DECOUVERTE : OUMOU TRAORE, PHOTOGRAPHE : « La photographie est ma passion et mon moyen d’expression »

183

Alors qu’elle rêvait ardemment de faire carrière dans la restauration, Oumou Traoré s’est vue basculer dans la photographie en 2009. Un métier pour lequel elle nourrit désormais une grande passion et des ambitions. Taciturne, Oumou trouve en la photographie un moyen d’expression. Sa passion pour ce métier fait d’elle, aujourd’hui, l’une des figures montantes de la photographie féminine au Mali.

Il y a plusieurs manières de s’exprimer ou de présenter une chose, mais la meilleure forme d’expression pour la jeune dame Oumou Traoré, c’est la photographie. Ses images définissent, entre autres, les émotions, les conditions de vie, l’appartenance sociale et culturelle, la tradition, la condition de la femme. Des thématiques qui donnent aux photos d’Oumou une certaine originalité, allant de la réalité à l’imaginaire. « Les choses de la vie courante m’inspirent beaucoup, notamment les difficultés », nous lance Oumou qui est plus dans la photographie artistique, journalistique et commerciale.

Niakouni est le nom de son exposition en cours à l’Institut Français de Bamako. Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme (8 mars). Démarrée le 6 mars dernier, elle se poursuit jusqu’au 28 mars. Nakouni est une série de photos évoquant une initiation de jeunes filles dans le Bèlèdougou, un milieu historiquement riche en traditions au Mali dont est issue la jeune photographe. « Niakouni est une cérémonie traditionnelle qui qui se fait chaque année dans le Bèlèdougou depuis des années. Elle consiste à initier les jeunes filles aux secrets de la femme dans notre société. J’ai voulu en parler à travers les images par ce que je pense qu’il faut bien l’immortaliser ».

En faisant une petite plongée dans l’histoire d’Oumou, l’on comprend aisément que c’est plutôt la photographie qui semble choisir la jeune dame. A son arrivée à Bamako, alors très jeune, Oumou rêvait plutôt de devenir restauratrice, après avoir pratiqué de nombreux petits métiers. « J’ai commencé par la couture. Ensuite je me suis lancée dans la coiffure, notamment dans les tresses traditionnelles. J’arrivais à subvenir à mes besoins avec ces petits métiers« , nous explique-elle.  Oumou va finalement se tourner vers la restauration, attirée par sa grande sœur à l’époque cuisinière dans un hôtel à Bamako : « Elle aime et faisait si bien son travail que j’ai décidé de devenir comme elle. Quand je lui ai parlé de mon souhait de devenir cuisinière, elle m’a confiée à un chef cuisinier, un de ses amis à elle qui gérait un grand restaurant de la place », raconte-elle. Mais le destin traçait déjà le chemin de la jeune dame dans la photographie qu’elle va embrasser par un pur hasard.

Etant coussinière, Oumou était amie avec la célèbre photographe Amssétou Diallo (gagnante du prix Kya de la 12e édition de la photographie africaine de Bamako). C’est elle qui l’attirera dans le monde des images. « A mes temps libres, j’accompagnais Amssétou dans ses courses de l’Association des femmes photographes du Mali.  A l’époque, elle me disait que vu que je suis polyvalente, je pouvais tenter ma chance dans la photographie aussi », nous raconte Oumou qui se verra inscrite par son amie à l’édition 2009 de la Biennale de la photographie de Bamako. « Pour cette première, j’avais choisi le thème des petits métiers dans lesquels je me retrouvais bien », ajoute-t-elle.

Apres cette exposition, Oumou est gagnée par la passion de la photographie et depuis elle est à l’affiche de toutes les éditions de la Biennale de la photographie de Bamako. Ses œuvres ont été plusieurs fois exposées à l’étranger, notamment au Sénégal, en Suisse et en Allemagne. Toutefois, avant d’en arriver là, Oumou a d’abord  perfectionné son talent dans le ce métier à travers plusieurs formations, notamment au Centre de la formation en photographie de Bamako et dans bien d’autres endroits de référence. Ce qui qui lui a permis d’acquérir les outils nécessaires à la bonne pratique de ce métier. Aujourd’hui, elle est l’une des étoiles montantes de la nouvelle génération de photographes féminines au Mali. Membre de l’Association des femmes photographes du Mali, Oumou ambitionne d’inscrire son nom dans les annales des grandes dames de la photographie malienne.

La réalisation de cette ambition est bien possible car Oumou est déjà sur la voie. Elle sera à l’exposition monographique Africa 2020 consacrée aux femmes, prévue du 19 septembre au 10 novembre à Paris. D’autres sont à venir hors du pays et du continent, à l’en croire.

             Youssouf KONE

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désabonner si vous le souhaitez. Accepter Lire la suite