…Mme Coulibaly Aminata Diombélé dite Amint, patronne de l’entreprise « Mérits of Manitoba » au Canada : “J’ambitionne de venir à Bamako pour présenter mon Prix du Choix du Consommateur 2019 à Mme Kéïta Aminata Maïga”
Lauréate du Prestigieux “Prix du Choix du Consommateur 2019” avec son entreprise “Merits Of Manitoba” au Canada, notre compatriote Mme Coulibaly Aminata Diombélé, plus connue sous le nom de Aminta, nous a accordé une interview exclusive au cours de laquelle elle évoque plusieurs sujets. D’ores et déjà, elle dédie cette distinction à la Première Dame du Mali, Mme Kéïta Aminata Maïga, pour son combat afin de promouvoir l’émancipation de la femme malienne.
Aujourd’hui-Mali :Qui est Mme Coulibaly Aminata Diombélé dite Aminta?
Coulibaly Aminta Diombélé :Alhamdulillah! Je rends grâce à Dieu. Aminta Diombélé est la fille de feu Elhadj Moustapha Diombélé et de feue Fatoumata Dicko dite Aya. Je suis originaire de Mopti et réside au Canada depuis l’an 2000 avec ma famille. Je suis fiscaliste, comptable, et parajuriste de formation. Je suis animée par une grande passion pour le domaine juridique. Je travaille dans ce domaine depuis plus d’une décennie. J’ai notamment travaillé dans les provinces canadiennes de l’Ontario et du Manitoba.
Pouvez-vous nous parler de votre entreprise, Merits of Manitoba?
Merits of Manitoba signifie littéralement “Les Mérites du Manitoba”. Ici, le mot “mérite” est utilisé dans le sens de “point d’aptitude” en relation avec le dossier de conduite. Permettez-moi de vous expliquer brièvement comment le code de la route est appliqué au Canada.
Au Canada, le respect du code de la route et des autorités est strict. Une contravention routière (obtenue par exemple pour avoir utilisé son téléphone cellulaire pendant qu’on conduit ou pour excès de vitesse) peut avoir des conséquences sérieuses si la personne est reconnue coupable. La pénalité peut aller de la suspension du permis de conduire doublée d’une forte amende, à l’augmentation de l’assurance du véhicule, et même à une perte d’emploi.
Au Canada, chaque conducteur a un dossier de conduite et a tout intérêt à le maintenir aussi bon que possible. Le permis de conduire est un privilège, pas une obligation et en cas de violation des conditions de son obtention, il pourrait être retiré définitivement.
Merits of Manitoba s’assure, entre autres choses, que les autorités canadiennes donneuses de contraventions respectent la loi et les droits des usagers de la route. En cas de violation de la loi par une autorité émettrice de contraventions, Merits intervient pour défendre les droits des usagers devant la justice. Merits conseille, guide, informe et forme les conducteurs qui sont en porte à faux avec le système judiciaire.
L’objectif ultime de Merits est d’améliorer la sécurité routière, notamment en réduisant le taux d’accidents de la circulation et en améliorant les habitudes de conduite des usagers de la route.
Merits of Manitoba défend les conducteurs un peu partout au Canada, aux États-Unis d’Amérique, et ailleurs à travers le monde. Son but est de s’assurer que le code de la route est minutieusement respecté par tous.
Une Africaine et cheffe d’entreprise au Canada. Comment vivez-vous cette charge au quotidien?
J’avoue que ce n’est pas du tout facile car j’affronte deux sortes de défis au quotidien. Le premier, c’est que certains de mes clients Canadiens Blancs ont de la difficulté à comprendre qu’une immigrante puisse efficacement défendre leur cause devant la justice.
Le deuxième défi, c’est au niveau de ma clientèle immigrante qui semble penser qu’une des leurs pourrait difficilement les aider à face aux Blancs. Alors que j’en suis convaincue, je suis la mieux placée pour comprendre leurs problèmes souvent spécifiques aux immigrants et, de ce fait, les représenter valablement. Donc, je dois constamment prouver ma compétence. Il me fait de la peine de le mentionner, mais je dois avouer que le racisme est aussi une barrière à laquelle je fais face de façon quotidienne dans le cadre de mon travail. Cela est inacceptable au 21ème siècle…
Votre entreprise vient d’être distinguée en remportant le prestigieux “Prix du choix du consommateur 2019”. Que vous inspire cette distinction ?
Tout d’abord, cela me donne la satisfaction du travail bien accompli. Je ressens également un sentiment de reconnaissance vis-à-vis de la clientèle de Merits car c’est bien elle qui m’a désignée en votant massivement pour moi. Enfin, cette distinction m’inspire un sentiment de fierté car elle démontre que les Africaines peuvent réussir dans l’entreprenariat au même titre que leurs homologues Blanches.
À qui dédiez-vous cette distinction?
Comme vous l’avez si bien mentionné dans votre parution du 2 février 2019, je dédie ce trophée à toutes mes braves compatriotes qui travaillent d’arrache-pied chaque jour pour réussir, contribuant ainsi à l’édification d’un Mali fort et prospère. Je dédie ce trophée à la Première Dame, Mme Kéïta Aminata Maïga, qui ne ménage aucun effort pour promouvoir l’émancipation de la femme malienne. J’ambitionne de faire un déplacement sur Bamako prochainement pour présenter ce trophée à cette brave dame.
Quel est l’impact de ce prix sur les activités quotidiennes de votre entreprise ?
J’ai constaté plus de sollicitations à plusieurs niveaux. En effet, Merits reçoit aujourd’hui plus de demandes de service des compagnies de transport routier, des communautés culturelles présentes au Manitoba, et de la clientèle résidant ailleurs au Canada et aux États-Unis.
Au-delà de cette distinction, avez-vous d’autres ambitions ?
Avant tout, j’aimerais préciser que les lois et réalités sociales étant différentes d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, il est important de comprendre qu’il n’est pas possible de transposer directement les expériences acquises dans ce domaine du Canada au Mali. Mon ambition serait par conséquent de contribuer au développement de mon pays d’origine, le Mali, en participant à l’instauration d’une culture de respect de l’autorité publique, de la loi, et par là-même du code de la circulation routière. Je serais notamment très heureuse de pouvoir contribuer à l’édification d’un Mali fort et prospère en participant de façon déterminante à une éventuelle campagne nationale visant à inculquer à nos concitoyens la nécessité de prendre des mesures, des actions concrètes afin de réduire les taux d’accidents de la circulation et, ce faisant, de contribuer à l’amélioration de la santé et du bien-être des populations. Il est important à ce sujet de se rappeler que les accidents de la route affectent souvent les jeunes, eux qui sont les bras valides représentant le présent et le futur de ce pays.
Comment voyez-vous la circulation routière lors de vos passages à Bamako?
Le désordre total…! 99% des Maliens ne portent pas la ceinture de sécurité lorsqu’ils sont au volant d’une voiture. Qu’en dire alors des passagers…? Pourtant, pour des raisons évidentes, le port de la ceinture de sécurité doit être obligatoire pour tous, conducteurs comme passagers.
Autre chose, les téléphones portables (ou cellulaires). Il est regrettable de constater que beaucoup de nos jeunes conduisent aujourd’hui en utilisant leur téléphone cellulaire, y compris en faisant des selfies et des vidéos. Ceci est un comportement inconcevable. Je pourrais en dire davantage mais je préfère m’arrêter là…
Quel message avez-vous à l’endroit des Maliens de l’extérieur ?
Je conseille fortement aux Maliens de l’extérieur de toujours se renseigner sur les lois et règlements de leur pays d’accueil afin d’éviter de se retrouver dans des situations difficiles. Dans mon travail, je vois beaucoup d’immigrants qui se retrouvent dans des situations compromettantes, mais facilement évitables s’ils s’étaient informés à temps. La phrase qui revient souvent est “Je ne savais pas… “mais malheureusement lorsqu’on prononce cette phrase, c’est qu’il est déjà trop tard…
Par ailleurs, je demande à mes compatriotes Maliens de ne pas oublier notre culture d’origine et surtout de garder à l’esprit que l’on ne doit pas tout embrasser dans la culture du pays d’accueil.
Il est important de garder à l’esprit que, dans toute culture, il y a des choses positives et des choses à ne pas prendre. Il est aussi très important d’accorder une attention particulière à l’éducation de nos enfants, notamment en leur apprenant, contrairement à l’impression souvent donnée par les médias occidentaux, que l’Afrique n’est ni synonyme de pauvreté ni de malédiction.
Et aux femmes entrepreneures ?
Je dis bravo et surtout courage à toutes les Maliennes qui ont osé fonder et surtout gérer au quotidien leur propre entreprise car, j’en sais quelque chose, ce n’est pas facile… Mon conseil : si des gens essaient de leur mettre des bâtons dans les roues, eh bien, qu’elles utilisent ces bâtons pour en faire une échelle qui les propulsera au sommet ! L’expérience ne s’achète pas, elle se vit.
Envisagez-vous de rentrer au Mali ?
C’est mon rêve le plus cher! Ceci est dans mes prières de tous les jours. Qu’Allah le Tout Puissant me le facilite, à moi et à ma famille, dans les meilleures conditions qui soient! Amen! Je fais la même bénédiction à tous les Maliens de l’extérieur qui désirent rentrer un jour au pays.
Mot de la fin…?
Je vous remercie M. Alou Badara Haïdara et toute votre équipe pour avoir bien voulu m’accorder cette interview et pour l’article qu’ils ont consacré à Merits of Manitoba dans leur parution du 2 février 2019. J’aimerais par la suite attirer l’attention des autorités de notre pays sur l’énorme potentiel dont dispose la diaspora malienne, et ce, dans tous les domaines d’activité. Je prie Allah afin que la paix revienne au Mali. Je salue tous ceux qui me reconnaîtront à travers cette page.
Enfin, je ne peux oublier ma famille sans laquelle rien de tout cela n’aurait été possible. Je dis un grand merci à mon mari, le Dr Housseïni Coulibaly, et à mes deux anges, mes filles Anna et Aya.
Propos recueillis par
El Hadj A.B. HAÏDARA