LUTTE CONTRE LA PANDEMIE DU CORONAVIRUS AU MALI : 500 milliards Fcfa pour couvrir les mesures sociales décidées par le gouvernement

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Dans son adresse à la nation sur la pandémie du Covid-19, le 10 avril 2020, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a annoncé plusieurs mesures qui entrent dans le cadre de la lutte contre cette pandémie.

Pour le chef de l’Etat, ce sera la troisième fois qu’il s’adresse solennellement au sujet du Covid-19. Il ajoutera que les fois précédentes, en particulier le 17 mars dernier, quand qu’il tenait un Conseil national de défense extraordinaire avec pour seul ordre du jour, la terrible pandémie, notre pays n’enregistrait encore aucun cas. Il cherchait alors à anticiper, à prendre les devants, à prévenir le mal car la prévention est la réponse la plus indiquée pour un pays comme le nôtre, aux moyens modestes et aux défis multiples.

« Aujourd’hui, le virus tant redouté est dans nos murs. La bonne nouvelle, certes, est que certains d’entre nous en ont déjà été guéris. Hier, le pays entier a été témoin de l’heureuse guérison et libération de notre compatriote qui avait été infectée la première, nous lui souhaitons le meilleur. La mauvaise nouvelle, cependant, est que d’autres en sont, hélas, décédés. A la date d’aujourd’hui, nous comptons 87 patients infectés au Mali. Ce chiffre, malheureusement, irait crescendo dans les jours à venir, si le mal déroulait chez nous son impitoyable mécanique, comme il l’a fait ailleurs, répandant le deuil sur son passage, suscitant partout peur et angoisse, et malmenant les économies les plus solides », a-t-il déploré.

Il a saisi l’occasion pour saluer le personnel de santé de notre pays, notamment les aides-soignants, les manœuvres, les infirmiers, les ambulanciers, les médecins, les laborantins ainsi que le personnel administratif des services de santé ainsi que les membres du Conseil scientifique national. Aussi, il rendu un vibrant hommage aux forces de sécurité et de défense qui, soir après soir, s’assurent que le couvre-feu est respecté, pour le plus grand bien de nos compatriotes et de leurs hôtes, pour le plus grand bien de l’ensemble national. Car, dit-il, il faut que nous en soyons tous plus conscients face à la tragédie du Covid-19.

« Je salue enfin ces Maliennes et ces Maliens sans grands moyens qui font pourtant tout pour respecter les gestes-barrières et ce, dans le but de se protéger et de protéger les autres. Ces femmes qui mettent le masque pour aller au marché, et qui se tiennent à distance requise, méritent d’être citées en exemple. Ces passagers qui mettent le masque pour prendre les transports en commun méritent nos égards. Tout comme ces personnes qui, sans attendre quelle que consigne que ce soit, décident d’éviter les attroupements, sur les lieux de culte et ailleurs, dans le souci d’eux-mêmes bien entendu, mais aussi pour ne pas prendre la responsabilité de contaminer une brave épouse, un vieux père, une vieille mère », s’est-il réjoui.

Coronavirus, l’arme de

destruction massive

De sa lecture, contre l’arme de destruction massive qu’est le coronavirus, chacun doit être une digue, une digue pour lui-même, une digue pour sa famille, une digue pour sa communauté, une digue pour la nation, une digue pour l’humanité.

Pour IBK, consciemment et inconsciemment, beaucoup d’entre nous continuent d’être les vecteurs de l’épidémie. Et de marteler qu’ils le font contre eux-mêmes, contre leurs familles et contre le Mali. « Qu’ils sachent que le coût de la lutte contre la pandémie du Covid-19 est dissuasif pour tout pays, a fortiori le nôtre qui est sur d’autres fronts tout aussi pressants. Depuis huit ans, nous sommes en guerre, une guerre coûteuse en ressources, contre le terrorisme », a rappelé le président IBK.

A le croire, le gouvernement du Mali, acculé sur d’autres fronts, accepte de consentir le plus grand sacrifice pour amoindrir l’impact négatif de la pandémie sur notre économie et notre société. Pour ce faire, il précisera que le gouvernement a décidé plusieurs mesures sociales qui coûteront à l’Etat près de 500 milliards de nos francs, dans les hypothèses basses. 

Aux dires de IBK, conscients de l’impératif de solidarité, les membres du gouvernement renoncent à un mois de leur salaire pour l’effort de guerre requis contre le Covid-19, le président de la République renonce à trois mois de son salaire et le Premier ministre, deux mois. « Les Institutions ont déjà consenti à un effort. Des particuliers et des personnes morales le font tous. C’est bon signe et tous doivent être salués pour leur sens patriotique », a-t-il déclaré.

Quant aux autres mesures, il dira que les allocations budgétaires et les priorités d’investissements seront revues. Ainsi, dit-t-il, cette révision commencera par le sommet de l’Etat.  « Il sera fait preuve de plus d’innovations dans la mobilisation des ressources. Et les fonds constitués seront scrupuleusement gérés, sous la supervision du chef de gouvernement », a-t-il rassuré.

Pour le président IBK, au niveau national, tout sera mis en œuvre pour que les entreprises locales de textiles, grandes, moyennes ou petites y compris les tailleurs qualifiés puissent produire sur place des millions de masques au profit de la population. A cet effet, dans le cadre du programme « Un malien, un masque », le président a saisi l’opportunité pour annoncer qu’une commande spéciale de 20 millions de masques lavables sera livrée à Bamako.

Ensuite, il laisse entendre qu’un fonds spécial de 100 milliards de nos francs sera mis en place pour les familles les plus vulnérables, à l’échelle des 703 communes du Mali. Et de poursuivre que des critères de vulnérabilité évalués et consensuels conditionneront l’accès à ce fonds qui sera géré de manière collégiale et transparente, avec l’administration publique, les chefs de villages et de quartiers, les organisations citoyennes, les autorités morales désignées par les bénéficiaires eux-mêmes. Nous sommes pris à la gorge, mais nous n’avons pas d’autre choix : nous avons un devoir de compassion vis-à-vis de nos sœurs et frères qui vivent d’un secteur informel pleinement impacté, lui aussi, par la pandémie.

Gratuité des factures d’eau et d’électricité pour la catégorie relavant des tranches sociales

De plus, en direction des couches les plus fragiles, IBK annonce que les mesures suivantes sont prises : la diminution pendant 3 mois de la base taxable au cordon douanier des produits de première nécessité, notamment le riz et le lait ; la prise en charge pour les mois d’avril et de mai 2020, des factures d’électricité et d’eau des catégories relevant des tranches dites sociales, c’est-à-dire les plus démunies ; l’exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée les factures d’électricité et d’eau, de tous les consommateurs, pour les mois d’avril, mai et juin 2020 ; la distribution gratuite de cinquante-six mille tonnes de céréales et de seize mille tonnes d’aliments bétail aux populations vulnérables touchées par le Covid-19.

 A ce titre, le président de la République précisera qu’il sera procédé, principalement, au renforcement du contrôle des prix appliqués par les brigades de la Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence. Aussi, l’ensemble de la dette intérieure due au 31 décembre 2019 sera apuré, autant que sera diligenté le paiement des mandats au titre de l’exercice 2020 à hauteur de 100 milliards de Fcfa.

« Le Fonds de garantie du secteur privé sera doté d’un montant de 20 milliards de Fcfa destiné à garantir les besoins de financement des Pme/Pmi, des Systèmes financiers décentralisés, des industries et de certaines grandes entreprises affectées par la pandémie », déclare le chef de l’Etat. Aussi, il a annoncé des remises d’impôts, au cas par cas et secteur par secteur, aux entreprises privées impactées par les mesures de prévention du Covid-19, en l’occurrence les secteurs les plus sinistrés tels que les industries touristiques (Hôtellerie, Voyages et Restauration), culturels et les Transports, afin de protéger les emplois.

A ses dires, les crédits de toutes les entreprises sinistrées suite au Covid-19 seront restructurés et des orientations seront données aux banques, afin que les entreprises maliennes puissent bénéficier des concessions accordées par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

Enfin, le président IBK dira qu’une prime spéciale sera payée au personnel de santé mobilisé, ainsi qu’aux éléments des forces de sécurité et de défense affectés à la surveillance du couvre-feu et des lieux d’attroupements éventuels.

« Le gouvernement n’a pas d’autre choix que de s’assumer. Tout en privilégiant la pédagogie de la persuasion par le dialogue, il est le principal garant de la santé publique. Dès lors, il examine, avec l’avis du Conseil scientifique, la possibilité d’isoler Bamako, épicentre de l’épidémie, du reste du territoire. La population sera informée de la décision qui sera prise dans les heures à venir », a-t-il indiqué.

Les écoles resteront fermées

Se prononçant sur la question de l’école, le premier magistrat a levé toute équivoque. En effet, il a annoncé que les écoles resteront encore fermées, le temps d’apprécier la situation. Et de poursuivre que les spécialistes sont à pied d’œuvre pour examiner les possibilités d’utiliser les médias pour dispenser des cours à distance.

Par rapport à la question du second tour de l’élection des députés prévue ce 19 avril, il a rappelé que sa décision d’aller aux législatives n’est pas le fait du gouvernement, mais du Dialogue national Inclusif qui a mené ses travaux en totale indépendance, sans aucune interférence.  « Du reste, une forte majorité des partis politiques, ne s’était-elle pas prononcée pour le maintien de la date du premier tour, à l’issue de la concertation entre ceux-ci et le Ministre de l’Administration territoriale ? Une telle décision du Dialogue national inclusif résulte d’une réflexion mûrie sur notre histoire immédiate, laquelle nous enseigne qu’en démocratie, rien ne vaut la pleine légalité constitutionnelle ainsi que le jeu normal des institutions », a-t-il renchéri.

Cependant, il ajoutera qu’il est de la responsabilité du gouvernement de faire en sorte que lors du second tour des législatives, le 19 avril prochain, toutes les mesures sanitaires et sécuritaires requises soient rigoureusement appliquées.

« Pour le confort de la nation, nous devons tous renoncer à quelque chose, une habitude, un réflexe, un confort, un droit. Mais nous n’y renonçons que pour espérer vivre, mieux vivre, vivre plus longtemps. J’ai grand espoir que nous nous retrouverons bientôt sur les mêmes nattes d’un pays profondément social. Quand tout cela sera fini et quand nous pourrons de nouveau nous donner la main et nous congratuler pour le combat de titan que nous aurons livré et gagné contre la Pandémie du Covid-19, qui est à l’heure actuelle l’ennemi No 1 de l’humanité », a-t-il conclu.             

Boubacar PAÏTAO

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