Montée des revendications suite à la dégradation de certaines routes : Le gouvernement reconnaît la légitimité des revendications et appelle la jeunesse à plus de retenue

62

Face à la situation de blocage de certaines grandes routes du pays suite à la montée des revendications des jeunes consécutive à la dégradation de certaines routes à l’intérieur du pays, le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement, Yaya Sangaré et ses collègues Mme Traoré Seynabou Diop (des Infrastructures et de l’Equipement), Moulaye Ahmed Boubacar de l’Agriculture , Oumar Hamadoun Dicko du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique étaient devant la presse, le lundi 9 septembre 2019 à la Primature, pour apporter des éclaircissements par rapport à cette situation. Les trois ministres accompagnant le ministre de la Communication sont intervenus sur les questions relevant de leurs compétences.

 

Dans son adresse, Yaya Sangaré, le ministre Porte-parole du gouvernement a soutenu que le gouvernement a conscience de la souffrance des populations due à l’extrême dégradation de certaines routes vitales pour le pays et reconnaît la légitimité des revendications citoyennes des jeunes qui sont une façon spécifique d’expression en démocratie.

“Le gouvernement appelle seulement notre jeunesse à plus de retenue dans l’expression de ses revendications citoyennes dont la forme actuelle est fortement préjudiciable aux efforts du gouvernement pour adresser les problèmes du pays dans la situation de crise que nous vivons. L’obligation de redevabilité est une raison d’Etat à laquelle le gouvernement Boubou Cissé ne se soustrairait jamais. Mais dans un contexte de rareté des ressources, le gouvernement n’a pas les moyens et ne peut pas satisfaire tout et tout de suite. La réalité du pays est aujourd’hui connue de tous. Notre pays est à une étape charnière de son évolution. Jamais dans l’histoire, nous n’avons fait face à une telle situation de crise profonde et multidimensionnelle. Sa résolution défie notre capacité de résilience et appelle du temps et de l’imagination de tous les Maliens”, a souligné le ministre Porte-parole du gouvernement, qui a démenti les propos prêtés au Premier ministre Boubou Cissé par des jeunes de Tombouctou. A ses dires, le Premier ministre n’a jamais tenu de tels propos. Il a appelé les uns et les autres à travailler à l’apaisement du pays et à être du côté de la paix et du développement du pays.

Certaines grandes réalisations rappelées par la ministre des Infrastructures et de l’Equipement

Mme Traoré Seynabou Diop, la ministre des Infrastructures et de l’Equipement affirmera que la crise qui secoue le pays concerne en premier lieu son département. Elle a rappelé les missions de son département qui sont, entre autres, le désenclavement des différentes villes du pays avec la construction des routes afin d’assurer et faciliter de façon aisée le déplacement des populations entre ces différentes villes ; l’entretien des routes construites. Elle a ensuite campé son intervention sur les travaux effectués par son département et les projets en cours de réalisation. Elle a cité les infrastructures réalisées dans chacune des régions du Mali, notamment la route Bamako-Koulikoro, le pont de Kayo, le pont Koro-barrage, l’échangeur de Ségou et les 10 km de voiries construites et d’autres routes principales et secondaires comme les routes Yanfolila-Kalana, Kangaba-Dioulafoundo, Tamani-Baraouéli, Sadiola-Kéniéba, le pont de Dioïla, le pont de Djenné.

Les chantiers en cours sont le 2e pont de Kayes et 17 km de voirie, la route Banconi-Safo-Nionsombougou, la route Kayes-Sadiola (à 80 % de réalisation). Kouloubléni-Kalabancoro, la route Zantièbougou-Kolondièba-frontière Côte d’Ivoire, la route 2voies de la traversée de la ville de Sikasso-Zégoua et son échangeur et d’autres projets comme la route Kati-Kolokani-Djidjéni et d’autres routes dans les régions du Nord dont la route Ansonko-Ménaka-Anderaboukane dont les recherches de financement sont en cours.

Parlant de la route Goumakoura-Tombouctou-Léré, elle a dit que ce projet comprend 4 phases qui sont Niono-Goumakoura (terminé), Goumakoura-Léré, Léré-Nianfunké, Nianfunké-Tombouctou (terminé). Il y a eu des problèmes sur le tronçon Goumakoura-Léré-Nianfunké (577 km) avec des attaques terroristes qui ont brûlé les équipements. Des dispositions sécuritaires sont prises pur la reprise des travaux sur le tronçon. La réfection de la route Sévaré-Gao sera bientôt une réalité avec le financement de la Badea et du budget national. Le financement de Sévaré-Douentza est bouclé. Aux dires de Mme la Ministre, le budget national seul ne peut pas soutenir la réalisation et l’entretien de toutes les routes.

Yaya Sangaré (ministre de la Communication) : “Les revendications des jeunes de Tombouctou sont légitimes, mais c’est la forme de ces revendications qui pose problème “

Répondant à la question du manque de réactivité du gouvernement, le ministre Yaya Sangaré dira que le gouvernement ne se limite pas seulement à la présence des seuls ministres. Et chaque fois qu’il y a eu des revendications citoyennes, les autorités locales se sont déplacées et ont ouvert leurs portes pour écouter les doléances. “C’est le cas de Kayes où le gouverneur a écouté les marcheurs. Et à Tombouctou, les autorités administratives et coutumières ont rencontré les protestataires et des messages ont été véhiculés pour faire comprendre à la population que les propos qui avaient été attribués au Premier ministre, la goutte qui a fait déborder le vase, n’étaient pas vrais. A l’époque, le ministre de l’Agriculture qui était en mission à Tombouctou a réagi en faisant un démenti formel par rapport auxdits propos. Ce qui n’a pas empêché les jeunes à persévérer dans leurs revendications. Et le gouvernement comprend.” Dit le ministre de la Communication.

Le ministre Yaya Sangaré de continuer ainsi : “Nous disons que les revendications des jeunes sont légitimes. Et le gouvernement comprend les jeunes qui sont en train de demander à l’Etat de rendre compte, de bouger. Ce qui est tout à fait normal. Mais c’est la forme des revendications qui pose problème. Et nous disons qu’il faudrait qu’ils acceptent de dialoguer avec le gouvernement, de poser les problèmes et que chacun soit à l’écoute de l’autre. Mais s’ils ne veulent pas écouter, cela pose également un problème. Nous avons écouté les jeunes et nous sommes en train de trouver les réponses. Des préoccupations sont posées, mais le gouvernement, avec la rareté des ressources, l’immensité du territoire et les attentes des populations, devra aller de façon progressive pour résoudre les problèmes. Nous demandons à ce que les populations aient confiance à leur gouvernement qui fera son mieux pour répondre chaque fois que besoin aux préoccupations des uns et des autres”, a-t-il préconisé.

Le ministre Moulaye Ahmed Boubacar de l’Agriculture confirmera les déclarations de Yaya Sangaré par rapport aux propos prêtés au Premier ministre. A ses dires, le Premier ministre n’a jamais dit que l’entreprise de construction de la route de Tombouctou sera déplacée sur la route de Kayes.

Oumar Hamadoun Dicko du Dialogue social du Travail et de la Fonction publique réagira qu’il y a trop d’interférences au Mali qui embrouillent régulièrement et systématiquement. Il dira qu’il n’y a aucune raison objective pour que le Premier ministre Boubou Cissé dise de déplacer une entreprise de Tombouctou pour Kayes. Et d’après lui, les Maliens se trouvent dans un système de perversion de l’information. Pour lui, il y a un problème de citoyenneté. La vérité doit être rétablie car Tombouctou est une ville importante dans le développement du Mali. Tombouctou est une identité du Mali qui ne peut pas être ignorée par aucun gouvernement. Il a invité les jeunes de Tombouctou à savoir raison gardée et à mettre balle à terre pour la construction de l’avenir commun des Maliens car le gouvernement ne peut pas tout faire à la fois. Chaque région aura son tour de construction de route

Accord entre le ministre de la Communication et les jeunes de Tombouctou

Au cours de la rencontre avec les populations à Tombouctou, le ministre Yaya Sangaré est parvenu à obtenir un protocole d’accord avec le Collectif des jeunes de Tombouctou. Dans ce protocole, le gouvernement s’engage à reprendre les travaux de la route Léré-Tombouctou au plus tard le 25 novembre 2019 et à inscrire un plan de sécurisation de Tombouctou dans la Déclaration de politique générale (Dpg). Et suite à cet accord, le Collectif des jeunes “Tombouctou réclame ses droits” a levé le blocus sur toutes les routes dans la ville.

Siaka DOUMBIA
Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désabonner si vous le souhaitez. Accepter Lire la suite