MOUMOUNI GUINDO LORS DE LA CONFERENCE SUR LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET L’ENRICHISSEMENT ILLICITE DU POINT DE VUE DES RELIGIEUX: « Des études attestent que la corruption endémique au Mali est l’une des causes profondes de cette crise cyclique qui sape nos efforts de développement »

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Dans le cadre de la célébration du 11 juillet (déclaré Journée africaine de lutte contre la corruption par le Conseil exécutif de l’Union africaine), l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei) a organisé le 15 juillet 2021 à l’espace Maeva une conférence sur le point de vue des religieux sur la lutte contre l’enrichissement illicite.

La conférence a été une occasion pour Moumouni Guindo (président de l’Oclei) pour rappeler que le 11 juillet a été déclaré comme « Journée africaine de lutte contre la corruption » par le Conseil exécutif de l’Union africaine lors de sa 30e session ordinaire à Addis-Abeba en janvier 2017.

L’institution de cette Journée commémore la signature de la Convention africaine sur  la prévention et la lutte contre la corruption négociée le 11 juillet 2003 à Maputo au Mozambique.

La célébration de la Journée est  une contribution africaine à la mise en œuvre de l’initiative des Nations unies visant à informer et sensibiliser les opinions publiques sur la gravité de la corruption.  « Les communautés économiques régionales : acteurs critiques dans la mise en œuvre de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption »  est le thème de la Journée africaine de cette année 2021. 

Moumouni Guindo a fait savoir que la célébration de la Journée africaines de lutte contre la corruption à travers diverses activités d’information et de sensibilisation est liée à la mission de prévention que la loi a assignée à l’Oclei.  De son point de vue, la prévention est extrêmement importante dans la lutte contre la corruption, car elle contribue à ériger une digue mentale dans l’esprit des citoyens, en particulier contre la délinquance financière. 

« L’édition 2021 a lieu dans un contexte marqué par la crise sanitaire mondiale mais aussi par la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays depuis plusieurs années. Du reste, de nombreuses études attestent que la corruption endémique au Mali est l’une des causes profondes de cette crise cyclique qui sape nos efforts de développement. La présente conférence vise à nous rappeler les Commandements de Dieu, notre Créateur vers Qui nous retournerons. 

Nos érudits des Livres Saints nous enseignent que la corruption et l’enrichissement illicite font partie des actes pervers interdits et sanctionnés ici et dans l’Au-delà. Il est donc important que ces érudits nous rappellent les paroles divines.  Nos religions peuvent nous aider à cultiver et à promouvoir dans nos esprits les ressources morales pour nous permettre de construire un environnement humain où la corruption ne peut trouver un habitat favorable. Dans l’Hymne national, nos mères et pères fondateurs nous ont dit : «Pour le salut public, Forgeons le bien commun».  De 1960 à nos jours, les autorités du Mali ont pris de nombreuses initiatives pour promouvoir le respect du bien public.  Les résultats obtenus restent mitigés », s’est-il longuement expliqué.

A ses dires, la lutte contre l’enrichissement illicite participe de ce combat inlassable et sans relâche. Pour lui, l’enrichissement illicite est le corollaire de la corruption et des autres formes de délinquance financière. Il se définit comme étant une augmentation substantielle du patrimoine d’un agent public ou un train de vie que celui-ci ne peut justifier par rapport à ses revenus légitimes.

« De nos jours, la propension à l’enrichissement illicite a atteint un niveau tel que le phénomène a tendance à devenir une pratique banale, voire normale.  De plus en plus, l’on n’éprouve aucun sentiment de culpabilité en s’y adonnant. Nos valeurs morales sont bafouées.  Les agents publics honnêtes et intègres sont perçus comme étant naïfs.  Ceux qui accumulent des richesses illicites sont qualifiés d’hommes forts, puissants,  courageux, intelligents et même d’enfants bénis », a-t-il déploré.

Face à ce paradoxe assimilable à un péril social, Moumouni Guindo propose de trouver des réponses pertinentes et novatrices.  « Notre exercice d’aujourd’hui s’inscrit dans cette lignée. Le choix de ce thème d’échange n’est pas fortuit, car la corruption engendre une société injuste.

Elle engendre un climat de suspicion et de méfiance entre les individus en les condamnant à vivre dans l’incertitude, la colère et la défiance permanente. Les différentes manifestations sociopolitiques constatés ces dernières années, au Mali et ailleurs, corroborent cette assertion », conclut-il. 

                              Siaka Doumbia

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