EDITION NUMERIQUE : Bibook, une initiative saluée

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Au Mali, est créée une plateforme d’édition numérique,Bibook, mise en place par des jeunes Maliens. L’application téléchargeable via Play Store offre un service d’édition d’ouvrages et une librairie en ligne. Une initiative novatrice saluée au Mali.

‘’Si la culture du livre, dans son évolution historique, a donné lieu à la naissance et au sacre de l’écrivain, la culture numérique, dans sa dimension anthologique, inaugure la renaissance du lecteur ». Cette citation de l’historien et numéricien français, Milad Doueihi, semble trouver tout son sens dans cette initiative de Bibook dont la naissance a été accueillie comme un nouveau souffle par la nouvelle génération de lecteurs « numériques ». BiBook est un éditeur numérique 100% made in Mali. L’application s’installe gratuitement sur téléphone ou tablette (android) via Play store. Les livres téléchargés sur Bibook se lisent hors connexion.

La révolution numérique fait sienne tous les secteurs et le celui de la culture, notamment du livre, ne fera pas exception. Le Mali est le premier pays africain à baliser le chemin de cette révolution à travers Bibook, la plateforme d’édition et de vente de livres en ligne. Une idée novatrice à l’initiative des jeunes maliens de la Start-up We’re Solution qui veut dire littéralement « nous sommes la solution ». Ce nom est loin d’être fortuit car ces jeunes viennent de créer la toute première plateforme d’édition numérique du continent au grand bonheur des lecteurs dont la majorité à accès aux outils numériques.

Une initiative saluée

Le mot Bibook est issu de la fusion de deux langues : (bi) qui signifie aujourd’hui, en langue bambara (langue nationale du Mali) et book qui veut dire livre en anglais. Littéralement, il peut signifier le livre d’aujourd’hui, c’est-à-dire à l’ère de la révolution numérique. Cette plateforme est une initiative qui vise à vulgariser le livre et de promouvoir  la lecture à travers une offre gratuite ou à un prix très au-dessous de celui dans les librairies physiques.

Pour ses débuts, BiBook a décidé d’éditer de grands textes appartenant au domaine public, c’est à dire ceux dont les auteurs sont décédés il y a plus de 70 ans. Ce qui va sans doute permettre d’offrir une base de culture générale gratuitement à ses lecteurs. Toutefois, la plateforme éditera des auteurs vivants et ces livres seront mis en vente à seulement 2000 Fcfa, payable par Orange Money ou carte bancaire. 

Ce nouveau format d’édition et de bibliothèque ambulante (révolutionnaire) est accueilli avec un enthousiasme manifeste tant du côté des écrivains que des lecteurs maliens. Une initiative salutaire qui vient à point nommé, selon Ousmane Diarra, l’un des premiers écrivains maliens, à avoir adhéré au projet de la plateforme : « En tant qu’auteur chez Bibook, je pense que c’est une belle initiative qui va permettre aux écrivains de gagner en nombre de lecteurs, surtout parmi les jeunes, lesquels utilisent les outils numériques. Le coût du livre est réduit, la distance est vaincue, toute forme de censure est contournée » justifie-t-il avant d’ajouter que plus un auteur vend, plus ses droits augmentent. Or, à ses dires, moins un livre est cher et de qualité, plus il est vendu.

Mohamed Diarra, lauréat du prix Massa Makan Diabaté de la Rentrée Littéraire 2020, avec son roman Meurtre sous le pont des indigents, évoquant les prix des ouvrages sur Bibook, estime qu’« il y a des investissements qui ne peuvent pas être évalués financièrement comme la promotion d’auteurs à travers les médias, les rencontres du public, entre autres. Ceci est un avantage indéniable déjà pour l’auteur, même s’il n’est pas forcément pécuniaire ». De plus, il pense qu’on n’écrit pas pour de l’argent, mais par conviction et pour apporter sa pierre à la culture.

La distance des bibliothèques physiques et le coup souvent élevé du livre dans les libraires sont assez contraignants, selon la demoiselle Diarafa Soukouna, élève en terminales Sciences exactes au lycée notre dame du Niger. « Je préfère acheter des livres sur internet que d’aller lire dans une bibliothèque dont les frais de transport aller-retour ne sont pas négligeables. Aussi, les livres coûtent chers dans les librairies. En plus, les livres physiques sont encombrants. Je pense que la possibilité d’acheter des livres en ligne et de les lire sur notre Smartphone ou notre tablette est juste salutaire », commente-elle.

Quant à Oumou Maïga, étudiante, elle estime que Bibook est une excellente alternative à des situations comme la fermeture des classes et le confinement qui nous empêche d’aller dans les bibliothèques.

Un ouf de soulagement pour les jeunes écrivains

Au regard des défis qui attendent les apprenants et les chercheurs ou le simple amateur des bouquins, le livre audio ou électronique constitue un support essentiel à la vie de notre société, selon Soumana Samaké doctorant en Lettres, Langues et Sciences humaines à l’Université d’Orléans (France). Il exhorte, cependant, les initiateurs à tenir compte des paramètres qui rapportent à la propriété intellectuelle des auteurs, un aspect aussi judicieux que déontologique.

Officiellement lancé février dernier, Bibook compte déjà plus de 2500 téléchargements. Ce qui démontre l’intérêt des lecteurs. La comédienne et chroniqueuse virtuelle, Sianwa Isabelle Koné, a déjà installé l’application Bibook sur son téléphone : « Bibook me permet de lire n’importe où, n’importe quand. C’est toute une bibliothèque à côté, en permanence. Pas question de dire j’ai oublié mon livre à la maison », nous confie celle qui pense qu’un système audio intégré ne serait pas mal aussi. 

Pour l’écrivaine Awa Maïga, auteure du roman « La réussite mais à quel prix ? », cette plateforme peut s’avérer un vent de soulagement pour la jeune génération d’écrivains qui souvent ne disposent pas les moyens financiers pour se faire éditer dans une maison d’éditions physique. C’est donc une nouvelle ère de la production et de consommation qui s’annonce avec cette plateforme dont l’initiative est hautement saluée dans le landerneau littéraire malien, voire africain. 

Youssouf KONE

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