PACTE-MALI : Des artistes revisitent la constitution malienne

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La galerie Medina a procédé, le 3 avril dernier, au vernissage de l’exposition des œuvres issues de son projet  » Pacte-Mali « . Une vingtaine d’artistes, toutes catégories confondues, se sont exprimés sur les problématiques auxquelles le Mali est confronté aujourd’hui et se projettent vers le Mali auquel ils aspirent, à travers un regard sur le passé et les valeurs sociétales et citoyennes maliennes. 

Le projet « Pacte-Mali » est une initiative citoyenne autour de l’art et de la culture aspirant à adapter la constitution aux valeurs culturelles et sociétales afin de sensibiliser la nouvelle génération. Mais le projet «Pacte-Mali» propose aussi « …de faire  un mariage et un maillage intelligents entre la citoyenneté et les valeurs culturelles du Mali avec les acteurs de la société civile et créative… « . Comme le disait Lassana Igo Diarra, directeur de la Galerie Medina et non moins initiateur du projet, il y a environ un mois, lors du lancement du projet.

Le résultat d’un mois de rencontres et d’échange avec des érudits, des chercheurs et penseurs, mais aussi d’immersions dans différentes localités du pays et un atelier de création est là, bien parlant, parlant aux Maliens. Les œuvres créées par la vingtaine de jeunes artistes sont exposées à la Galerie Madina pour un mois. Des œuvres inspirées des réalités du Mali, de la constituion malienne et de nos valeurs culturelles. Des œuvres exprimant également l’aspiration des artistes pour le Mali.

Diallo Mamary, artiste sculpteur pour qui « l’atelier de pacte a été une bonne inspiration », a sculpté une pierre. L’œuvre, représentant un visage d’homme, est intitulée « le cri des ancêtres ». « Cette pierre a été récupérée sous le barrage de Markala. Je l’ai sculptée pour rendre hommage à tous les ouvriers qui ont travaillé à la réalisation de ce barrage », explique l’artiste pour qui c’est aussi une manière de dire à la nouvelle génération qu’elle doit s’inspirer du passé  pour construire le futur.

Seydou Traoré, artiste plasticien, a travaillé sur « Le vivre ensemble » en présentant sur sa toile plusieurs ethnies du pays pour  dire que l’ethnie ne doit pas être une barrière pour le vivre ensemble au Mali. « Il faut aller au-delà de nos différences et vivre dans la diversité » soutient-il.      

L’artiste danseuse et performeuse, Bibata Ibrahim Maïga, quant à elle, a présenté un spectacle de danse très émouvant intitulé «Terre promise_Corps 100 esprit». Un spectacle qui touche à plusieurs problématiques maliennes, notamment l’insécurité, le manque de patriotisme du Malien, la mauvaise gouvernance, la spoliation du pays par certains pays occidentaux.  « Ce spectacle représente le Mali que l’on vit actuellement et dont je souhaite un grand changement. J’ai un peu travaillé sur la constitution du Mali. J’ai évoqué à travers des expressions corporelles tout qui se passe aujourd’hui au Mali avec la situation actuelle du pays aggravée par le comportement du Malien. Je m’adresse au Malien lui-même qui doit savoir que le changement commence par lui-même », confie-t-elle. 

Daouda Traoré a présenté deux toiles intitulées « Le manque » et « Le fil rouge » : « J’ai parlé de l’éducation parce que les textes qui existent sont fragilisés à cause du manque d’éduction car les jeunes ne sont pas imprégnés des valeurs traditionnelles de notre pays à travers justement l’éducation. Le fil rouge parle de la fragilisation des liens de sang, d’amitié autrefois  enseignés mais aujourd’hui peu considérés dans nos sociétés ».

Outre les œuvres des artistes, un document élaboré à travers une actualisation et une adaptation des textes réagissant notre société aux réalités du Mali actuel, a été publié à l’issue de l’atelier. Un document  de 48 articles : « C’est un pacte que nous faisons avec le Mali. Nous pensons que les textes importants du Mali, de la charte de la Kurukanfuka à la constitution malienne ont besoin d’être revisités et pour se faire nous pensons que le monde artistique peut être d’un bon apport fondamental d’où cette initiative Pacte Mali », explique Lassana Igo Diarra qui estime qu’il faut ne pas être seulement politique ou juriste pour parler des lois du pays.

 Ce document peut être d’un grand apport pour les nouvelles autorités dans l’élaboration du nouveau texte. « C’est une très belle ébauche, la nation malienne peut s’en servir. Les artistes se sont inspirés des débats et découvertes autour des valeurs maliennes et surtout de la constitution », ajoute Diarra avant de préciser que le document sera diffusé sur toute l’étendue du territoire afin de permettre à un grand nombre de Maliens de se l’approprier.                     

Youssouf KONE   

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