Entre la quantité de drogue déclarée saisie dans une lettre d’information à la hiérarchie et la quantité réellement remise aux autorités, il y a une différence de 1000 briquettes de haschich parties dans la nature. Cette affaire plonge le commissariat du 7è arrondissement au cœur d’un énorme scandale et le procureur du Pôle spécialisé en matière de lutte contre la drogue et le crime organisé est à pied d’œuvre pour que les coupables paient. Mais la réaction du ministre de la Sécurité et de la protection civile est tout aussi attendue.
ette affaire est en train de faire grand bruit dans les milieux judiciaires et n’honore pas la police nationale qui est en train pourtant de monter en puissance dans la lutte contre l’insécurité. Mais faudrait-il que la lutte contre la drogue vienne ternir cette image par la faute d’agents indélicats ?
Après l’affaire du commissariat du 3è arrondissement dont nous parlions il y a de cela deux semaines, nous avions promis de revenir sur un autre scandale de drogue qui concerne un autre commissariat de police de Bamako. Il s’agit cette fois-ci du 7ème arrondissement qui a procédé à la saisie de 10 000 briquettes de haschich et a pris le soin d’en informer la hiérarchie, notamment la Direction générale de la police. Laquelle, à son tour, a remonté l’information auprès du ministre de la Sécurité et de la protection civile dont les félicitations pour cet exploit n’ont pas tardé. Pourquoi pas, pareilles actions contribuent au rayonnement de son département et il ne serait donc pas question de faire la fine bouche.
Mais voilà qu’au moment de la reddition des comptes, notamment pour remettre à l’Office central des stupéfiants (Ocs) la quantité de drogue saisie, conformément à la loi, mille (1000) briquettes manquent au décompte. Elles se sont tout simplement volatilisées.
Comprenez donc qu’entre la lettre d’information au Ministre et la remise des produits saisis, le forfait aurait déjà été accompli et les faits sont donc là, crus et têtus, pour nécessiter une enquête de la part du parquet spécialisé de la commune IV du Tribunal de grande instance de Bamako, spécialisé dans la lutte contre la drogue et le crime organisé.
La grande question qui se pose à l’heure actuelle est de savoir ce que préconise le ministre en charge de la Sécurité et de la protection civile pour mettre fin à ces pratiques qui n’honorent pas le Mali resté longtemps sous les feux des projecteurs à cause du trafic de drogue que cache très mal la question sécuritaire.
Selon nos informations, un juge d’instruction intègre travaille déjà sur les deux dossiers, notamment ceux du troisième arrondissement et du 7è arrondissement de police.
Dans les milieux judiciaires, on n’hésite pas à remettre sur la table la question du renforcement de la coordination et de la supervision de la lutte contre le trafic de stupéfiants pour sanctionner, voire prévenir pareilles dérives qui renforcent les doutes de la population sur la destination réelle des quantités importantes de drogues déclarées à chaque fois saisies par voie de presse, notamment au niveau des services de sécurité et à la douane.
Des quantités faramineuses qui affolent lorsqu’on les déclare saisies, mais on reste moins bavard sur le sort réservé à ces produits. Pourtant, les textes actuels organisent bien la centralisation des drogues saisies, ainsi que la supervision et la coordination des opérations de lutte contre le trafic de stupéfiants. Si beaucoup de services ne veulent pas s’y conformer, cela cacherait-il donc une volonté manifeste de rendre opaque le sort réservé aux stupéfiants saisis ?
En tout cas, dans les milieux judiciaires on est décidé à faire la lumière sur ces affaires de détournement présumé de drogues saisies et tout porte à croire que les narco trafiquants, tapis sous un quelconque uniforme, répondront de leurs actes. Le Pôle judiciaire spécialisé et le ministre de la Sécurité et de la protection civile sont donc très attendus sur ces dossiers. A suivre !
Amadou Bamba NIANG