Il n’est pas facile d’apprendre le décès d’une personne qui vous est chère. Assister à sa mise en terre, dur moment s’il en est, vient consacrer la rupture définitive voulue par le bon Dieu et prescrit dans le Saint Coran en ces termes : « Chaque âme goûtera à la mort ».
u décès de notre mère, la mère de notre directeur de publication, nous avons intensément vécu ces faits. Maya nous a faussés compagnie au moment où nous nous y attendions le moins. Cette femme, d’une bonté exquise, ne faisait pas de distinguo entre ses enfants et ceux des autres. Mais Dieu l’a voulu ainsi. Nous acceptons le décret divin et prions pour le repos éternel de son âme.
Certes Maya était malade depuis quelques années, mais nous ne pensions pas à son départ de sitôt parce qu’elle avait appris à vivre avec sa maladie, elle prenait soin d’elle-même en suivant méthodiquement son traitement. C’est le revers de la médaille qui nous a trompés de façon subite.
Dans la nuit de jeudi 25 à vendredi 26 novembre 2021, mon sommeil est coupé par un réveil inhabituel. Il était 4 h 50 du matin. Poussé par une force plus forte que ma volonté pour continuer mon sommeil, j’allume mon téléphone et tombe sur un appel de mon directeur de publication, Alou Badra Haïdara. A peine je dis allô, il lâche la phrase : « Ta vieille est partie pour de bon ».
Sous le coup de l’émotion, j’ai du mal à sortir du lit. Mais il fallait bien que je brave ce moment difficile pour rejoindre mon frère à l’hôpital du Point G aux environs de 5 h 20. Lui-même y était, pris au dépourvu alors qu’il revenait de la pharmacie après avoir acheté les premiers produits prescrits par le médecin.
A son retour, Maya nous avait quittés. Hélas ! Musulmane pieuse, Maya avait confié à ses proches que son plus grand souhait était de mourir un vendredi et de surcroît vers la prière du fajr. A y regarder de près (le jour et l’heure de son décès), on peut dire que le bon Dieu a exaucé ce vœu de notre chère mère Maya Baby.
Maya Baby ! Qui mieux que mon frère Abdoulaye Daga Théra (actuel préfet de Ménaka) ou moi-même pour témoigner des bienfaits de cette mère humaniste ? Nos maisons étant contiguës à l’Hippodrome, Maya nous a adoptés alors que nous étions sur les bancs de l’école primaire comme ses propres enfants. Elle ne se lassait de nous apporter des plats de sa recette, de nous donner des conseils de vie.
Le lien entre Maya et mon grand frère Abdoulaye Daga Théra était si fort qu’il me confiait quelques jours avant la date fatidique que certains avaient du mal à croire qu’elle n’était pas sa vraie mère. D’ailleurs, il arrivait souvent qu’elle refuse certains privilèges à ses enfants au profit du grand frère. C’est ça Maya. Aux fêtes du 31 décembre, de Tabaski ou de ramadan avant même qu’on ne lui rende visite, elle était la première à nous appeler pour nous souhaiter bonne fête.
En retour, le grand frère et moi partagions tous nos projets avec elle afin de recueillir ses conseils et bénédictions. D’ailleurs, en guise de reconnaissance, une des filles d’Abdoulaye Daga Théra, âgée aujourd’hui d’une dizaine d’années, porte son nom.
Sa disparition laisse un grand vide pour moi, mes frères, la famille Théra mais surtout pour sa propre famille et ses enfants plus particulièrement Alou Badra Haïdara avec qui la complicité se passait aussi de tout commentaire. Alou Badara Haïdara qui avait pour nom de jeunesse « Prince » est en effet l’homonyme du père de Maya. Elle-même se plaisait souvent à nous dire : « Prince est sorti ou il est par là ».
Une deuxième
disparition brutale
Autre anecdote : Alou me confiait avant le décès de sa maman ceci : « Est-ce que tu sais qu’on ne sait jamais contrariés sur un sujet ». Je dis mais comment ABH, il me répond : « Tu sais, chaque fois que je lui suggère quelques chose, elle me répond mon père, si tu le dis et que tu trouves que c’est bien, il n’y a pas de problème. Et vice versa ».
C’est pourquoi le jour du décès de Maya, j’ai compris la peine d’ABH qui, voyant sa mère, notre mère, ensevelie, a éclaté en sanglots. Et notre peine fut encore grande, lorsqu’à notre retour de l’enterrement, ce même vendredi, la grande sœur d’ABH, Mme Maïga Astan Haïdara, une des filles de Maya, sous le coup de cette disparition brutale, fut victime d’un malaise.A la veille de la mort de Maya, la nuit de jeudi à vendredi, Astan lui avait rendu visite. Ayant compris qu’elle n’était pas trop dans son assiette, elle avait souhaité passer la nuit à ses côtés. C’est sur insistance de sa mère qu’elle est retournée auprès de son mari. Avant qu’elle ne soit informée le lendemain du décès de la vieille.
Accompagnée de son époux, Astan s’est rendue dans la grande famille à l’Hippodrome. Sur place, elle a passé toute la journée assise abattue à recevoir les condoléances avant de piquer une crise vers le petit soir.
Transportée dans un centre de santé de référence, elle a reçu les premiers soins. A son retour à la maison aussitôt sortis du taxi, ABH n’étant pas rassuré sur son état de santé, l’a embarquée dans son véhicule. J’ai pris place à ses côtés et nous fonçâmes aux urgences de Gabriel Touré qui nous ont dirigés vers l’hôpital du Point G. Malheureusement, avant même qu’on ne la fasse descendre du véhicule à l’hôpital Point G, la volonté de Dieu était faite car un médecin nous informa qu’elle n’était plus de ce monde.
Deux décès dans nos bras en une journée. Et tous ceux qui ont conduit Astan ce jour à l’hôpital étaient inconsolables à commencer par son mari. Le samedi nous l’avons accompagné à sa dernière demeure au cimetière de Sotuba.
Agée d’à peine 47 ans, elle laisse derrière elle un garçon. Ma mère Maya, ma sœur Astan nous prions Allah, le Tout-Puissant, le Tout Miséricordieux de vous accueillir dans son Immense Paradis.
Votre fils et votre frère
Kassoum Théra qui ne vous oubliera jamais