Face à la crise socioéconomique que traverse notre pays, certaines activités sont affectées. Malgré tout, les petits métiers comme la coiffure font leur bonhomme de chemin. Le cas de Mme Diarra Nassira Kéïta en est la parfaite illustration. Propriétaire du salon « Christy coiffure », Nassira coiffe les femmes comme les hommes en plus de procéder au maquillage et de faire du commerce. Nous sommes partis à sa rencontre pour en savoir davantage sur cette brave dame.
Aujourd’hui Mali : Comment êtes-vous venue à la coiffure ?
Diarra Nassira Kéïta : Je me forgeais sur la tête de mes amies et quand mes parents m’ont envoyée au Ghana pour continuer l’école là-bas, j’ai cherché à apprendre davantage la coiffure vu que c’est un pays renommé en matière de coiffure.
Et concernant la coiffure masculine ?
Au Ghana, j’avais un ami qui coiffait les hommes. A chaque fois que je partais dans son salon de coiffure pour papoter, il me disait que si je savais coiffer, j’allais l’aider vu l’affluence qu’il y avait toujours chez lui. Je lui disais que je ne savais pas coiffer les hommes, mais les femmes. Il a tellement insisté qu’un jour je me suis décidée à le faire. Il fit asseoir un garçon devant moi et m’expliquait la procédure. C’est ainsi que j’ai développé un amour pour la coiffure masculine.
Avez-vous abandonné l’école au profit de la coiffure ?
Non, pas du tout ! C’est après mon échec au baccalauréat au Ghana que j’ai décidé de retourner au Mali et me consacrer à la coiffure. Après un bref séjour au Mali, je suis allée au Sénégal pour me perfectionner davantage dans la coiffure et le maquillage.
D’où est venue l’idée d’ouvrir un salon de coiffure pour hommes et pour femmes ?
A mon retour au bercail pour de bon, j’ai travaillé dans quelques salons, mais je n’étais pas tranquille parce que je ne coiffais que les femmes, alors que la coiffure masculine est une passion pour moi. Quand j’ai eu un fonds, c’est là que j’ai pensé à ouvrir mon propre salon où je peux jongler avec les deux.
Depuis l’ouverture du salon de coiffure, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée ?
Je suis dans la coiffure il y a 08 ans de cela, mais c’est en 2018 que j’ai ouvert mon salon. Le début de toute chose est difficile. Quand tu ouvres un endroit, ça prend du temps avant que les gens ne découvrent ton talent et pendant ce temps tu payes la location et tu entretiens l’endroit. C’est ce qui m’a fatiguée.
Comment vont les affaires maintenant ?
Maintenant, Dieu merci ça marche petit à petit. J’ai plus de clients que de clientes parce que si un homme vient se coiffer ici, il retourne satisfait et la prochaine fois il m’amène un nouveau client. Je fais le maquillage aussi, surtout les futurs mariés. En ce qui concerne ma recette, je peux gagner entre 10.000 et 15 000 Fcfa par jour.
En plus de la coiffure, pourquoi vendez-vous des sandwiches et des brochettes ?
Pour la vente des sandwiches et des brochettes, c’est parce que c’est difficile de trouver à manger dans ce coin. Quand mes clients viennent et qu’ils cherchent à manger, ils n’en trouvent pas, particulière les weekends alors que c’est en moment où il y a plus de clients. Les clients faisaient de long trajet sans avoir à manger et c’est ainsi que j’ai aménagé un coin près du salon pour ce commerce et Dieu merci, ça marche bien. Maintenant, les clients se coiffent tranquillement et ils trouvent à manger à côté, sans se déplacer. J’ai une aide-ménagère pour s’occuper de la vente quand il y a des clients pour la coiffure.
Arrivez-vous à vous occuper de votre activité et à jouer votre rôle d’épouse dans la famille ?
J’arrive à jouer mon rôle d’épouse, même s’il n’est pas facile de s’occuper du foyer et de son activité en même temps. Tout est question d’organisation. S’agissant de mon mari, il me soutient vraiment, ce qui est capital. Je m’occupe de ma fille et de moi-même car mon époux est à l’étranger depuis un certain moment. J’aide les parents aussi.
Un message à l’endroit des femmes ?
Je demande aux femmes de travailler car maintenant les hommes ne veulent que les femmes battantes. Et quand on mène une activité, il faut aimer ce qu’on fait et le faire avec sérieux.
Réalisé par Marie DEMBELE