MINISTERE DE LA DEFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS : Dénonciation de faux bulletins de salaires et d’une double comptabilité

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Dans une lettre adressée au Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako, chargé du Pôle économique et financier de la Cour d’Appel de Bamako, en date du 11 mai dernier, l’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (Amlcdf) dénonce l’utilisation de faux bulletins de salaire et une double comptabilité au sein de l’Armée.

Par cette lettre de dénonciation, l’association compte porter à la connaissance du Procureur des faits qu’elle juge graves, avec preuves, relatives à des irrégularités, voire des fraudes inqualifiables dont des militaires de rang et sous-officiers sont victimes.

Et de rappeler que pour des raisons évidentes d’efficacité dans la lutte pour la défense des pays, toutes les armées s’accordent sur la nécessité du silence dans la gestion de la chose militaire.  Cependant, précise la correspondance, ce silence ne doit pas être utilisé de façon à couvrir des actes criminels parce que face au crime, la légitimité du silence dans l’Armée s’effondre. 

Depuis longtemps, poursuit la lettre, des difficultés liées à des problèmes de bulletins de paie, de primes non versées ou amputées d’une partie non négligeable ont toujours été signalées au niveau de l’Amlcdf. « Et le phénomène va crescendo, comme si les dénonciations, au lieu de mettre un terme aux fraudes, potentialisent ces pratiques », a-t-elle déploré. 

A titre illustratif, l’Association a quelques cas avec les noms des personnes concernées, les faux et vrais bulletins permettant la mise en lumière des distorsions comptables. Et de noter que ces personnes, malgré le risque encouru, sont disposées à témoigner auprès des services d’enquêtes du Pôle économique et financier.

En effet, l’analyse des bulletins de Bahima Diakaridia Goro, Bakary Doumbia et Sayon Kéïta fait apparaitre des incohérences au niveau des rubriques : « fonction » et « autres premiers » sur les bulletins. Les différences sont de 15 000 francs Cfa à 90 000 francs Cfa, de 2 500 francs Cfa à 97 105 francs Cfa.

« On nous a aussi signalé des faits macabres se traduisant par les maintiens des salaires de soldats morts, non pas pour les familles éplorées, mais pour des personnes sans scrupule qui empochent ces salaires indus. La situation est très périlleuse pour le moral de nos troupes », peut-on lire dans la lettre.

Pour l’organisation, sur le double plan déontologique et juridique, ces faits sont frappés du sceau de l’ignominie.

 « Notre participation à la recherche d’autres faits similaires vous est acquise. Jamais nous ne laisserons de telles injustices devenir structurelles, institutionnelles. Les personnes citées et autres sont à votre disposition pour tirer la situation au clair. Notre association est à votre service. Monsieur le Procureur, nous vous prions de croire à l’expression de notre profond respect et de nos sentiments distingués », conclut-elle.

           Boubacar PAÏTAO

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