Le monde se mue au gré de l’évolution de la technologie qui ne cesse de lui dicter ses lois au fil des inventions. Quel avenir donc pour l’homme dans ce monde technologique ? Voilà la question que se pose Dramane Toloba dans sa série intitulée les Humanoïdes exposée depuis le 24 septembre dans les couloirs de la résidence Casa Blanca de Bamako.
Les Technologies de l’information et de la communication (Tic) deviennent indispensables pour l’homme et le monde. Dans cette nouvelle ère technologique, la machine à tendance à remplacer l’homme dans plusieurs domaines d’activités, et l’homme est de plus en plus dépendant de la machine. Intitulée les Humanoïdes, la série de toiles qui jonchent les couloirs de la résidence questionne l’humanité sur place, dans un monde submergé par l’évolution fulgurante de la technologie.
La résidence Casa Blanca de Bamako est un véritable point d’attraction pour les amoureux de l’art contemporain qui ont été captivés par les toiles de l’artiste malien Dramane Toloba en exposition individuelle depuis le 24 septembre dernier. Cette série de toiles du jeune peintre malien qui plonge le visiteur dans le beau de l’imaginaire se dresse comme un questionnement sur la finalité de cette évolution technologique que connait le monde actuel, à savoir si dans un futur proche l’homme et la machine ne feront qu’un ou si la machine prendra le dessus sur l’homme ?
Membre du collectif Tim’Arts de Bamako, Dramane Toloba est l’un des jeunes talents émergents du microcosme des arts plastiques au Mali. Comme bon nombre d’artistes, le jeune Dramane découvre le monde artistique depuis son jeune âge. « L’art c’est une partie intégrale de ma vie. Depuis mes études primaires, je m’amusais à dessiner tout ce que je voyais, mais le plus souvent c’étaient des pages de bandes dessinées que je trouvais ça et là« , nous confie l’artiste.
De l’économie à l’art
Apres l’obtention de son baccalauréat en 2010 en série sciences exactes, Dramane passe le concours du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako (Camm) en section Arts où il sort en 2017 avec un Master II en Arts Plastiques. Parallèlement à son diplôme du Camm, Toloba décroche en 2015 une maitrise en gestion à la Faculté des Sciences économiques et de gestion de Bamako (Fseg).
De 2012 à ce jour, Dramne Toloba compte plusieurs expositions nationales et internationales, tant collectives qu’individuelles, à son actif. Il a notamment participé à plusieurs reprises à Ségou’Art. Ses œuvres ont été exposées à la Galerie Médina, à la résidence Casa Blanca, à Taxi Bamako, au Club Américain, à l’Institut français de Bamako. Sur le plan international, Toloba a exposé en France et en Equateur dans le cadre du 2e Sommet mondiale des arts pour la paix et la vie.
Acrylique, pinceaux, tissus usés, papier mâché, colle blanche et canettes de boisons. Voilà, entre autres, les matériaux et le matériel qui interviennent dans la réalisation des toiles de l’artiste qui, avec un goût prononcé pour la récupération et le recyclage, définit son art comme écoresponsable, parce que basé sur la récupération des déchets. « J’utilise une technique de collage de tissus sur la toile avec l’usage de l’acrylique. En général, j’utilise des coupons de wax, bazin, satin, ou même des tissus traditionnels que je récupère auprès des couturiers. J’utilise surtout le tissu wax qui est très prisé en Afrique, aussi bien par les femmes que par les hommes » nous explique-t-il.
Dans ses créations, Dramane aborde plusieurs thématiques inspirées de la société. La robotisation programmée du monde est l’un de ses thèmes-phares. Dans cette démarche, l’artiste fait le parallèle entre le moderne et le traditionnel pour ressortir le contraste saisissant qui existe entre ces deux univers. « Je traite de tous les sujets de la société. Le plus souvent, le changement climatique et l’évolution de la technologie et la place de l’homme dans ce monde. J’aborde aussi les souffrances de la femme dans nos sociétés, la mauvaise gouvernance, la corruption et bien d’autres », a-t-il poursuivi.
Les toiles de Dramane sont dominées par des couleurs qui leur fournissent une harmonie agréable. Toutefois, l’usage des couleurs n’est pas fortuit dans les œuvres de Toloba : « Elles illuminent et donnent de la légèreté à mes œuvres », explique l’artiste dont le choix de de ses couleurs dépend de la lourdeur des sujets qu’il traite. « J’aime les couleurs qui donnent envie de croire, de s’évader, de ne pas voir ce que l’on voit à longueur de journées », ajoute Dramane qui dit s’inspirer de l’art vestimentaire des femmes africaines qui ont leur manière atypique de composer avec des couleurs vives, éclatantes et harmonieuses.