MADAME MAÏGA BINTA NENE ALIOU TRAORE SUR LES TRACES DE MAMAN ! : « Mon souci principal, c’est que quand un client entre chez moi, que ça soit un voyage culinaire »
Dans le cadre de la Journée internationale des droits de la femme, nous avons rencontré Madame Maïga Binta Nènè Aliou Traoré, une entrepreneuse. Cette trentenaire est la promotrice du restaurant « Baara Musso » depuis 10 ans. C’est après avoir obtenu une maîtrise en Ressources humaines en France et après un stage de quatre mois à la banque, sans issue de contrat, qu’elle a décidé de se lancer dans l’entreprenariat. Mme Maïga est mère de trois enfants et évolue très bien dans son domaine d’activité.
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
Madame Maïga Binta Nènè Aliou Traoré : « Baara Muso » est un groupe parce que je travaille avec ma famille. J’ai aussi un centre de formation que j’ai dédié à ma mère qui est décédée il y a cinq ans. L’entreprise Baara-Muso, c’est surtout la restauration. Je fais le service traiteur.
Le restaurant est ouvert du lundi au vendredi de 12h à 16h. Il fonctionne en buffet. Ma restauration, c’est plutôt le terroir, la gastronomie malienne comme le couscous avec sauce arachide, la sauce rouge, etc…
Comment expliquez-vous le choix du nom « Baara Muso » ?
Le nom « Baara Muso » est une longue histoire parce que ma maman fut la première présentatrice à l’Ortm de l’émission Gourmand-gourmet. Pendant cette émission, sa co-présentatrice lui posait toujours la question de début d’émission en l’interpellant par Baara Muso. Par exemple, elle disait : Baara Muso, quels sont les petits plats que vous nous proposez aujourd’hui ? Baara Muso a plusieurs connotations au Mali. C’est la femme battante, la femme qui prend soin de l’homme en lui préparant les petits plats et en prenant soin de la famille. C’est la femme favorite. Et aussi ma maman avait un restaurant qui portait ce nom Baara Muso.
Comment vous est venue l’idée de la création de cette entreprise ?
L’idée est venue pendant mes quatre mois de stage à la banque. Pendant ce temps, j’avais du mal à bien manger. Je trouvais que c’était soit trop salé ou pas épicé ou parfois pas cuit. Je trouvais toujours quelque chose à dire, soit sur la propreté du lieu soit celle du personnel. Je suis fille d’une restauratrice qui m’a appris à bien manger.
Quand je n’ai pas eu de contrat à la fin de mon stage, j’ai directement pensé à créer mon entreprise qui est le restaurant. Je me suis dit qu’on achetait de la nourriture qui n’était pas de bonne qualité.
Si je créais donc le mien et que je vendais de la bonne nourriture, forcément ça allait marcher.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée ou que vous rencontrez toujours en tant qu’entrepreneuse ?
J’ai été confrontée à beaucoup de difficultés. Déjà, quand on crée une entreprise, c’est comme si on se lance dans la jungle. On ne connait rien administrativement et puis les gens ne se fient à vous. J’avais 24 quand je créais mon entreprise et à cet âge-là, lors des séminaires, quand je me présentais comme la promotrice de « Baara Muso », les gens étaient étonnés, tout en se demandant si je vais pouvoir assurer. Une autre difficulté est de ne pas avoir du bon personnel parce que c’est un travail d’équipe. Il faut pouvoir manager les gens, aller dans le même sens que votre équipe, chose qui est difficile.
Administrativement aussi, c’était compliqué parce qu’il n’y avait pas de structure fixe que je connaissais et à laquelle je pouvais donc me fier pour me conseiller et m’accompagner. L’accès aux crédits est très difficile aussi parce qu’au niveau des banques, on préfère toujours les entreprises qui sont mieux structurées et qui ont une assise.
Les banquiers considèrent que telle entreprise existe depuis 05 ou 10 ans, alors qu’à notre début nous n’avons pas ce carnet d’adresse et cette compétence-là. Maintenant, je pense que les jeunes entrepreneurs ont plus de chance parce que l’Agence pour la promotion des investissements (Api-Mali) est là et les aide énormément.
Qu’est-ce qui différencie votre restaurant des autres ?
Je travaille avec le cœur et cela donne de l’amour. Mon souci principal, c’est que quand un client entre chez moi, que ça soit un voyage culinaire.
Que la personne ne vienne juste pour débourser son argent, mais que ça soit plutôt un plaisir tant sur le plan accueil, cuisine et image même du restaurant. Que ça soit un voyage inoubliable. Que la personne se souvienne le lendemain de ce qu’elle a mangé au restaurant Baara Muso et ait envie d’y retourner.
Quels sont vos projets ?
D’ici deux à trois ans, je veux acquérir un titre foncier à l’ACI 2000 et y ériger mon propre restaurant parce que je suis en location. Je veux aussi basculer dans l’hôtellerie de luxe avec un service personnalisé. Je veux employer aussi beaucoup de jeunes pour leur donner la chance de se professionnaliser afin d’avoir un avenir dans ce métier. Aujourd’hui, j’en emploie 18.
Quel appel à l’endroit de vos sœurs par rapport à l’entreprenariat ?
Je dis à mes sœurs de croire en elles-mêmes et puis de se dire que tout est possible. C’est nous-mêmes qui nous fixons des limites, sinon la vie n’a pas de limite. Il suffit juste d’entreprendre quelque chose, se fixer des objectifs et avoir le courage de se battre pour les atteindre. Pour être entrepreneuse et femme au foyer, c’est très difficile de gérer les deux, ensemble. Il faut d’abord que votre époux soit quelqu’un de compréhensif et que les membres de la belle famille se joignent à vous pour l’éducation de vos enfants.
Réalisé par Marie DEMBELE