouvait être faxé à partir d’un bureau de l’Amap ? Quand le scandale a éclaté, j’étais absent. J’avoue que Souleymane Drabo m’a soutenu sur la base d’une logique. Il a dit que cela est impossible. Il a fallu recourir aux services techniques de la Sotelma. Ceux-ci ont conclu à un truquage. Voilà comment j’ai été sauvé. Malgré tout le fait m’a choqué, parce que je pense aux conséquences qui pouvaient en découler, si… »
Gaoussou Traoré est marié et père de six enfants. Dans la vie il aime la lecture, la vérité, la sincérité dans les rapports. Il déteste seulement l’hypocrisie. O.Roger