Seydina Oumar Sow : Un dirigeant sportif modèle !

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Notre choix sur cet ancien membre de l’ASB, du Stade malien de Bamako et de la Jeanne d’arc n’est pas fortuit. Il est l’expression de la reconnaissance à l’égard d’un homme qui n’a rien ménagé pour servir le football malien. Nous avons décidé qu’il passe dans la rubrique, dont il est un fidèle lecteur et même un soutien. Des sportifs dont les difficultés ont été évoquées dans cette tribune ont reçu de sa part des cadeaux. Dans l’anonymat total.  Il était pour le Stade malien de Bamako, ce qu’est aujourd’hui Modibo Coulibaly pour le Djoliba, c’est-à-dire la passion du club, les grandes déclarations sportives pour choquer l’adversaire et démontrer qu’à cœur vaillant rien d’impossible. Le départ de Seydina Oumar Sow de la famille blanche a été un gâchis pour le club. S’il était resté au centre de pilotage du Stade, le vide laissé par le président Mahamadou Samaké dit  Sam allait être évité. D’aucuns diront certainement que le club a remporté une Coupe d’Afrique en son absence. Mais il est quand même évident que des hommes par leur simple présence font toujours mieux à travers leur clairvoyance, leurs compétences et leur sens de la responsabilité. Bref, Seydina Oumar Sow a des qualités qui font de lui l’un des meilleurs dirigeants des Blancs de Bamako. Comment il a intégré le Stade malien ? Pourquoi l’a-t-il quitté ? Dans quelles circonstances la JA a été créée ? Est-ce le divorce d’avec son club de cœur, le Stade malien de Bamako ? Seydina Oumar nous a reçus au Parc biologique de Bamako où la fraîcheur a permis la réalisation de notre interview, dans le cadre de la rubrique « Que sont-ils devenus ? »

eydina Oumar Sow est détenteur d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en droit public et criminologie, obtenu à l’Université d’Etat d’Odessa, au bord de la mer Noire en Ukraine. A son admission au baccalauréat en 1982, il n’avait pas pu s’envoler pour l’ex-URSS, parce qu’un embargo frappait les Russes. C’est ainsi qu’il passa une année à l’ENA, avant de partir pour ses études à l’extérieur en 1984. 

Six ans après, il était prédestiné à la profession d’avocat. Seulement pour des raisons liées aux directives de sa mère, Sow vire dans le secteur privé : en lançant une entreprise immobilière.

Qui est cet homme qui a

marqué son temps au Stade malien de Bamako ?

Seydina Oumar Sow était un dirigeant sportif à visage humain, qui donnait l’exemple à tout le monde. C’est le prototype du dirigeant qui reste dans les souvenirs de toutes les composantes du monde sportif, et qui tend à  disparaître actuellement.  Et pour cause! Son distinguo avec certains réside dans le fait qu’il était un mécène qui n’avait pas l’ambition du football business, c’est-à-dire investir dans le football pour pouvoir récolter les fruits après.

Sow investissait  de façon désintéressée. Son seul objectif ? Faire du grand plaisir pour lui-même, ensuite faire du grand plaisir aux hommes qui soutiennent son action, et son club de cœur : le Stade malien de Bamako. Il a été révélé aux observateurs, quand il était président de la section football des Blancs de Bamako sous le règne de Mahamadou Samaké dit Sam Dièma. Celui-ci a eu la bonne pioche de lui confier un monde du football du Stade malien, pour lequel d’ailleurs il est passionné. Parce qu’il ne rêvait que de faire du club le plus grand, le plus fort, capable de produire le meilleur football.

Voilà l’une des raisons fondamentales qui fait que qu’il était un admirateur d’Abdoul Razak dit Golden Boy, dont il a contribué à faire venir avec tous les bons résultats que le club a connus. Seydina Oumar Sow avait le don des déclarations tonitruantes, il parlait fièrement et savait dire les bonnes choses pour choquer l’adversaire.

Autant il était devenu ce responsable qui rassurait toute la grande famille Stadiste, autant il constituait un épouvantail pour la grande famille rouge, c’est-à-dire le Djoliba AC. Seydina Oumar Sow n’était pas seulement un bavard en parlant de son club, mais aussi il avait le don des déclarations qui motivaient, qui  semaient la panique et faisaient subir l’adversaire. En un mot l’homme savait motiver les joueurs, l’environnement, et savait se faire des objectifs pour les atteindre.

C’est la deuxième fois que nous rencontrions Seydina Oumar Sow.  La première date de la saison 2011-2012, quand la Ligue de Bamako était prise en otage par la candidature de Boubacar Monzon Traoré du Djoliba et Sékou Diogo Kéita du CSK.

Les clubs en fonction des affinités ont formé deux blocs, et Sow dirigeant de la JA à l’époque était le porte-parole du groupe qui soutenait Sékouba.

Reporter au journal « L’Aube », le directeur de publication Cheickna Hamala Sylla nous a instruit de rencontrer les protagonistes pour en savoir plus sur la mini crise. En sa qualité de président de la JA, M.  Sow à nous reçus dans un grand hôtel de la place avec tous les honneurs. Pour nous faire encore plaisir, il a proposé de nous payer au besoin une bière. Très surpris nous finirons par comprendre qu’il ignorait notre statut de musulman convaincu. En réalité le sobriquet Roger l’avait trompé. Comment il a intégré le milieu sportif ?

Il a fait ses premiers pas à l’Association sportive de Bamako avec Cheickna Hamala Nimaga. Celui-ci a demandé son soutien pour la montée du club en première division. Un défi que le duo relèvera avec brio. C’est de là qu’il sera sollicité pour diriger la section football du Stade malien en 2001. Au risque de se répéter l’expertise de Seydina Oumar Sow à ce niveau ne fait l’objet d’aucune ambigüité. Seulement il quittera en 2005 ses fonctions en raison des dissensions.

Seydina Oumar Sow a le football et sa gestion dans le sang. Son départ du comité exécutif du Stade malien a été une énorme perte. Le président Sam aurait dû éviter un tel scénario. Malheureusement, l’irréparable s’est produit parce que l’atmosphère s’était polluée et les réunions de bureau se tenaient sous tension. Yéhia Ag et Sow ont rendu le tablier.  La rupture sera consommée deux ans plus tard avec la création de la Jeanne d’arc. Un club dans lequel Yéhia Ag et Sow ont investi des dizaines de millions pour rivaliser avec les grandes équipes. Un investissement qui a permis au jeune club d’occuper la troisième place du championnat malien.

Est-ce une façon d’abandonner le club ou même jeter le bébé avec l’eau du bain ? Comment pouvait-il agir ainsi eu égard à tout ce qu’il fait comme effort ? Non rétorque Seydina Oumar Sow. Pour lui, l’essentiel était fait avec les résultats engagés et la réalisation du projet de construction d’un terrain d’entraînement.

Dommage que la JA soit tombée en disgrâce pour se retrouver dans les ténèbres de la 2e division. Depuis lors Sow observe le silence. Il est difficile de le rencontrer dans un stade de football. Pourquoi ? Est-il prêt à retourner au centre de pilotage du Stade ? « Je ne peux pas abandonner le Stade malien, parce que c’est mon club de cœur. A la suite de mon débarquement de la présidence de la JA, j’ai décidé de faire profil bas. Surtout que ma famille vit actuellement en France. Il est normal que je fasse la navette. Sans oublier que le football malien a connu une crise, dont les ramifications ont eu tendance à déchirer le tissu social des dirigeants sportifs. Je ne pourrai quitter le Stade. Certes, pas au comité exécutif, mais en tant que personne ressource, d’ailleurs je suis en contact avec Cheick Diallo ».

Par rapport à la brillante qualification des Aigles les barrages de la Coupe du monde, Sow estime que les jeunes peuvent se qualifier, seulement tout dépendra du tirage de dernier ressort. Mais de façon générale il conclut que les équipes africaines n’ont pas le niveau requis. C’est à dire qu’il ne faut pas s’attendre à un bon résultat des Aigles au cas où ils se qualifieraient. Cependant, il conseille à la Fédération et à l’encadrement technique de tout faire pour conserver cette génération pendant au moins quatre ans, pour une victoire finale à la Can.

Ses bons  souvenirs sont : la victoire du Stade malien contre le Hearts of Oaks d’Accra en Coupe d’Afrique, la finale de la Coupe du Mali remportée par les Blancs à Koulikoro face au Mamahira de Kati, le sacre du Stade en Coupe Caf (2009).

Quant aux mauvais souvenirs ils se résument à la défaite du stade face au Vita Club de Zaïre en 1973, la défaite du Stade devant la JA de Dakar en  2002 et la chute en 2e division de la JA de Bamako. Dans la vie Seydina Oumar Sow aime le football, la lecture, la promenade dans la nature et surtout s’occuper de ses parents.  Il déteste l’hypocrisie,  la malhonnêteté.

 L’homme est marié et père de six enfants, dont trois filles. Bien que Peul bon teint, son plat préféré est le couscous. Aujourd’hui, loin des stades, son programme dans la journée se résume à la prière, au sport et le travail au bureau.

O. Roger

Tél (00223) 63 88 24 23

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