Que sont ils devenus ? Alassane Coulibaly : Le patron de la défense lors de l’épopée glorieuse du Sigui
Nous avons rencontré Alassane Coulibaly dit Georges (en référence au défenseur ghanéen), quelques jours seulement après son retour de Kayes. Il venait d’assister au 33e anniversaire de la Coupe du Mali, remportée par le Sigui, le 5 juillet 1987 face à l’AS Réal de Bamako. Score final : 2-1. Après sa retraite, Alassane Coulibaly s’est fait discret, comme nous l’avions déjà remarqué à la Maison de jeunes, où le Sigui de Kayes était toujours interné. Comment l’enfant de Darsalam s’est retrouvé à Kayes ? Quels étaient le secret et les motivations de la belle épopée du Sigui ? Son transfert au stade malien de Bamako ? Ses aventures en équipe nationale ? Alassane Coulibaly, peu bavard s’est montré disponible pour répondre à toutes ces questions, dans le cadre de la rubrique « Que sont-ils devenus ? ».
Géant, Alassane Coulibaly mesure environ 2 m. Elégant, discret et discipliné sur le terrain, il donnait l’impression d’un joueur à consignes. Ses atouts face aux attaquants : l’anticipation, le jeu de tête et l’art de défendre par des tacles réguliers. Le libéro du Sigui, Bourama Traoré, ne disait-il pas que sa forme et sa motivation dépendaient de l’humeur de son stoppeur, Alassane Coulibaly.
De Kayes à Bamako, il s’est imposé dans l’axe kayésien, stadiste et le couloir droit des Aigles que lui confiait Kidian Diallo. Autrement dit, Alassane Coulibaly a marqué son temps. A-t-il bénéficié des retombées à la mesure de son bon parcours ? Difficile de répondre par l’affirmative pour tous les cas. La victoire en finale de la Coupe du Mali a procuré une moto de marque « CT », le sacre des Aigles en 1989 au tournoi Cabral un terrain à usage d’habitation et des primes, les différents transferts, des offres à la limite des dirigeants. Bref, le football n’a pas assuré l’indépendance d’Alassane Coulibaly.
A défaut de pouvoir gagner sa vie dans la Cité des rails, à sa retraite à travers les petits business, Georges s’est résolu à rentrer à Bamako en 2000. Aujourd’hui, il ne tire pas le diable par la queue comme bon nombre d’anciens sportifs. Il est employé dans une société de gardiennage de la place. A la question de savoir s’il regrette d’avoir joué au ballon, au détriment de ses études, Georges estime que le football est le jeu favori de tous les enfants du Mali.
A un moment donné il lui a servi de tremplin pour se faire une histoire, et atteindre certains niveaux. Mais le seul fait de ne pas avoir récolté les résultats escomptés ne saurait être une source de regret. L’évidence est qu’il s’est battu aussi pour défendre le drapeau national. Ce qui constitue une obligation pour tout Malien en temps normal.
Malgré tout sa carrière est aussi liée à des bons souvenirs : la Coupe du Mali de 1987, le tournoi Cabral remporté à Bamako en 1989, les différents voyages de l’équipe nationale, et des mauvais souvenirs : la lourde défaite contre le Djoliba, celle des Aigles contre les Eléphants de Côte d’Ivoire en 1989.
Comment Alassane Coulibaly a rejoint le Sigui ? Quels ont été ses débuts dans le quartier ?
Le doyen Demba Coulibaly a contribué à valoriser l’équipe du Sigui et à donner un renom à certains joueurs qu’il admirait beaucoup. Cependant ses commentaires sur le Sigui de Kayes, pouvaient s’expliquer par le fait qu’il est de la région. En réalité, l’automatisme, la cohésion et la complicité entre ces jeunes émerveillaient le public sportif malien, surtout quand ils ont été choisis pour prendre la relève. Cela suite au départ des cadres de l’équipe. Le Sigui de Kayes, new-look de la saison 1985-1986 enchaîne les victoires « cinq matches, cinq victoires », face à l’Usfas, le Réal, le Stade malien de Bamako, le Tata de Sikasso et le COB, avant d’être étrillé par une défaite sanglante devant le Djoliba « sept buts à zéro ». Après ce faux pas, la population debout derrière son équipe en voulait plus à l’encadrement accusé d’être des supporters du Djoliba AC. Alassane Coulibaly résume ces exploits en trois mots : la jeunesse, le mental et la crainte des représailles des Kayesiens, intolérables et intraitables sur la gestion des défaites. L’année suivante l’équipe de la Cité des rails remporte la Coupe du Mali, avec comme stoppeur un certain Alassane Coulibaly. Il s’est seulement donné le temps de disputer la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, avant de débarquer à Bamako pour jouer au Stade malien de Bamako.
Une aventure qui lui a permis de jouer deux tournois Cabral (Guinée-Bissau en 1988, celui remporté par les Aigles une année plus tard), les éliminatoires de la Can de 1990, contre le Liberia, le Maroc et la Côte d’ivoire. En 1990, le président du Sigui est venu chercher les enfants de l’équipe pour reconstituer cette famille soudée. C’est dans ce contexte qu’Alassane Coulibaly retourne à Kayes, pour jouer quatre saisons avant de prendre sa retraite en 1996. Ainsi se referma la carrière de Georges. Laquelle a commencé à Darsalam au début des années 1977-1978, dans les clubs de quartier avec ses amis, et au centre de formation de Cheickna Traoré dit Kolo.
En 1980, il rejoint sa sœur aînée à Kayes pour le reste de ses études. Si les débuts de Georges ont été difficiles, sinon même décevants lors des compétitions inter scolaires, il ne s’est pas laissé dominer par le complexe, le découragement. Selon lui, après avoir échoué lors de son baptême du feu, il multiplie les séances d’entraînement journalières, jusqu’à avoir une place de titulaire dans l’équipe du Khasso. Dépositaire au milieu de terrain, le coup d’essai de l’entraîneur devient un coup d’éclat lorsqu’il fait évoluer Alassane au poste de latéral. Ce jour, se rappelle Georges, il a neutralisé l’un des meilleurs joueurs de la région. Cet exploit le rend populaire dans la cité, et il en profite en multipliant les entraînements individuels en dehors des heures de cours.
Cette période coïncide avec la création de l’équipe junior du Sigui de Kayes, composée de tous les jeunots talentueux des différents quartiers de Kayes. C’est surtout cette coupe « Oumar Samba Diallo » qui sert de cadre aux responsables de la jeunesse, pour faire cette sélection de jeunes talents, parmi lesquels Fousseyni Diarra, Mady Diallo, Amadou Thiam.
Le déclic et la nouvelle page de l’histoire du Sigui naissaient de cette initiative. Elle permet de construire une équipe homogène composée de jeunes pétris de talents. Comme évoqué plus Alassane Coulibaly fait partie de cette génération de l’équipe régionale, et y a laissé sa part de tache indélébile.
Alassane Coulibaly est marié avec des enfants. Dans la vie, il aime la franchise, le respect mutuel et déteste l’hypocrisie, le mensonge et la méchanceté.
O. Roger
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