La série intitulée « Les oubliés du confinement » du photographe Malien Moussa John Kalapo, réalisée en France lors du confinement provoqué par le Covid-19, sera exposée à l’Institut Français du Mali du 14 mai au 16 juillet prochain.
« L’objectif de son appareil capte notre vie quotidienne, dépourvue des artifices. Il révèle ainsi une réalité moins reluisante » peut-on lire sur Moussa John Kalapo dans un article paru il y’a 5 mois dans le quotidien national L’Essor. Cette démarche du photographe retrouve tout son sens dans sa série « Les oubliés du confinement » réalisée en France notamment à Nîmes et à Montpellier. Une série qui lève le voile sur la condition des sans-abris lors du confinement lié au Covid-19. L’Institut Français du Mali (IFM) accueillie l’œuvre du 14 mai au 16 juillet prochain.
En effet, invité pour une double résidence en France en début d’année 2020 à Nîmes par la Galerie Negpos, Moussa John est prisonnier de la Covid-19. Il a dû rester beaucoup plus longtemps que prévu en France où les rues se sont vidées de leurs tumultes pour mettre en évidence l’inacceptable qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors : ceux qui n’ont d’autre lieu que la rue pour séjourner. Il les rencontre, apprend à leur parler. Le photographe malien blessé par l’abandon auquel on les laisse.
« Ils n’ont pas de toit«
Sa résidence de création, lit-on sur le site de l’IFM, prend un autre tour : il se met à leur service pour qu’ils recouvrent une dignité éphémère. En octobre 2020, il repart en France, invité par le festival Fontaine obscure pour présenter son travail dans une France qui va bientôt se re-confiner et où il sait qu’il faudra à nouveau forcer le silence des yeux.
« Il suffit parfois de peu de chose pour ébranler une montagne d’espoir, pour détruire de grands rêves. Il suffit parfois de peu de choses pour nous faire remettre en cause notre propre humanité. Oui, ils sont là. Presque partout. Ils sont là parce qu’ils n’ont pas de toit. Alors, ils vivent où ils peuvent, comme dans un monde parallèle, un « autre monde » avec d’autres codes : l’univers des « sans domicile fixe. Les autorités disent qu’il faut rester confiné chez soi. Mais comment faire lorsque le ‘’chez soi’’ n’existe pas » confie à John.
Livrés à eux-mêmes dans les rues désertées de la ville, ils animent certains espaces insoupçonnés aménagés en abris temporaires, en attendant… D’ici là, ils sont là. Luttant contre les intempéries et contre la police qui cherche à les déloger. « Moi, le photographe, je les ai vus, approchés, écoutés, entendus. Et j’ai pensé que leurs histoires méritaient d’être partagées… »,
Une sensibilisation sur l’immigration
Les photographies de la série « Les oubliés du confinement », au-delà d’attirer le regard sur les sans-abri en période de confinement, peut s’avérer être un massage de sensibilisation sur l’immigration clandestine, l’une des questions d’actualité universelle les plus brulantes. En effet, à travers cette série, le photographe fait comprendre à ces jeunes africains tentés par l’aventure d’au-delà de la méditerranée que tout n’y est pas rose comme ils le pensent. « J’ai choisi de l’exposer au Mali d’abord pour montrer la misère qui existe en France et que nos frères font semblant d’ignorer. Ils veulent aller là-bas animés par le rêve d’une vie meilleure. Mais, certains ne savent pas qu’on peut ne pas y avoir un logement et un travail», nous explique John Kalapo.
Dans cette série d’une quarantaine de photographies, John Kalapo entend faire comprendre aux africains que la misère n’existe pas qu’en Afrique et que même des occidentaux vivent dans la misère et sont sans-abri dans leur propre pays. Une série à voir absolument !