Que sont ils devenus… Magma Gabriel Konaté : L’artiste multidimensionnel

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Artiste comédien, acteur de cinéma, écrivain, animateur de radiotélévision, Magma Gabriel Konaté s’adapte à tous les scénarios. D’où notre question de savoir s’il est multidimensionnel, ou un artiste confirmé ? Ni l’un, ni l’autre, répond-il. Il se présente comme un artiste comédien. C’est l’opinion qui peut trouver les mots justes pour qualifier son talent. Il n’aime pas trop parlé de lui-même. Prince du Mandé, c’est plutôt les autres qui doivent faire ses éloges. Il fait partie des animateurs qui ont donné la notoriété à Radio Bamakan en 1991, juste après les événements du 26 mars. L’on ne se lassera jamais de le voir dans ses œuvres dans les différents domaines. Il a fait valoir ses droits à la retraite en 2013, mais continue de se rendre utile avec des prestations à la chaine de télévision Africable, à l’Université catholique de l’Afrique Occidentale, Unité universitaire de Bamako, au Conservatoire Balla Fasséké, à l’Université de Ségou.  Qui est cet artiste comédien ? Comment il l’est devenu ? Quelles ont été les retombées de cet art sur sa vie ? La différence entre son statut de comédien et celui de chef de famille ? Ses impressions sur la dérive de la jeunesse malienne ? Magma Gabriel Konaté, un as de la comédie demeure un orthodoxe. Il est le héros de la semaine de la rubrique « Que sont-ils devenus ? ». Nous l’avons rencontré au siège de la chaine de télévision Africable, dans une atmosphère surchauffée. Oui ce lundi 20 juillet 2020, nous sommes arrivés au siège d’Africable révolté et écœuré. Les mots ne sont pas trop forts parce qu’ils reflètent toute la maladresse de ces jeunes badauds, sinon des éléments incontrôlés se réclamant du M5-RFP. Ils ont fait régner la terreur sur la rive gauche en érigeant des barricades. Pis, pour se frayer un chemin, il fallait débourser de l’argent. Est-ce cela la désobéissance civile. Dommage ! Face à l’insolence de jeunes dépourvus de bon sens, nous avons été obligé de garer notre engin dans une rue, marcher un kilomètre et demi, pour rallier la chaine de télévision Africable à pied, où Magma Gabriel Konaté nous attendait.

é le 27 décembre d’une année où il faisait bon de vivre au Mali, Magma Gabriel, orphelin de père a vite fréquenté l’administration chrétienne au séminaire de Faladié où sa mère travaillait.  Inscrit à l’école de la Cathédrale, sa mémoire fine et  phénoménale  inspire un de ses maîtres, Tiémoko Roger Bagayoko. En bon instituteur, celui-ci comprend vite que les atouts du jeunot peuvent le conduire loin. Pour poser les jalons de ce devenir radieux, M. Bagayoko lui confie des rôles dans les sketches lors des remises de prix de fin d’année scolaire. Les sorties des élèves chrétiens à Tenfala, Samayana et au lac Woya contribueront à le perfectionner dans les techniques d’animation du groupe.

Elève récalcitrant, il n’aura passé qu’une année à Goualala dans la région de Sikasso, chez les prêtres. A son retour, il atterrit au Collège en 1968 pour le début du second cycle (actuel lycée Prosper Kamara) pour ensuite retourner à Sikasso. Les prêtres se trouvèrent dans l’obligation de  renvoyer Magma Gabriel  au bout de trois mois pour indiscipline.

Il a fallu l’implication de sa tante, Antoinette Sangaré, pour qu’il soit inscrit à l’école de la Poudrière. C’est dans cet établissement qu’il passera le diplôme d’études fondamentales (DEF) en 1970. Admis à la première partie du baccalauréat (séries lettres modernes), il échouera l’année suivante à cause d’une fille. Cela a beaucoup pesé sur son destin, parce qu’il est recruté dans l’enseignement privé catholique pour servir dans le diocèse de Kayes.

Force est de reconnaitre que Magma Gabriel Konaté a cultivé sa célébrité en tant qu’artiste comédien, acteur de cinéma, animateur de radiotélévision. Il reconnait que cet art lui a rendu un énorme service dans la vie. Il est respecté et traité avec dignité partout où il passe, à l’hôpital, au marché, dans l’administration publique. Il a même rappelé une anecdote qui s’est déroulée à Sikasso.

Notoriété et rigueur

Un jour, confronté tôt le matin à une panne de batterie, Magma s’est vu offrir la pièce à 1000 F CFA parce qu’il était le premier client du commerçant. Celui-ci l’a tellement admiré et apprécié à travers le petit écran, qu’il était encore plus gêné, de lui prendre ce montant symbolique. Nous avons la preuve que l’art a popularisé l’homme, car à la fin de notre entretien, il s’est proposé de nous raccompagner à notre véhicule dans une rue de Magnambougou. Tout le long du tronçon, les jeunes se précipitaient pour lever les barrages çà ou là.

Quelle est la différence entre Magma, artiste comédien et Magma père de famille ? A la maison pas de demi-mesure, il y règne en maître incontesté. Pour avoir été délinquant, bandit dans sa jeunesse, il est persuadé que la bonne éducation est la meilleure richesse qu’un chef de famille peut donner à ses enfants, pour assurer leur indépendance. Parce que rien ne pourrait empêcher leur réussite.

Son féodalisme se traduit même dans la préparation de l’ordinaire en famille. Ici le tô avec sauce gombo, le riz, le couscous, le « gnégné kini », la sauce à la pâte d’arachide constituent le menu de la semaine. La bouillie de petit mil est de rigueur pour le petit-déjeuner. Bref Magma Gabriel apprend à ses enfants à se contenter de ce qu’ils peuvent gagner honnêtement. D’ailleurs à plusieurs reprises, il a rappelé à ceux qui saluaient le sérieux de ses enfants, qu’il est bien la vitrine de cette bonne éducation.  

Parlant de la dérive des jeunes, il soutient qu’ils n’ont plus de repère, de modèle auquel ils peuvent s’identifier. Chaque enfant souhaite ressembler à son père, malheureusement beaucoup  d’entre eux montrent aux enfants la façon de voler. « Ils n’ont pas d’égard pour les institutions de la République, comment leurs enfants peuvent avoir le minimum de respect pour celles-ci ? », s’interroge-t-il.

Parcours impressionnant

Au sein du diocèse de Kayes, il sert comme professeur de lettres-histoire-géo, successivement à Kakoulou dans la région de Kayes (1975-1977), Kita (1977-1979) et Kayes ville (1979-1980). Partout où il est passé, Magma Gabriel Konaté a émerveillé la jeunesse et se trouvait au centre de tous les événements culturels, notamment les biennales. Ce qui obligera les prêtres à le remercier, parce qu’ils estimaient que ses mouvements de jeunesse influaient sur ses cours.

Quelques mois après, il est recruté par la fonction publique pour servir au ministère des Sports, des Arts et de la Culture. Il révèle que le mérite de cette nouvelle aventure revient au directeur régional de la jeunesse de Kayes à l’époque, feu  Mélégué Diarra, et au secrétaire général de l’UNJM de Kayes, Ibrahim Bane. D’emblée, il est affecté au Kotèba National, qui le propulsera pour ensuite devenir cet artiste multidimensionnel, surtout que la télévision malienne est née deux ans après, avec les différentes pièces de théâtre du Groupe dramatique.

Bon vivant

Ambitieux, Magma Gabriel s’est donné les moyens et le temps d’apprendre. Autrement dit, il était convaincu que ce savoir sera la clef de sa vie, en donnant un cap à sa carrière d’artiste comédien. Bref, il n’a cessé d’étudier. En 1985, il entre à l’Institut national des arts sur titre pour apprendre la théorie du théâtre. Ensuite ce fut le tour du Centre régional d’actions culturelles de Lomé, un institut relevant de l’Unesco de lui offrir une autre peau d’âne.

Avec ce diplôme décroché en 1999, Magma Gabriel est nommé directeur du Kotèba, puis chef du département artistique du Palais de la culture. Après le film « Commissaire Balla », dont il était l’acteur principal, il dit avoir conclu qu’il a des insuffisances juridiques. La meilleure façon pour lui de corriger cette lacune était d’entreprendre des études de droit. Il s’inscrit à la Faculté des sciences juridiques et politiques et obtint une maîtrise en droit privé/droit des affaires.

Cela ne fait l’objet d’aucun doute que Magma Gabriel Konaté est un artiste multidimensionnel. Pour la simple raison que l’homme s’est illustré partout où il opéré. D’abord dans des pièces de théâtre, une quinzaine, ensuite les films comme : « Histoire de Salif Kéita », « La scolarisation des filles », « Le Procès », « Dou la famille », « Le Superflic », « Da Monzon », « La Conquête de Samayana », « Les Rois de Ségou », « Duel à Daffa », « Toile d’araignées », « La Genèse », « Commissaire Balla ». Ecrivain, il l’est pour avoir écrit six romans dont « Les Rampants », « Le Procès », « Bambo, un mariage impossible », « Un jour sans fin », « La Prof de l’artiste », « L’Oréade Noire », et même comme maître de cérémonie. Mieux il a participé à trois biennales (1976, 1978, 1980) avec la région de Kayes.

Ceinture noire de karaté « Wado Riyu », Magma Gabriel Konaté  aime vivre, le travail bien fait, le tô sauce gombo, et a comme totem le mensonge quel qu’il soit. Il est marié et  père de huit enfants, dont le dernier Alexandre Le Grand a 15 ans. Aucun d’eux n’a viré dans la comédie.

    O. Roger

Tél (00223) 63 88 24 23

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