On n’oubliera pas de si tôt ces épisodes de buts signés ce joker de charme du Stade malien de Bamako en la personne de Boubacar Coulibaly que notre confrère de Radio-Mali, le doyen Djibril Traoré a surnommé « Buteur patenté ». Un surnom qui lui sied à merveille tant le virevoltant attaquant pointait les buts comme on empile les perles pour délivrer son équipe, en difficultés ou le couteau à la gorge, à chaque fois qu’il entrait en cours de jeu. A tel point qu’à l’époque, certains supporters blancs discutaient les choix de l’entraineur Mamadou Kéïta dit Capi qui l’abonnait au banc de touche. Pour Capi, Yacouba Traoré « Yaba » et Boubacar Coulibaly sont rentables dans une fourchette d’une demi-heure au plus, par rapport à d’autres sur quatre-vingt-dix minutes. L’objectif, c’était bien entendu les buts, la victoire, et ces deux joueurs répondaient aux aspirations de leur entraineur. Qui cherche mieux ? Boubacar Coulou, Buteur patenté, l’oiseau rare, le sauveur ou encore Paolo (Paolo Rossi s’entend, l’attaquant italien meilleur buteur de la Coupe du monde 1982 en Espagne), selon les différentes appellations qui lui collent, est notre héros de la semaine dans la rubrique « Que sont-ils devenus ? ». Il nous a reçus dans un décor très détendu dans la grande famille Coulibaly sise à Ouolofobougou.
our être précis Boubacar Coulou était un attaquant de métier, un buteur inné. Evolutif sur les deux couloirs, il avait plusieurs options pour marquer : soit il fixait l’adversaire, le dribblait et battait le portier directement, soit il sollicitait une combinaison avec Mohamed Djilla ou Yaba pour marquer des buts anthologiques, d’une reprise de volée, ou d’un tir croisé. Naturellement nerveux, mais sur un terrain de football Boubacar Coulou supportait toutes les provocations de l’adversaire avant qu’il ne marque un but. C’est le moment pour lui d’apporter la réplique à travers sa façon de manifester le but.
Né à Ouolofobougou, au centre de la ville de Bamako en Commune III, où le football est une passion pour les jeunes, « Buteur patenté » est révélé dans l’équipe de l’AS Botafogo, où avec ses deux complices, Cheick Tidiane Traoré et Zoumana Kanté dit Kara, ils défiaient les autres équipes rivales du quartier au début des années 1973-1974.
Sélectionné comme mercenaire par la célèbre équipe de Bolibana, Africa FC, il sera recruté définitivement pour être utilisé comme arme fatale face à un autre club, Flèche Noire de N’Tomikorobougou où évoluait feu Gaoussou Samaké. Les duels entre ces deux équipes, avec un maestro comme Boubacar Coulou, drainaient plus de monde, qu’un match de D2 français.
Malheureusement, c’est le moment choisi par son père pour envoyer le jeune Boubacar à Banamba. Il craignait que le football n’entrave ses études dans une année scolaire où Boubacar Coulou devait faire le D.E.F. La présence d’un citadin dans un cercle à l’époque donnait lieu à des commentaires jusque dans les hameaux.
Lors de la semaine régionale, il marque 10 buts en trois matches. Ensuite il fera deux passages remarqués à Kolokani, dans le cadre du championnat régional ; un titre qu’il offrit à Banamba.
Une fois le D.E.F en poche, Boubacar Coulou retourne à Bamako en 1979, quelques jours seulement après la finale de la Coupe du Mali de football remportée par le Djoliba au détriment du Stade et cette prestation de rang de Cheick Salah Sacko.
Fidèle au Stade jusqu’au bout
Le 10 août, il rentre en deuxième mi-temps et marque son premier but avec le Stade malien de Bamako contre le Hafia FC de Conakry, présent au Mali dans le cadre d’un jumelage. Cette période coïncida avec le retour de Mamadou Kéïta dit Capi d’Allemagne. Le technicien fera de lui son Joker, et Boubacar Coulou en a profité pleinement.
Il a à son actif 17 sélections en équipe nationale où sa première sortie date de 1982 à la faveur de la coupe CEDEAO contre la Gambie à Bamako.
Boubacar Coulou est l’un des rares joueurs qui n’a pas tourné dos au Stade malien, quel que soit sa position. Déjà en 2013, dans un cri de cœur, Boubacar Coulou disait que « l’amour du Stade malien de Bamako n’est pas un vain mot, mais un comportement digne ». Par la même occasion, il invitait les dirigeants à faire un clin d’œil au rétroviseur pour voir l’identité du Stade malien au temps de Ben Oumar Sy. C’est-à-dire la politique de jeunes, seule alternative pour que le club retrouve ses valeurs d’antan.
Pour conclure, » Buteur patenté » demanda aux anciens joueurs d’éviter l’étiquette de sapeurs-pompiers. Ils doivent plutôt être au chevet du Stade malien de Bamako pour trouver une solution définitive aux maux qui le rongent depuis des décennies.
Actualité oblige, nous avons profité pour demander ses impressions par rapport à la nomination d’un coordinateur au Stade. Voici ce que Paolo dit : « Le Stade malien ne doit pas être confié à n’importe qui. Certains dirigeants ont failli à leur devoir. Ils sont différents de ceux-là que notre génération a connus. Je soutiens l’idée de la nomination d’un coordinateur, parce qu’après le mandat du bureau sortant, le club ne devrait pas ressembler à un navire sans commandant de bord. Pour la gestion de l’équipe, il faut des spécialistes, et qui sont prêts à se sacrifier pour elle ».
Au-delà des propos de Boubacar Coulou, à notre avis, la décision du Comité des Sages et du président d’honneur, sent le désamour vis-à-vis du président sortant Maître Boubacar Karamoko Coulibaly. Dès l’instant que l’Assemblée Générale n’a pas pu se tenir pour des raisons de Covid-19, pourquoi ne pas laisser le bureau sortant continuer jusqu’à nouvel ordre ?
Pour revenir à notre héros, au Stade malien, « Buteur Patenté » a remporté sept coupes du Mali (1984, 1985, 1986, 1988, 1990, 1992, 1995) et cinq titres de champion (1987, 1989, 1993, 1994, 1995), deux doublés ( 1984, 1995).
Il a pris sa retraite en 1995, fit une saison au Seed Club d’Oman (1996).
L’année suivante, en 1997, il prend les reines des juniors du Stade. A partir de 1998 il assura les fonctions d’adjoint des différents entraineurs qui se sont succédés, à savoir feu Diofolo Traoré, Modibo Diawara, Cheick Diallo, Mohamed Djilla, Abdoul Razak et ce jusqu’en 2001. Date à laquelle il fait monter l’AS Biton de Ségou en première division.
Au terme de cet exploit, il fut régulièrement sollicité pour diriger l’ASB (2011), l’ASKO (2012), l’US Bougouni (2013), le Débo Club de Mopti (2014), l’US Douanes (2016), Allanso de Koutiala (2017). Tout cela pour sauver une situation, ou assurer les compétitions de montée en première division.
Actuellement, Boubacar Coulou est entraineur de l’US Bougouni.
Pour parler de ses bons souvenirs, il retient l’ambiance qui a toujours régné au sein de sa génération au Stade, le premier doublé en 1984, la considération et le dorlotement de Bourama Traoré du Djoliba lors des rassemblements de l’équipe nationale. Lequel l’a toujours choisi pour être son compagnon de chambre, et veillait sur lui, au même titre que Fagnéry Diarra, Idrissa Traoré dit Poker.
La non-qualification des Aigles du Mali à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations tout au long de leur génération constitue son seul mauvais souvenir.
Dans la vie Boubacar Coulou aime le football, l’honnêteté, la solidarité, l’entraide. Il déteste l’injustice, le mépris.
Paolo Rossi est marié il est père de 4 enfants. O. Roger
Tél (00223) 63 88 24 23