ABOUL AZIZ KONE AZIZ SITEN’K, AUTEUR DU RECUEIL DE SLAM « DUNGARE » : « Le slam n’est pas qu’une déclamation poétique »

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Président du centre culturel Agoratoire, Abdoul Aziz Koné alias Aziz Siten’k est un Slameur et operateur culturel malien qui s’invite désormais dans le cercle des écrivains au Mali. Il vient de publier son tout premier recueil de Slam intitulé « Dungaré ». Edité chez la Sahélienne, cet ouvrage qui est d’ailleurs le premier recueil de slam au Mali est une compilation des textes de slam de l’auteur. Nous l’avons rencontré pour échanger autour de son ouvrage.

Aujourd’hui-Mali : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre ouvrage « Dungaré » ?

Aziz Siten’k : « Dungaré » est un recueil de slam-poésie constitué des différents textes de mon spectacle de slam du même nom. Ces textes abordent plusieurs thématiques à savoir, entre autres, l’émigration, le terrorisme, la guerre, la politique, l’éduction. Ce sont des textes de slam que j’ai voulu rendre accessibles à tous en publiant ce recueil car tout le monde n’a pas la chance de voir le spectacle de slam ou de pouvoir regarder les vidéos sur le l’internet, mais qui peuvent avoir le livre et le lire. C’est une manière pour moi de prouver que le slam n’est pas que déclamation poétique qu’on peut faire aussi en livre que les passionnés du livre peuvent lire. Aussi, j’ai été motivé dans la publication de cet ouvrage par les ambitions que j’avais en 2020 sur le plan culturel. Je voulais vraiment donner une autre dimension à ma carrière artistique. Innover si tu veux, mais à peine les choses démarrées, la pandémie de coronavirus a eu raison de mes objectifs culturels de l’année. Mais j’espère qu’après cette crise je pourrais faire découvrir mon projet « Dungaré » à travers le monde parce que ce projet me tient vraiment à cœur et dans lequel je me suis beaucoup investi.     

Dans le recueil, vous parlez d' »Une lueur d’espoir ». De quelle lueur d’espoir s’agit-il ?

Le titre « Lueur d’espoir » est l’un des textes que j’ai personnellement aimés dans ce recueil. C’est un texte qui parle d’espoir, malgré toutes les difficultés que connait l’Afrique que ses enfants quittent pour un avenir meilleur. Le texte a été parfait par l’écrivaine Aminata Dramane Traoré. Au moment où j’écrivais le texte, elle était à la tête d’un grand mouvement contre l’émigration et auquel j’ai beaucoup participé en tant qu’artiste. En plus, le thème de l’émigration est un thème qui me touche beaucoup parce que mes parents aussi sont des migrants.

Ils ont quitté leur pays d’origine, le Mali, pour rejoindre la Côte d’Ivoire où je suis venu au monde, même si je suis revenu plus tard au bercail. C’est comme si c’est une émigration que je n’ai pas demandée en revenant dans mon pays d’origine. Contrairement à moi, beaucoup d’autres migrants qui ont échoué dans le désert ou dans l’océan Atlantique en rejoignant l’Europe ne peuvent plus revenir au pays.

Quel message voulez-vous faire passer par le titre « Les enfants du monde » ?

Je suis accroché au slam parce que j’ai toujours vu le slam comme un art éducatif et ludique. C’est pourquoi j’ai créé « Slam-classe », un concept qui consiste à faire le slam en milieu scolaire. Dans ce concept, j’ai eu à écrire des textes avec des élèves et dans ces textes, les enfants exprimaient leurs émotions, leurs préoccupations et leur souhait. C’est qui m’a motivé à écrire ce titre « Les enfants du monde ». Aussi, dans ce texte, je dénonce les maltraitances dont sont victimes ces innocents à travers le monde.

Vous avez également dédié un titre à votre épouse… !

Oui ! J’ai pris le titre « Ma Femme », mais en réalité, je rends hommage à toutes les femmes du monde. La femme est une lumière insaisissable si on ne prend pas soin d’elle. Il faut l’aimer, la contempler pour s’en rendre compte. La femme, qu’elle soit notre maman, notre femme ou notre sœur, est importante dans notre vie et nous devons lui rendre hommage, chaque jour.

 Qui est cet ami auquel vous rendez hommage et pourquoi ?

Il s’agit de Lucien Roux, ancien directeur de l’Institut Français du Mali. Vous savez, l’Institut Français sous Lucien Roux a été la première institution qui a cru en moi et en mes projets de slam. Quand je suis venu parler à M. Roux de ma première participation au Festival international de slam et humour (Fish) au Niger, il m’a offert mon billet d’avion. Et à mon retour du Fish Niger, je lui ai proposé de créer un Fish au Mali. Il a salué l’initiative et m’a accompagné à l’organiser. L’année suivante, quand il quittait le Mali pour l’Ethiopie, je suis allé le voir pour lui demander ce que le Fish Mali deviendra sans l’Institut Français. Il m’a dit de venir voir son successeur avec le festival et qu’il va le soutenir et cela a été le cas jusqu’ici. Ma rencontre avec Lucien Roux a vraiment joué un grand rôle dans ma vie artistique. Je ne cesserais jamais de le remercier. Ce texte, je l’ai écrit le jour de la cérémonie de son départ du Mali.  C’est pourquoi, j’ai vraiment tenu à lui rendre hommage dans ce livre en y mettant le texte.   

A quoi renvoie le tire « Coïncidence du 5ème » ?

Coïncidence su 5e est un texte assez banal. Je suis né le 5 mai (le 5ème mois de l’année). Aussi il y a l’une des championnes de Massa Slam, Aminata Koita alias Babby, qui est de cette même date. Quand je l’ai su, nous avons fait un texte 5/5 ensemble et depuis nous fêtons notre anniversaire ensemble.  

Pourquoi le titre « Mon Bambin » ?  

Mon Bambin, c’est mon premier fils. J’ai écrit ce texte par ce que le jour de sa naissance m’a beaucoup marqué. C’était le jour de la clôture de la 5e édition du Fish. Cette date est devenue importante dans ma vie. J’ai appris la nouvelle de sa naissance au moment où je me préparais à monter sur scène pour la clôture du Fish, cette année-là. Aussi, il porte le nom de mon père El Hadji Moustaph Abdallah. Il est un bonheur dans ma vie. 

Avez-vous vous d’autres projets d’écriture ?

Oui ! J’ai d’autres projets d’écriture, mais pour le moment, je me consacre à la promotion de cet ouvrage. Je veux que plus de personnes découvrent cet ouvrage qui est le premier recueil de slam au Mali. Je veux qu’il soit lu partout au Mali et à travers le monde. L’autre projet, c’est l’Album remix de « Dungaré » avec plus de collaborations. Nous avons déjà travaillé avec Cheick Tidiane Seck. Nous comptons également faire appel à d’autres artistes maliens et internationaux.   

        Réalisée par Youssouf KONE               

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