Face à une condamnation unanime du putsch par la communauté internationale, les tombeurs du président IBK s’engagent à respecter tous les engagements internationaux du Mali et appellent la communauté internationale à les aider à instaurer la paix au Mali. En réponse, la Cédéao et l’Union africaine bandent des muscles et exigent, en plus de la protection physique de IBK et des dignitaires de son régime actuellement en détention, le retour à l’ordre constitutionnel. Un dialogue de sourds qui s’installe déjà. Pendant ce temps, les Maliens scrutent l’horizon avec soulagement certes, mais dilué dans de la méfiance.
‘’Celui qui a été mordu par un serpent a peur d’une simple corde« . Cette sagesse populaire décrit si bien la situation sociopolitique que vit le Mali suite au coup d’état contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). En effet, malgré la liesse populaire qui a accompagné la décision de la junte de contraindre IBK à la démission, une certaine méfiance vient tempérer ce sentiment de soulagement. La raison : sur le continent africain, les déclarations d’après putsch ne sont pas conformes aux réalités des jours à venir. En d’autres termes, ayant goûté aux délices et lambris dorés du pouvoir, les militaires auteurs de coup d’état en deviennent accros et refusent de débarrasser le plancher. C’est ce que nous le rappelle la sagesse bambara : « Je ne trempe pas deux fois ma boulette de « to » dans la sauce, c’est que tu n’as pas pris une grosse boulette. »
Mais c’est l’exception qui confirme la règle et la rareté est source de valeur. Les informations reçues sur le colonel Assimi Goita, président du Comité national de salut public (Cnsp) en place, et son vice-président, le colonel Malick Diaw, plaident en leur faveur et sont en mesure de convaincre de la bonne foi des auteurs du coup d’état, notamment leur décision de procéder rapidement à un nettoiement des écuries d’Augias pour ensuite rendre le pouvoir, suite à une réforme du système électoral pouvant garantir des élections propres.
En effet, il se dit aussi que le Colonel-Major Issa Wagué, le porte-parole, est un homme d’action, un officier supérieur qui a prouvé son sérieux et sa rigueur. Ceux qui le connaissent ou qui l’ont pratiqué croient tout simplement qu’il est en train d’accomplir une mission pour ensuite retourner dans sa vie de caserne. Et depuis le coup d’état, à Kati on ne se lasse pas de rappeler le sérieux du colonel Sadio Camara lorsqu’il était directeur du Prytanée militaire de Kati, à travers une anecdote qui a fini de faire le tour de la cité. On révèle que sa propre fille a passé à deux reprises le concours d’entrée au Prytanée militaire, sans succès. Alors qu’il était le patron de cet établissement. Il ne saurait y avoir de plus grande preuve de sérieux, de rigueur et d’honnêteté !
Les mêmes assurances sont données en ce qui concernent les autres officiers supérieurs qui composent le Cnsp. Il se dit qu’ils auront du mal à s’accommoder de la politique politicienne au Mali qui dénote souvent d’un manque de sérieux. Raison de plus pour croire qu’ils ne seront pas tentés de rester au pouvoir.
Tant mieux alors pour le Mali qui a trop souffert ces dix dernières années d’une crise multidimensionnelle accentuée par la mal gouvernance pour ne plus avoir à supporter des dérapages et maladresses d’une junte pour le moment très applaudie.
C’est parce que le président IBK a fait l’unanimité sur la nécessité de son départ. Raison pour laquelle les Maliens ne pouvaient se permettre de supporter sa présence à la tête de l’Etat pour trois années encore, c’est-à-dire d’ici la fin de son mandat prévu pour l’année 2023. Pour dire que la rupture de l’ordre constitutionnel, malgré les condamnations de principe, est actuellement au Mali un mal nécessaire parce qu’ayant sifflé la fin d’une récréation qui n’a que trop duré.
Les membres du Cnsp doivent méditer le cas du président déchu, IBK, qui était quasiment plébiscité en 2013, avant de devenir le président impopulaire, obligé de sortir par la petite porte de l’histoire.
En d’autres termes, entreprendre c’est facile, mais réussir est plus difficile. Seulement, avec la bénédiction de la population qui montre qu’elle fait actuellement corps avec son armée qui a pris ses responsabilités, les membres de la junte actuelle peuvent inscrire leurs noms en lettres capitales dans l’histoire du Mali. Mais puisqu’il ne faut jamais compter les poussins avant que la poule n’ait pondu les œufs, attendons de voir ce qu’ils feront du pouvoir qu’ils ont acquis tout juste en se baissant parce qu’il était déjà dans la rue.
Amadou Bamba NIANG