La crise qui secoue l’école malienne s’amplifie en atteignant des proportions très inquiétantes. En effet, dans le dialogue de sourd désormais engagé entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, ces derniers viennent d’envisager un certain nombre d’actions pour se faire entendre, notamment l’organisation d’assemblées générales et de marches pacifiques sur toute l’étendue du territoire national, ainsi que des grèves séquentielles.
Selon un responsable syndical, cette série d’activités vise à perturber cette semaine qui devrait être en principe une semaine de trêve, après avoir observé 14 jours de grève. A l’entendre, au lieu d’appliquer l’article 39 du Statut du personnel enseignant dans toute sa teneur, le gouvernement se verse dans des méthodes dilatoires en tentant de passer par un raccourci qui est visiblement sans issue, notamment le recrutement de 15 300 enseignants volontaires pour remplacer plus de 67 000 enseignants fonctionnaires. Quelle ironie ! Et de poursuivre que cette stratégie du gouvernement est une véritable scène de théâtre parce que le délai de rigueur qui avait été fixé préalablement au 7 février vient d’être repoussé au 18 février prochain faute de candidats, selon les services chargés de la réception des dossiers.
Toujours selon notre interlocuteur, le lundi 10 février, le premier jour de la semaine de trêve, a été consacré à la campagne de sensibilisation des parents d’élèves afin que ceux-ci prennent conscience du danger qui plane sur l’avenir de leur progéniture. Pour lui, cette stratégie permettra de mettre ceux-ci devant leur responsabilité face aux violations fragrantes du droit constitutionnel des enfants, celui de l’accès à l’éducation.
Il ajoutera que pour bien combler la journée du mardi 11 février, des instructions fermes ont été données aux différents responsables syndicaux de tenir des assemblées générales dans tous les établissements scolaires afin d’informer les militants (enseignants) de l’évolution de la situation des négociations et des enjeux liés à cette lutte qui s’est malheureusement radicalisée suite aux différentes campagnes de communication du gouvernement et aux propos discourtois tenus par le Premier ministre, Dr Boubou Cissé.
En ce qui concerne la journée du jeudi 13 février 2020, les syndicats comptent organiser leur deuxième marche nationale sur toute l’étendue du territoire national. Ainsi, ils envisagent d’organiser des marches dans toutes les capitales régionales, les cercles et le district de Bamako afin de montrer au gouvernement leur détermination à user de tous les moyens légaux pour l’aboutissement de cette revendication.
Boubacar PAÏTAO