Il n’a pas atomisé les forces organisées manipulées par les apparatchiks aux ambitions souvent contraires qui voulaient gérer le pays en se servant de lui comme d’un pantin, se prévalant de leur légitimité tirée du combat dans la clandestinité contre le régime de Moussa Traoré. Lui, au contraire, a œuvré à rassembler ses concitoyens pour le seul combat qui vaille : la lutte pour le développement.
Il n’a pas non plus agi comme cet autre qui, arrivé au pouvoir au pire moment, après l’avoir longtemps cherché, aura tout simplement bluffé ses concitoyens rien que pour les privilèges. Un vrai prédateur caché derrière la magie des mots et des théories à l’eau de rose !
Lui, en revanche, n’a pas attendu de venir aux affaires pour être utile à son prochain, sillonnant le territoire pour subvenir aux besoins de ce dernier, parcourant le monde pour en trouver les moyens. Les résultats sans précédent, réalisés par ce patriote malien dont Modibo Kéïta serait fier, attestent de l’incommensurable générosité d’Amadou Toumani Touré.
Pour mieux comprendre l’origine des qualités exceptionnelles de l’homme que ses concitoyens pleureront encore longtemps, il importe de connaître cette contrée malienne dont il est originaire : le Soudh’Baba dont la richesse n’est à nulle autre pareille. Parce qu’elle est tout simplement caractérisée par ce qui est le plus important pour une personne sans qu’elle en soit forcément consciente : l’humain. La Venise malienne regorge de ce trésor inépuisable que le grand réalisateur malien a su mettre en exergue avec le concours du Français Pascal Letellier, à travers une des meilleures œuvres cinématographiques de notre pays. Qui peut nier que notre très regretté ATT est le meilleur symbole de « L’esprit de Mopti » ? La preuve….
…Esprit de partage et d’attention à l’autre
Synopsis. « À la rencontre du désert et des savanes, à l’Est du Mali, Mopti est une grande ville musulmane et un carrefour commercial sur le fleuve Niger. Chaque jeudi, des commerçants représentant diverses ethnies s’y donnent rendez-vous pour le marché. C’est cet « esprit de Mopti » fait de tolérance, d’humour, de respect de l’autre, d’échange et de commerce que ce film décrit à travers cinq personnages représentatifs : un Dogon, un Bozo, un berger Peul, un éleveur Tamasheq qui se retrouvent à Mopti pour le négoce et toutes les aventures d’un jour de foire, et un intermédiaire, Bella, fils de la ville et charretier. Conçu par un auteur français et réalisé par un cinéaste malien natif de la région, ce documentaire sur « l’économie de l’échange » résulte lui-même de cet esprit de partage et d’attention à l’autre qui est l’enseignement majeur de « l’esprit de Mopti ».
C’est le projet de ce film superbe : déceler ce qui fait de cette « ville des montagnes d’épices et des poissons parfumés « un lieu exceptionnel où règne un esprit particulier. Cet esprit, d’autres lieux l’ont sans doute quand ils sont de tels carrefours de commerces, de cultures et d’activités. Il résulte de la circulation des biens et de la rencontre des personnes. Mais, à Mopti, il s’y révèle particulièrement car les peuples qui s’y confrontent avec humour et subtilité sont porteurs de cultures immenses : Dogons venus des falaises de Bandiagara, pêcheurs bozos, bergers toucouleurs et peuls, agriculteurs bambaras et songhaïs, Tamasheqs (Touaregs) du désert… Chacun des cinq personnages représentatifs du film est ancré dans l’ancestralité de sa culture, utilisant la généalogie, le conte, les proverbes. »
Dors en paix, Général tout terrain !
ABH