GESTION DES FONDS MOBILISES PAR LES MALIENS EN 2012 POUR SOUTENIR L’EFFORT DE GUERRE : L’Amlcdf saisit le Bureau du Vérificateur général
Dans une correspondance adressée au Bureau du Vérification général, dont nous avons pu nous procurer une copie, l’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (Amlcdf) a dénoncé des détournements de fonds estimés à plus de trois milliards de nos francs, mobilisés en 2012 pour soutenir l’effort de guerre.
Dans la correspondance de dénonciation, l’Association a exposé les faits. Ainsi, elle rappelle qu’en 2012 sous le Premier ministre de plein pouvoir, en réaction aux périls terroriste et jihadiste contre le pays, le peuple malien s’est mobilisé pour apporter son soutien financier aux autorités de notre pays.
Et de poursuivre que sur un compte domicilié dans une banque de la place, des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur ont apporté leur contribution. A l’intérieur du pays, précise la correspondance, certaines contributions ont été remises aux représentants du gouvernement, notamment les préfets et gouverneurs. Aussi, les ministères de la Défense et des anciens combattants ; de l’Economie et des finances ont également servi de relais pour ces dons.
A l’époque, mentionne le document, le ministre de l’Economie et des Finances, Tiénan Coulibaly, avait estimé le montant total de ces contributions à plus de trois milliards de nos francs. « Depuis, plusieurs voix, notamment au sein de l’armée malienne, se soulèvent pour dénoncer le détournement de ces fonds destinés à l’armée malienne », peut-on lire dans la correspondance.
De la lecture du document, il ressort que l’Association, dans l’exercice de son devoir citoyen, a adressé une lettre, le 9 décembre 2019, au Premier ministre, Dr Boubou Cissé, sur le sujet. Et de déplorer qu’à ce jour l’organisation n’a reçu aucune réponse de la part du chef du gouvernement. Et d’ajouter qu’une réponse du premier ministre aurait permis un jugement plus clair et surtout plus sain des citoyens. « Vous le savez, dans certaines matières, le silence devient une autorisation légitime à la prolifération d’interprétations plus ou moins fondées. Le malien moyen vit avec l’idée que les autorités ne dirigent que pour créer des opportunités d’enrichissements personnels », mentionne-t-il.
Selon l’Amlcdf, ces silences opposés aux demandes d’informations et d’éclaircissements alimentent ce sentiment qui corrompt l’esprit. Elle dira qu’après tous les outrages subis par le peuple malien, il mérite la vérité parce que certaines personnes ne peuvent pas se permettre de pilier, pour leur seul profit, le bien commun.
Boubacar PAÏTAO