« Cet ouvrage est une contribution à l’histoire du Mali, à travers mes différentes recherches »
Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, Sébastien Phillipe, architecte de profession et écrivain de passion, revient largement sur son dernier ouvrage titré « Bamako histoire d’une capitale ». Pourquoi cet ouvrage, la signification du mot Bamako, la passion de l’auteur pour l’écriture…sont entre autres sujets abordés avec le franco-malien Sébastien Phillipe.
Aujourd’hui Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Sébastien Phillipe : Je m’appelle Sébastien Philippe, je suis franco-malien, j’exerce la profession d’architecte depuis 23 ans à Bamako et j’ai également une maison d’édition qui s’appelle MEMORIA, et qui publie mes propres livres que j’écris sur l’histoire et la culture du Mali.
Vous venez de publier un livre intitulé « Bamako, histoire d’une capitale ». Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
Cet ouvrage est une réécriture de mon premier livre paru en 2009 et qui s’intitulait » Une histoire de Bamako « . En 15 ans, la ville a beaucoup évolué et comme le premier était épuisé, j’ai souhaité le mettre à jour, en y incluant des documents inédits que j’ai trouvés ces dernières années. L’histoire de Bamako intéresse beaucoup de monde et questionne. Ce livre cherche donc à répondre à certaines de ces questions.
Que peut-on retenir de vos recherches sur la création de la capitale Bamako ?
Ma méthodologie a toujours été de remonter aux sources des informations considérées souvent comme acquises. Ainsi, même pour dater la création du village de Bamako, j’ai consulté des archives ici au Mali, au Sénégal et en France, pour retrouver des documents authentiques qui, par recoupement avec la tradition orale, ont pu apporter de nouvelles informations.
J’ai ensuite déroulé chronologiquement les grandes étapes de la création et du développement de la ville. J’ai par exemple trouvé ces dernières années des documents traitant de la création de la cité du Niger dans les années 1980.
Est-ce que le nom Bamako a une signification ?
La signification admise par beaucoup est la thèse des 3 caïmans. Mais j’opte personnellement plus pour celle qui voudrait que Bamako tienne son nom de son premier sédentaire, un certain Bamba. Mungo Park, l’explorateur écossais qui passe à Bamako vers 1800 orthographie en effet dans ses écrits le nom de ce village « Bambakou ». Et sur les premières cartes dressées à la fin du 19ème siècle, les Européens ont écrit « Bammako » avec deux « m ».
La rédaction de cet ouvrage vous a pris combien de temps ?
Le premier livre de 2009 était le résultat de près de 7 ans de recherches, puis j’ai amassé de nouveaux documents au fil des années. L’écriture de ce livre m’a occupé ces 2 dernières années.
Comment ce livre a-t-il été accueilli par les familles fondatrices de Bamako et les historiens maliens ?
J’ai tenu à aller l’offrir en premier lieu aux patriarches des 3 familles fondatrices. Ils m’ont accueilli chaleureusement avec leurs conseils réunis. Comme vis-à-vis de mes amis historiens, je précise toujours que ce livre, comme mes précédents, est une contribution à l’histoire du Mali, à travers mes différentes recherches. Comme tout travail, celui-ci est sujet à commentaires, critiques et débats.
Vos livres portent généralement sur les faits historiques. En tant qu’architecte comment et pourquoi vous avez eu ce penchant sur l’histoire dans vos écrits et non pas sur l’architecture ?
J’ai toujours été passionné par l’histoire. Si je n’avais pas été architecte, j’aurais probablement été historien. Je m’intéresse notamment beaucoup au Patrimoine architectural, qui recoupe ces deux disciplines que sont l’histoire et l’architecture. A travers l’histoire des villes, comme mes ouvrages sur Bamako ou Ségou, c’est l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture que j’aborde. J’ai aussi écrit sur l’histoire d’un bâtiment emblématique, à savoir le palais présidentiel de Koulouba en 2017.
Vous avez combien de livres à votre actif ?
Ce livre est mon 6ème ouvrage qui traite de l’histoire et de la culture du Mali, après « Une histoire de Bamako » en 2009, « Ségou, une région d’histoire » en 2013, « Koulouba, le palais du Mali » en 2017, « Symboles de la République du Mali » en 2020, « Figures des arts plastiques du Mali » en 2022 et celui-ci en 2024. J’ai aussi écrit 2 romans publiés en Europe, dont un qui s’intitule « Toubabou Dramane » publié en 2021 et qui s’intéresse à ce personnage membre de la famille fondatrice Touré de Dravéla.
Les coulisses annoncent un autre livre. Si oui, quand et quel est le titre ?
Je travaille actuellement sur un livre qui traitera de l’architecture du Mali, et qui abordera un peu toutes les régions du territoire national. Le titre n’est pas encore déterminé. Il sortira d’ici 2 ans je pense.
Que représente l’écriture pour vous : une passion ou un gagne-pain ?
Le travail de recherche et l’écriture sont pour moi une passion. C’est mon métier d’architecte qui me fait vivre, et heureusement, car vivre de l’écriture est très difficile. La vente de mes livres me permet d’aider à l’édition du livre suivant, je ne tire aucun revenu de mes ouvrages. Mais ils participent à mon équilibre car je prends beaucoup de plaisir à exercer cette seconde activité.
Vous avez un mot de la fin ?
Oui, je voulais indiquer qu’en plus de l’édition de ce livre, nous avons monté avec deux amis un projet de transmission de l’histoire de Bamako aux jeunes à travers un projet financé par l’ambassade du Grand-Duché du Luxembourg au Mali. Ce projet consiste à aller vers les jeunes, en créant et en diffusant des capsules-vidéos de quelques minutes et traitant de sujets liés à l’histoire de notre capitale. Ces vidéos sont diffusées sur les comptes Le Mali en Héritage (Facebook) et @mali.en.heritage (TikTok).
Nous avons aussi lancé un cycle de conférences dans les écoles, avec des remises de livres dans les bibliothèques. Pour transmettre aux jeunes, il nous paraît important d’aller vers eux et d’utiliser leurs moyens de communication actuels. Je vous remercie.