COMEDIE MUSICALE : « Hôrôn », un appel à la citoyenneté

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«Hôrôn» est une comédie musicale qui sensibilise les Maliens sur les enjeux d’une nouvelle dynamique citoyenne du Mali. Cette œuvre artistique inédite a été présentée le samedi 05 septembre 2020 au centre Blonba. Le dramaturge malien, Alioune Ifra N’Diaye, à travers cette création, appelle à la citoyenneté, la prise de conscience de tous les Maliens au sens de la responsabilité, au retour à nos valeurs ancestrales afin de construire un Mali meilleur.

Le spectacle « Hôrôn » est une mise en scène d’une heure vingt minutes (1h20 mn) utilisant la musique, la danse, le slam, le rap, les chansons modernes, avec des créatives urbaines. Au-delà d’être très moderne et ouverte sur le monde, l’œuvre est largement inspirée de certains mécanismes artistiques traditionnels du Mali le « Nziiri » qui veut dire conte, le « maana » qui signifie récit et le Kotèba. Avec des chorégraphies traditionnelles, la musique consiste en grande partie en des adaptations du riche patrimoine musical malien, de l’indépendance à nos jours.

Ce spectacle mis en scène par Alioune Ifra NDiaye, réalisateur, producteur, ingénieur culturel et dramaturge, a réuni une dizaine d’artistes dont le rappeur Sidi Soumaoro dit Ramsès Damarifa et la cantatrice Diamilatou Sacko dite Diamy.

En raison de la crise multidimensionnelle subie depuis 2012, la population malienne est en pleine dépression. En quelques années, ses légendes fondatrices traditionnelles ont brusquement cessé de l’animer. La perte de confiance et les réalités implacables du présent la débordent de tous les côtés. « Chaque Malien le sait et le sent, le pays est aujourd’hui sous la menace mortelle de la discorde et de la division. Comment faire confiance à mon voisin, à ma communauté, à l’unité de mon peuple, à moi-même, si je ne vois autour de moi que des exemples d’irresponsables ? », se demande l’interprète.

 Entre l’économie, la déconstruction de l’État, l’absence de mise à niveau dans la gouvernance familiale, l’évolution numérique accélérée du monde, la crise sécuritaire, la montée en puissance des organisations mafieuses à connotation religieuse ou ethnique, la population a tendance à naturellement s’inscrire en mode de survie. Or, là où prédomine la survie, on ne parle pas de règles ! Les portes sont susceptibles de s’ouvrir à toutes les dérives. Pour sortir de cette crise durablement, il serait donc indispensable que les institutions démocratiques et laïques du pays se reconstruisent, se consolident et se développent. Pour cela, le citoyen malien doit les comprendre, adhérer à ses valeurs et manifester des comportements adaptés. Il ne suffit pas seulement de réinventer et installer de nouvelles institutions démocratiques, il faut que se fonde, dans les esprits et les cœurs, une vraie culture démocratique. « Ensemble, sachons éviter la jalousie, l’égoïsme et vivons la citoyenneté et le partage, la responsabilité vis-à-vis de soi-même, vis-à-vis des autres et vis-à-vis de notre Etat et de nos institutions qui est la clé de notre indépendance. » C’est ce à quoi nous invitent les artistes.

« Le principe républicain confère à chacun de nous, hommes ou femmes, jeunes et vieux, manœuvre ou chef d’entreprise, ministre ou planton, président ou grand commerçant, l’égale responsabilité de construire la nation. Ensemble, nous formons le peuple dont la constitution est le souverain de la République. Comment pourrons-nous demander à ceux qui nous représentent d’être justes et efficaces si nous ne le sommes pas nous-mêmes. Notre République a pris son indépendance, nos pères fondateurs ont exprimé cette accession à la souveraineté par l’expression Mali hôrônyala' », rappelle l’auteur et les acteurs de cette comédie musicale.

A entendre les interprètes, le monde humain est trois, l’être humain aussi est trois « .Il y a trois œufs, dont le premier est les testicules, le deuxième l’esprit et le troisième le bonheur. ». Qu’est-ce que cela veut réellement dire ?

« Le premier œuf travaille et produit sa graine dans le champ fertile du ventre de la femme donnant l’âme, l’énergie la plus sacrée du monde, plus puissante que toutes les énergies du monde et plus puissante que toutes les formes de feu au monde. Le deuxième œuf est l’esprit, cet esprit qui est au-dessus de la tête. Si tu ne l’as pas, tu ne peux pas vivre en paix avec tes semblables. Si tu ne l’as pas, tu ne peux pas travailler à l’amélioration de ta vie et à celle de tes semblables. Le troisième œuf est le bonheur, un Homme heureux est un Homme qui a tout » expliquent les artistes.

Nous venons au monde entre les mains humaines et nous nous éteindrons entre les mains humaines. L’unique repère de l’être humain, c’est son prochain. « Les anciens disent, l’âme vit de trois choses : voir ce qu’il a envie de voir, dire ce qu’il a envie de dire et faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces trois choses venait à manquer à l’âme, elle en souffrirait. Les anciens disent encore : Toute vie est une vie, il est vrai qu’une vie apparait dans l’existence avant une vie, mais une vie n’est pas plus respectable qu’une autre, de même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie. Les anciens disent également : que chacun respecte ses parents, éduque ses enfants et entretienne les membres de sa famille », rappellent les artistes.

Aux dires d’Alioune Ifra Diaye, directeur du Blonba, cette comédie musicale fait suite au mini festival dénommé « Essonne-Mali » qu’ils ont organisé en partenariat avec le département Essonne qui est aussi partenaire avec trois cercles ici. « Dans ce mini festival, nous avons développé une série d’activités culturelles parce que les mesures respectives pour mitiger la pandémie du Coronavirus ont été levées et on en a profité. Nous venons de voir  » Hôrôn  » qui est une comédie musicale parlant du Mali actuel, de la citoyenneté et de l’appel à un meilleur Mali « , indique-t-il, avant d’ajouter : Ce spectacle a été écrit pour interpeler les Maliens sur notre responsabilité vis-à-vis de notre pays parce que ce ne sont pas simplement les autorités qui sont responsables de l’état actuel du pays, c’est tout le monde. Dans ce spectacle, on y définit le nouveau  » Hôrôn  » du Mali et la nouvelle  » Hôronya  » du Mali et nous espérons qu’au fur et à mesure que les gens le verront, ils vont prendre conscience qu’ils ont une responsabilité vis-à-vis de leur pays », conclut-il.               Marie DEMBELE

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