LETTRE AU PRESIDENT DE LA TRANSITION : Avant que l’élan ne s’étiole !

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Monsieur le Président ! Si les populations ont accueilli avec soulagement la démission forcée du désormais ancien président, Ibrahim Boubacar Keïta, c’est parce que, tout naturellement, le désir de lendemains meilleurs l’emportait sur toute autre considération. Puisque « ventre qui a faim n’a point d’oreille », comme l’enseigne un dicton, les populations ont accouru vers les militaires du Cnsp. Les Maliens pouvaient accompagner toutes personnalités qui se seraient retrouvées en lieu et place du Cnsp, tellement le désir de changement était ardent. Et il le reste d’ailleurs encore ! 

M. le Président ! La Transition que vous avez l’honneur de présider se trouve face à trop d’exigences du peuple malien qui ne savait finalement à quelle promesse d’avenir prometteur se fier et devait se consoler de la triste vérité, selon laquelle : « Les promesses de politiques n’engagent que ceux qui y croient ».

C’est dans ce contexte d’un peuple fatigué, désabusé et prêt à s’assumer pour mieux se faire entendre, dans un pays où quasiment tout est priorité, que vous avez été porté à la tête de la Transition, avec beaucoup d’espoir de la conduire à perfection.

Mais Monsieur le Président, nous connaissons la réalité du pouvoir qui s’appuie sur une administration dotée de rouages chronophages, alors que dans ce Mali actuel,  vous êtes très attendu dans de grandes décisions à prendre pour faire bouger les choses, dans le sens des déclarations péremptoires entendues de porte-paroles et souteneurs du Cnsp et qui tintent encore comme un pacte avec le peuple malien.

En d’autres termes, Monsieur le Président, avec le retard accusé dans la mise en place de l’organe législatif de la Transition, notamment le CNT, le temps s’écoule, avec ses commérages, supputations et procès d’intention. Autant de choses dont on n’a pas besoin dans le Mali actuel qui appelle à l’unité et la cohésion nationale, sur la base d’un engagement patriotique, pour refonder la République et remettre tout le pays au travail.

Monsieur le Président, depuis la nomination du Premier ministre accompagnée de la mise en place du gouvernement de Transition, le peuple malien attend du concret, notamment sur des questions nationales qui ne se résument pas à l’organisation d’élections propres. Nous avons commis l’erreur, dans la plupart de nos Etats africains, dans la vie démocratique, de laisser la véritable proie pour l’ombre, en pensant que tant que l’on organise des élections, la démocratie va et donc le pays va, tant pis pour si l’insécurité, la pauvreté, le chômage et le manque d’électricité et d’eau, pour ne citer que cela, continuent de constituer des affres de la vie quotidienne. C’est pour dire que la refondation de la République, c’est hic et nunc avant que l’élan pris ne s’étiole et que les ardeurs affichées depuis le début de la Transition ne refroidisse.                                                                               

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