COUR D’ASSISES DE BAMAKO : Alou Ouattara et coauteurs prennent 10 de réclusion criminelle pour meurtre

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Né vers 2001 à Bamako, Alou Ouattara est conducteur de tricycle à Déguedoumou, cercle de Kangaba. Chaka Goumalé est le 31 décembre 2001 à Niafounké. Il est orpailleur domicilié à Déguedoumou. Né vers 1999, Sidiki Diarra est orpailleur domicilié à Déguedoumou. Ibrahim Coulibaly est né le 31 décembre 2000 à Sikasso. Il est orpailleur domicilié à Déguedoumou. Ils étaient tous devant les jurés de la Cour d’assises le lundi 10 octobre 2022 pour meurtre. Reconnus coupables, ils ont pris 10 ans de réclusion criminelle chacun.

e dimanche 5 mai 2019 vers 17 h, Amadou Guindo et Boubacar Sissao ont quitté Koflatiè, cercle de Kangaba pour se rendre aux placers de Déguedoumou, cercle de Kangaba toujours, à la recherche de l’or dans les anciens puits aurifères abandonnés. En cours de chemin de retour vers  23 h, en panne et Boubacar Sissao marchant péniblement à cause d’une douleur au pied a été devancé par son compagnon Amadou Guindo qui est arrivé avec la moto à destination dans leur village de résidence, pendant que Sissao trainait derrière.

Le lendemain lundi 6 mai 2019, Amadou Guindo s’est rendu au domicile de Boubacar Sissao pour s’enquérir de ses nouvelles d’où, il a été étonné de savoir que celui-ci n’est pas encore rentré depuis qu’ils sont sortis ensemble la veille. Avec l’aide des parents, ils ont entamé des recherches, notamment auprès des légitimités locales appelées « les tombolomas » sans succès.

Le mardi 7 mai 2019, ils ont décidé de saisir la Brigade territoriale de gendarmerie de Kangaba qui a ouvert une enquête à la suite de laquelle, elle a découvert le cadavre de Boubacar Sissao au fond d’un puits aurifère. Ladite enquête a permis à cet effet d’interpeller les nommés Alou Ouattara, Chaka Goumalé, Sidiki Diarra et Ibrahim Coulibaly qui ont été poursuivis et inculpés devant le magistrat instructeur pour meurtre. A l’enquête, les inculpés ont catégoriquement nié les faits qui leur sont reprochés.

Paradoxalement, lorsqu’ils décrivent les événements survenus dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 mai 2019 aux environs de 2 h du matin, ils soutiennent à tour de rôle qu’ils ont appréhendé Boubacar pour l’avoir soupçonné de venir voler leurs minerais d’or. De ce fait, ils l’ont ensuite ligoté des mains, attaché ses deux jambes liées à un bois avant de le frapper à coups de bâton afin qu’il puisse dénoncer ses complices.

Ils ajoutent que c’est en voulant s’échapper dans ces conditions que Boubacar Sissao a chuté dans un ancien puits aurifère qui manque d’oxygène et qu’ils ont tenté sans succès de le détacher au fond du puits.

Tour à tour, les accusés sont passés à la barre. Ils ont tous reconnu avoir porté des coups de fouet sur la victime, mais pas les faits de meurtre. Pourtant, ils ont violé les règles, car les tombolomas n’ont pas été informés. Une fois la victime tombée dans le puits, ils ne lui ont pas porté secours (la non-assistance d’une personne en danger ou péril).

Le procureur soulignera que les accusés veulent se disculper alors que les faits sont très clairs. « Attachée pieds et mains, bastonnée, sans aide et assistance, la victime est décédée à la suite des coups et blessures.

Pire, aucun d’eux n’a tenté de l’extraire pendant 48 h. Arrestation illégale, séquestration et bastonnade sont les causes qui ont occasionné la mort. Ils ont bel et bien voulu que la victime reste au fond du puits. Ils sont coupables », a défendu le ministère public.

Pour sa part, la défense a soutenu que pour échapper à la torture, la victime a fui et est tombée dans un puits. « Sur les sites aurifères, il n’y a pas de loi, chacun pour soi, Dieu pour tous. Nos clients ont fauté. Envoyer ces jeunes garçons à la potence n’est pas la solution. Nous vous demandons très humblement de leur accorder des circonstances atténuantes », ont plaidé les avocats.Après les débats, Alou Ouattara, Chaka Goumalé, Sidiki Diarra, Ibrahim Coulibaly ont été reconnus coupables des faits de meurtre et condamné 10 ans de réclusion criminelle chacun.

                 Marie Dembélé

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