SCANDALE DES CHEQUES DE DèDOUANEMENT DES IMPORTATIONS DE LA SONATAM à KATI : La Sonatam-SA toujours redevable à l’Etat de 4 milliards de F CFA
A travers une pratique malsaine dans la procédure de dédouanement de ses importations au niveau du bureau des douanes de Kati qu’elle a entretenue de longue date, la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali (Sonatam SA), a laissé prospérer des irrégularités notamment celle consistant pour elle de ne pas réclamer systématiquement ses quittances après avoir remis des chèques à un agent des douanes au lieu de liquider ses droits à travers un concessionnaire agréé. Résultat des courses : l’entreprise doit 4 milliards de F CFA à l’Etat. Une enquête a été ouverte et le ministre de l’Economie et des Finances a promis de sévir.
out serait parti de la vigilance du trésorier payeur de Koulikoro qui a rejeté la comptabilité du mois de novembre 2022 du receveur du bureau principal de douane de Kati, au motif de l’existence d’un écart entre le montant des recouvrements et les moyens de paiement correspondants.
Suite à ce rejet, la direction générale des douanes a pris l’initiative de voir clair en envoyant une mission de vérification dans le poste de douane de Kati. Sur la base du rapport de la douane, la direction nationale du trésor et de la comptabilité publique a de son côté procédé à un contrôle plus approfondi au niveau du receveur de douane, sur instruction du ministre de l’Economie et des Finances.
Il ressort des conclusions d’étape de cette mission que la Sonatam reste redevable à l’Etat de plus de 4 milliards de F CFA, au titre des bulletins liquidés non encore réglés. Aussi, à cause du non-respect des procédures de payement des droits liquidés, certaines sociétés ont vu leurs bulletins payés sur une partie des chèques de la Sonatam.
Les travaux de la mission du Trésor ont été étendus aux opérations de 2021 à 2022, pour voir tous les contours de cette affaire, en vue de prendre les mesures qu’il faut.
D’ores et déjà, le receveur du bureau principal de douane de Kati a été suspendu de ses fonctions par la direction nationale du trésor public et remplacé par un cadre plus aguerri.
Les investigations sont en cours pour situer toutes les responsabilités dans cette affaire dans laquelle la Sonatam s’illustre par un manque de suivi savamment orchestré de ses propres chèques. En effet, ce sont les pratiques malsaines instaurées au niveau de la Sonatam, dans la procédure de dédouanement de ses importations, qui auraient permis à ces irrégularités financières de prospérer. La Sonatam ne réclamerait pas systématiquement ses quittances de paiement à Aly Badi Maïga, agent des douanes à qui elle remettait des chèques pour payer ses droits liquidés en lieu et place des concessionnaires agréés.
La remise des chèques à Ali Badi Maïga, sans traçabilité et sans suivi, constitue une violation des procédures de dédouanement et serait l’une des sources des manipulations irrégulières des moyens de paiement de la Sonatam.
Ce qui a fait dire à la mission de vérification l’existence d’une grande complicité entre plusieurs intervenants dans cette sombre affaire.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, en tout cas, est bien déterminé, comme à son habitude, de tirer cette affaire au clair et de prendre les mesures qu’il faut dans les plus brefs délais.
Selon nos informations, une vingtaine de conteneurs de la Sonatam sont déjà bloqués à Kati par les services de la douane à cause de cette affaire.
Affaire à suivre El Hadj A.B. HAIDARA