CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION (CNT) : Le M5-Rfp réclame la présidence et le quart des membres

Après la démission du président IBK, le Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp) a tenu, le samedi 24 octobre dernier, dans les locaux de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm), sa première assemblée générale pour faire le point des activités et dégager les perspectives. A cours de cette rencontre, d’importantes décisions ont été prises pour l’aboutissement du combat initié par le M5-Rfp, notamment la refondation du Mali. Donc, en termes très clairs, le M5-Rfp a désormais dégagé des « lignes rouges » à l’intention des nouvelles autorités de la Transition. Ainsi, l’organisation ne compte plus laisser personne empêcher l’émergence d’un Mali nouveau et n’acceptera pas la restauration en cours consistant à perpétuer le régime de IBK sans IBK. Aussi, il se dit prêt à dénoncer et combattre les complots de plus en plus manifestes contre notre peuple. Par ailleurs, le mouvement réclame la présidence et le quart du Conseil national de Transition.

Nous devons tout d’abord vous dire toute notre fierté et vous transmettre les milliers de messages de remerciement et de félicitations, pour ce que vous avez entrepris et réussi sous le regard admiratif de l’Afrique et au-delà, du monde entier. Peu de gens croyaient que les mains nues, dans le respect de la loi, vous auriez obtenu le départ de l’ancien président. Voilà que IBK est parti », c’est ainsi que la déclaration rendue publique lors de l’Assemblée générale était introduite.

Le comité stratégique du M5-Rfp a saisi l’occasion pour rendre un vibrant hommage au peuple malien qui lui a fait confiance en participant massivement au soulèvement populaire contre l’ancien régime corrompu, oligarchique et ploutocratique. Aussi, il a accordé une mention spéciale aux jeunes et aux femmes du M5-Rfp pour leur formidable engagement et les sacrifices consentis. Ainsi, il a rendu des hommages aux martyrs et à toutes les victimes de cette lutte, en rassurant que leur sacrifice ne sera pas vain.

A en croire la déclaration du Comité stratégique du M5-Rfp, après la démission de l’ancien président, les responsables du mouvement avaient pensé et d’ailleurs ils continuent à penser que la condition sine qua non de la réussite de la Transition était une saine et loyale collaboration entre les deux acteurs du changement, le M5-Rfp et le Comité national pour le salut du peuple (Cnsp). « Et croyez-nous, chers militantes et militantes, nous n’avons été dupes de rien et rien ne nous a surpris », a déploré le Comité stratégique.

En effet, le mouvement de contestation estime qu’en quoi peuvent surprendre des gens qui ne prononcent le mot M5-Rfp que lorsqu’ils sont contraints et forcés, en quoi peuvent surprendre des gens qui, dès le lendemain du 18 août, ont renoué avec les pratiques que nous combattions la veille seulement, en quoi peuvent surprendre des gens qui ont très vite fait la preuve que le Mali n’était pas leur souci et qu’ils sont plutôt en quête de privilèges.

Président et Premier ministre de Transition choisis par malice et fraude

Cependant, il poursuivra qu’il fallait laisser les Maliens voir, entendre, constater et comprendre par eux-mêmes ce qui se tramait contre eux, dans le seul but de marginaliser le M5-Rfp et d’accaparer tout le pouvoir pour ne pas avoir en face une véritable légitimité qui ne serait ni otage ni impuissante. C’est ainsi que tous les engagements pris, même sous serment d’officier, ont été violés ; les conclusions des concertations sur la Transition ont été falsifiées ; le Président et le Premier ministre de la Transition ont été choisis par malice et fraude ; les textes régissant la Transition n’ont respecté aucune règle. « Ce qui ne pouvait manquer d’arriver arriva et se constatera tous les jours un peu plus. En quelques semaines, l’espoir s’est transformé en défiance, la confiance en déception et la Transition s’achemine vers une inéluctable impasse », peut-on lire dans la déclaration.

Selon les responsables du M5-Rfp, la situation actuelle du pays impose au mouvement de fixer désormais les lignes rouges par rapport à la gestion de cette transition. Ces lignes rouges sont, entre autres : « Nous ne laisserons personne empêcher l’émergence d’un Mali nouveau… Nous n’accepterons pas la restauration en cours… Nous dénoncerons et combattrons les complots de plus en plus manifestes contre notre peuple…En un mot, nous ne laisserons personne perpétuer le régime de IBK sans IBK ».

A en croire la déclaration, l’organisation dit avoir pris acte de l’annonce de l’Imam Mahmoud Dicko de se consacrer désormais à sa mission de guide religieux. Et d’ajouter qu’il a d’ailleurs décidé de s’exprimer lui-même sur ce sujet au moment opportun. « Comme hier, nous sommes déterminés à obtenir le changement pour la Refondation du Mali. Et comme hier, nous y arriverons en imposant une Transition de rupture.

Oui, dans les organes et institutions ou en dehors nous imposerons une Transition de rupture avec l’ordre ancien et ses pratiques assassines contre notre peuple », mentionne la déclaration.

Audit des finances publiques dont celui de la dette

A la lecture de la déclaration, le mouvement compte poser les bases solides d’une Refondation du Mali basée sur des objectifs clairs dont : un ancrage durable du Mali dans la paix ; la sécurité ; l’unité nationale ; le recouvrement de l’intégrité du territoire national et de la souveraineté du Mali ; une consolidation de notre système démocratique avec des réformes politiques et institutionnelles ; l’organisation d’élections crédibles ; une consolidation de l’Etat de droit : procès crime de sang ; reforme et renforcement des capacités de la justice ; accès à et bonne distribution de la justice ; une amélioration des conditions de vie des populations par, entre autres mesures, le retour de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, la relance de l’économie et le soutien aux secteurs sinistrés par la Covid-19 ; une gouvernance vertueuse fondée sur une lutte implacable contre la corruption, le traitement diligent des rapports de vérification (ceux disponibles et ceux élaborés pendant la Transition) ; l’audit des finances publiques (dont celui de la dette), des institutions de la République, des ministères et grandes structures publiques et de l’aliénation du patrimoine de l’Etat.

Dans cette optique, le M5-Rfp pèsera de toutes ses forces sur le processus de gouvernance par des actions ciblées, notamment le soutien aux mesures des autorités de Transition favorables à la Refondation du Mali ; la contestation vigoureuse des mesures de maintien ou de renforcement des mauvaises pratiques de gouvernance non favorables à la Refondation ; l’exercice de pressions pour la prise de mesures porteuses de refondation.

De l’avis du Comité stratégique du M5-Rfp, l’idéal aurait été que les acteurs du changement, dans le cadre des organes de la Transition, mettent en œuvre le changement. « Oui, nous avons voulu être les principaux responsables de la Transition pour imprimer notre vision à la marche des affaires. Sans complexe et en toute légitimité », précise la déclaration. Dans cette optique et toujours en toute légitimité, le M5-Rfp réclame, comme un dû, la présidence et le quart des membres du Conseil national de Transition (Cnt) pour encore une fois se donner les moyens politiques et institutionnels du Changement et de la Refondation.

En conclusion, le Comité stratégique du M5-Rfp invite les Maliens à rester mobilisés et déterminés pour une rupture véritable avec l’ancien système qui perdure et pour un changement réel par la Refondation du Mali.                         

Boubacar PAÏTAO

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