Que sont ils devenus ? Fatoumata Kéïta dite Mamio : Ex-reine des parquets du Réal, du Djoliba et du Stade malien

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L’ancienne basketteuse internationale du Djoliba AC, Kamissa Kéïta, s’est exilée en Europe (en France, puis en Belgique) en 1985 au firmament de sa carrière. Grâce à votre rubrique préférée « Que sont-ils devenus ? », ses deux enfants (tous basketteurs) sauront que leur génitrice a été l’une des plus grandes étoiles de sa génération. En l’écoutant religieusement, nous étions impatients de savoir, comment une fille née à Kolokani et qui a grandi là a pu devenir une icône du basket-ball malien ; et de surcroit, à l’époque, tous les clubs de Bamako regorgeaient de vedettes. Jeune (16 ans) et toujours collée au transistor de son père, Kamissa écoutait la retransmission des matches de basket-ball. Elle est piquée par le virus de la discipline, et décide de la pratiquer. Si elle rêvait de suivre les traces des Pinpin, Sali Dembélé, Aïssata Guinto et autres, c’est plutôt des joueuses de l’AS Réal de Bamako comme Lala Tangara et Bintoublen qui l’impressionnaient. Mais finalement, Kamissa jouera au Djoliba AC au détour d’un coup du destin. Bien lui en prit, comme nous le verrons dans la suite de cet article consacré à celle que le journal « Podium » prédira comme étant « l’avenir du basket-ball malien ». Bonne lecture !

Dans la gestion de sa carrière, elle n’a pas fait dans la dentelle. Chaque fois qu’il s’agissait de prendre une décision, elle ne tergiversait pas. Cela fut le cas quand elle devait effectuer ses transferts successifs du Réal au Djoliba puis au Stade malien de Bamako. Très jalouse, elle explique ce trait fondamental par la polygamie dont personne ne maîtrise les ramifications et ses corollaires que sont la méchanceté, l’égocentrisme, l’instabilité dans le foyer. En tant que musulmane, elle ne saurait contredire les principes du Saint Coran, qui autorisent la polygamie avec ses conditions certes, mais, ajoute-t-elle, aucune femme n’aime partager son homme de plein gré. Dans la vie, elle aime le sport, l’esprit de famille, la sincérité et les bonnes choses. A l’opposé, elle déteste le mensonge, l’hypocrisie et la trahison. Mariée avec trois enfants, dont une fille, elle vit présentement en France.

Elle, c’est bien entendu Fatoumata Kéïta dite Mamie ou Mama dans la famille. Son amie d’enfance, Awa Meïté, une Ivoiro-Malienne, préférait l’appeler « Mamio ». C’est finalement ce sobriquet à la consonance ivoirienne qui va supplanter les deux premiers. Turbulente dans l’enfance, son père, pour la recadrer, a décidé de la confier à l’entraîneur du Réal, Emile Fofana dit Zito. Mamio, qui n’avait que 7 ans, est alors placée sous la garde de Boubacar Diallo dit Béké.

Avec d’autres filles de sa génération, elle apprend les B.a.-ba du basket-ball. Au bout de quatre ans, le jardin d’enfants des Scorpions, aguerri, constituera l’équipe cadette, avec des matches d’entraînement avec l’équipe B. Mamio, très intelligente, qui bénéficiait d’un traitement spécial de l’encadrement technique, s’est détachée du lot.

Son père ne pouvait rêver mieux. Toutefois, les Réalistes, après avoir façonné Mamio, seront pris au dépourvu. Leur étoile file tout droit au Djoliba AC sans ambages. Que s’est-il passé ? A l’occasion du tournoi de l’amitié organisé à Abidjan en 1990, le Djoliba sélectionne le jeune prodige pour renforcer son effectif. Alibi ou stratégie ? Ce qui est sûr, les Djolibistes n’ont pas manqué d’astuce pour débaucher Mamio.

Le président de la section basket-ball de ce club, Minamba Kéïta, a mis en jeu ses relations d’amitié avec le père de la joueuse pour perpétrer son coup. Les Réalistes poignardés dans le dos n’ont vu que du feu. Mamio paiera cash ce transfert avec son formateur Zito, qui lui déclarera une guerre ouverte et frontale.

Cette joueuse qui, par ses dribbles, pénétrations et shoots à distance, vous donnait l’envie du basket-ball, est notre invitée de la semaine. C’est dans le cadre de la rubrique « Que sont-ils devenus ? » Quels ont été les méandres de sa carrière ? Qu’est-ce qui explique sa discipline dans ses prises de décision. Sa retraite ? Sa vie en France ? Tout est passé au peigne fin ici pour le bonheur de nos fidèles lecteurs.

En demandant à Mamio quel a été l’impact du basket-ball sur sa vie, elle répond que la discipline a contribué à stabiliser sa santé parce qu’elle était asthmatique. Au fil du temps, ce mal est devenu un souvenir grâce à ses efforts physiques. Elle a beaucoup voyagé à travers le monde. Elle s’est créée des relations à tous les niveaux. Ce qui lui a permis d’avoir des facilités partout où elle est passée. Et quand elle devait regagner son mari en France, c’est son statut d’ancienne internationale de basket-ball qui lui a servi de passeport pour le visa.

Bref, elle est formelle que la pratique du basket-ball a eu un impact positif sur sa vie. Cependant, Mamio se cabre dès qu’on compare son temps à celui de la génération actuelle. Selon, elle les temps différent du point de vue engagement et même motivation. La passion pour le sport, l’amour du pays guidaient tous leurs actes, et les empêchaient de revendiquer pour l’amélioration des conditions. Leur génération était internée au lycée de Badalabougou, pas dans les grands hôtels. Aujourd’hui tout cela a changé

Les différentes équipes nationales de basket-ball sont dans des conditions extraordinaires. Mamio se réjouit des résultats engrangés par ses cadets et l’amélioration de leurs conditions. Pour parler de ses bons souvenirs, elle se rappelle d’une défaite qui aurait pu être enregistrée dans le tableau des mauvais souvenirs. Mais le suspense maintenu jusqu’à l’ultime minute lui est restée en mémoire.

C’était à l’occasion d’une rencontre de Play Off où le Djoliba a battu le Stade avec un écart de 12 points. Au match retour, les Blanches ont établi la parité, et le Pavillon des sports était en ébullition. Dépassés par la tournure des événements, deux remplaçantes du Stade sont entrées sur le terrain à leur insu. Faute technique, avec comme conséquence deux lancers francs. Ce jour, il ne fallait pas voir Astou Ndiaye prendre les pieds de l’arbitre afin qu’il annule sa décision. Dommage ! Kadia Cissé, la spécialiste des situations difficiles, a réussi les deux points et offrit le titre de champion au Djoliba.

Le dernier mot

Fatoumata Kéita dite Mamio a beaucoup profité des générations dorées avec lesquelles elle a évolué au Djoliba et au Stade malien de Bamako. Elle avait une technique d’orfèvre, doublée d’une bonne vision de jeu et d’un bel esprit d’équipe. Ce qui lui conférait le statut de commando, qui intervient dans les ultimes minutes pour sauver une situation.

Au Stade, cet esprit d’équipe allait au-delà du terrain. Autrement dit, les joueuses des Blancs se fréquentaient, et se côtoyaient, de telle sorte qu’elles venaient dans le Pavillon des sports, avec une disposition d’ensemble qui leur permettait de s’imposer plus facilement.

Au Djoliba, Mamio n’aura passé que deux ans au Djoliba (1988-1990). Après avoir remporté deux coupes du Mali et un titre de champion, elle s’embarquera pour le Stade malien de Bamako parce que les dirigeants ont fait des propositions concrètes. Mieux elle dit avoir été aussi motivée par ses relations avec les joueuses du club : Astou Ndiaye, Mariam Diarra dite Bozo, Fatoumata Berthé dite L’homme, Koura Traoré.

Mamio a  appartenu au Stade à un groupe dont le slogan était « Unies, nous vaincrons » et le mot d’ordre « Suivre les traces du trio infernal, Sali, Guinto et Fouky » pour maintenir l’esprit de vaillance cultivé par leurs devancières. Mamio dont la venue dans la famille blanche a été un plus s’est vaillamment comportée pour justifier tous les moyens déployés par les dirigeants stadistes pour son transfert. Et jusqu’à son départ au Maroc en 1994, elle fut l’une des animatrice du jeu stadiste avec quatre coupes du Mali.

Elle s’était rendue au Maroc pour rejoindre sa mère. Un séjour qui a enregistré un contrat de deux ans à l’équipe du Crédit Agricole, sanctionné par la Coupe du Roi. Faudrait-il rappeler qu’à un moment donné, sa venue dans la famille blanche a été un goût d’inachevé.

L’ambiance suscitée au lendemain de son arrivée sera vite estompée par l’AS BIAO qui débaucha trois joueuses du stade malien : Koura Traoré, Yagaré et Mamio.

Scrupules

Son transfert n’a pas produit les résultats escomptés. Mamio en a été une victime. Comment ? Elle explique : « Nous étions trois joueuses à transférer à l’AS BIAO. Je ne sais pas comment les Stadistes ont pu faire échouer notre départ. Les deux autres sont retournées, moi non.

La banque m’avait donné une moto et beaucoup d’argent. Mon honneur ne me permettait pas de trahir. Les dirigeants du Stade ont fait des contre-propositions, je n’ai pas cédé. Pour la circonstance, j’ai écopé d’une année de suspension. Je me contentais des matches amicaux avec l’AS BIAO. A la fin de la saison, l’équipe banquière a eu des problèmes et elle a disparu. Ma décision de ne pas retourner au Stade pendant que j’avais signé la licence à l’AS BIAO ne relevait pas d’un dédain vis-à-vis du club. J’ai juste honoré mon engagement ».

Puisque l’aventure de l’AS BIAO  a été un fiasco, Mamio retourne au Stade et c’est là qu’elle a pris sa retraite en 2002.  Elle avoue avoir fourni trop d’efforts durant sa carrière. Donc le moment était venu pour lui d’arrêter, même quand elle a rejoint son mari dans l’hexagone en 2004, elle a décliné l’offre de deux clubs qui l’ont sollicitée.

Comme mauvais souvenir, elle revient sur un calvaire. « Le seul mauvais souvenir que je retiens est le traitement dont j’ai été victime de la part du coach Cheick Oumar Sissoko dit Yankee lors des Jeux de la Francophonie à Madagascar en 1997. J’ai été gardée sur le banc de touche durant tous les matches de la compétition. Finalement, j’ai cessé de m’entraîner jusqu’au retour de l’équipe nationale à Bamako. Je n’ai pu trouver une explication à ce comportement de Yankee à mon égard.

Je ne lui ai pas demandé, pour plusieurs raisons. Mais force est de reconnaitre qu’à cause de cette situation, il y a eu une rupture entre nous. Cela s’explique par l’analyse que j’ai faite du problème. Il était rare que je perde la forme et mes différentes sélections en équipe nationale l’attestent. S’il avait sa décision de ne pas me faire jouer, il ne fallait pas qu’il m’amène ».

Pour parler de son parcours en équipe nationale, il faut remonter à l’année de son transfert au Djoliba (1988). Joueuse constante, Mamio n’a jamais quitté la scène internationale non seulement avec les différents clubs pour les coupes d’Afrique de clubs champions, mais aussi avec les Aigles basketteuses. Elle a participé à deux championnats d’Afrique féminin (Sénégal 1993, Kenya 1997, les Jeux de la Francophonie à Madagascar la même année.

Vivant dans l’Hexagone depuis 2002, elle s’occupe désormais de son foyer, avec un regard sur le basket-ball malien, sa passion.

O. Roger Tél ( 00223) 63 88 24 23

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