Dans le cadre du processus de sortie de crise, les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare) ont rencontré, entre octobre 2018 et septembre 2019, une quarantaine de partis politiques, des organisations de la société civile, syndicats, quelques partenaires européens au Mali et le président IBK. Il s’agissait pour les responsables du parti de faire part d’une contribution du processus de sortie de crise. A l’issue de ces différentes rencontres, le parti a consigné les conclusions de celles-ci dans un document intitulé : » Contribution à un processus de sortie de crise durable au Mali » dont nous avons pu nous procurer une copie.
A en croire le parti Fare, le Mali se trouve aujourd’hui dans une situation particulièrement grave en raison de la crise multidimensionnelle qui le secoue. Du nord, l’insécurité s’est étendue au centre, voire à l’ensemble du pays et sous différentes formes, y compris les affrontements communautaires, sur fond de mutations socio-culturelles, écologiques et de trafics en tous genres.
Malgré les progrès accomplis, l’Accord issu du processus d’Alger peine à enclencher la phase de stabilisation.
S’y ajoutent une crise politique résultant de la dernière élection présidentielle et un front social traversé par une série de revendications catégorielles entrainant des difficultés au plan social et économique. « Nous devons avoir la lucidité et le courage de constater qu’en plus de l’Etat, la société malienne est elle-même confrontée à une crise morale profonde », déplore le Parti.
Cependant, les Fare rappellent que les difficultés que notre pays traverse sont l’aboutissement d’un long processus d’affaiblissement de l’Etat dont les racines remontent assez loin dans le temps et dont la crise de 2012 n’a représenté qu’une phase aigüe. « Notre pays n’a pas su au cours des cinquante premières années de son indépendance faire évoluer, avec le temps et le contexte, la République, les institutions et la gouvernance afin de répondre efficacement aux besoins et attentes des populations de plus en plus ouvertes sur le monde et forcément de plus en plus exigeantes », peut-on lire dans le document.
Selon le Parti, les modèles institutionnels et économiques nés avec les indépendances ne sont plus en mesure de donner efficacité et cohérence même aux programmes les plus judicieux. « Il nous faut donc changer de modèle et avoir une vision globale sur le long terme si nous voulons donner à notre pays une chance de redéfinir son avenir, en permettant aux Maliennes et aux Maliens de convenir du Mali qu’ils veulent bâtir à moyen et long terme et surtout d’en être les principaux acteurs, car aucune solution durable n’est possible sans une réelle refondation de l’Etat et sans que l’initiative soit rendue aux populations afin d’offrir à chacune et à chacun la possibilité de trouver dans la dignité, l’équité et la justice, la place qui lui revient au sein de notre nation unie et plurielle », proposent-elles.
A l’en croire, tels sont le sens et l’objectif du Dialogue national refondateur, qui est, selon le Parti, une véritable opportunité historique porteuse d’avenir pour notre pays.
En ce qui concerne la déclinaison du processus, les Fare précisent que le processus devant aboutir à la tenue du Dialogue national refondateur peut se décliner ainsi qu’il suit : le président de la République annonce à la nation malienne dans un message solennel son intention d’initier ledit dialogue comme réponse à la grave crise multidimensionnelle qui affecte le Mali ; le président de la République missionne le gouvernement aux fins d’organiser une Conférence des forces politiques et sociales maliennes dans le but de négocier un Accord politique devant permettre de convenir d’un processus véritable de sortie de la crise structurelle que vit notre pays.
Cette Conférence politique, souligne le parti, permettra d’établir un diagnostic partagé de la situation, des enjeux, des défis et de nos vulnérabilités structurelles. Ainsi, les conclusions qui en seront issues constitueront les termes de référence d’un processus malien solide et durable de sortie de crise et dont la pierre angulaire sera le Dialogue national refondateur.
Aussi, faut-il préciser que ce dialogue présidé par une personnalité consensuelle portera sur l’ensemble des sujets d’intérêt national, la priorité étant donnée aux réformes politiques, institutionnelles et sécuritaires. Il donnera par la même occasion à l’Accord issu du processus d’Alger un souffle politique nouveau et partagé.
Toujours dans la déclinaison du processus, l’ancien Premier ministre propose, entre autres, un Pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement qui sera négocié, convenu et inclus dans l’Accord politique, afin de créer un climat d’apaisement, de sérénité, de confiance mutuelle et d’assurer la continuité régalienne de l’Etat. « Le Président de la République nommera un gouvernement de mission restreint qui aura la charge de mettre en œuvre le pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement, de mettre en œuvre les réformes politiques et institutionnelles prioritaires issues du Dialogue National Refondateur, dont la révision constitutionnelle. Cette mise en œuvre se fera suivant un agenda électoral approprié », mentionne le document.
Aux dires du Parti, l’objectif à terme est de disposer, grâce au Dialogue national refondateur, des propositions endogènes et partagées devant permettre à notre pays d’engager les réformes institutionnelles et politiques indispensables à sa sécurité, son développement et sa croissance.
Boubacar PAÏTAO