FIEVRE HEMORRAGIQUE DE « CRIMEE CONGO : Des cas notifiés dans la région de Mopti

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Des cas de fièvre hémorragique de « Crimée Congo » ont été notifiés en début février au Mali, plus précisément dans la région de Mopti. Sur un total de 18 personnes atteintes, 09 sont décédées. Pour en savoir davantage sur les risques et dangers liés à cette maladie, nous nous sommes entretenus avec le Dr Dramane Samaké, infectiologue, chef du service Médecine à l’hôpital Somine Dolo de Mopti.

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une maladie virale qui est à l’origine d’une fièvre qui s’accompagne de divers signes comme la fièvre, les maux de tête, les vomissements, la diarrhée et, parfois, le malade peut avoir des saignements.

Selon Dr Dramane Samaké, infectiologue, chef du service médecine à l’hôpital Somine Dolo de Mopti, ce n’est pas une nouvelle maladie. « La fièvre hémorragique de Crimée-Congo existe depuis 1945. La première épidémie a été découverte en Crimée et la seconde au Congo, c’est pourquoi la maladie porte le nom virus Crimée-Congo. C’est une épidémie dont le Mali vient d’enregistrer sa première épidémie dans la région de Mopti et il y a quelques jours de cela nous avons enregistré des malades en provenance d’une aire de santé, notamment à Korienzé, dans le district sanitaire de Mopti.

Ces malades présentaient de la fièvre, des vomissements, la diarrhée et certains d’entre eux ont fait des saignements lors des vomissements et des saignements dans les urines, donc nous avons fait les investigations lors qu’ils ont été admis, il s’est trouvé effectivement que c’est le virus Crimée-Congo qui est à l’origine de leur maladie « , a-t-il expliqué.

Certaines mesures sont mises en oeuvre pour la prise en charge des cas suspects aux dires du Dr Dramane Samaké : « La première des choses, c’est d’abord l’isolement des malades lorsque nous soupçonnons un cas. Cet isolement permet de limiter les contacts avec les autres personnes qui ne sont pas malades. La deuxième, c’est de faire des analyses pour asseoir le diagnostic exact de la maladie puisqu’il y a d’autres fièvres hémorragiques, donc devant un tel tableau, on peut évoquer beaucoup de causes de fièvres hémorragiques, mais ce sont les investigations, les prélèvements de sang, qui nous permettent de rattacher ces signes à un virus bien précis et le cas ici c’est le virus Crimée-Congo qui a été identifié », a -t-il expliqué.

  Les patients sont actuellement suivis dans deux structures sanitaires à Sévaré, dont l’hôpital et une autre structure. A la date du 01 février 2020, Ce sont 18 cas qui ont été notifiés, dont 09 décès, mais parmi ces 18 cas, il y a certains qui l’ont rapporté du village de Korienzé. « Les 05 cas de décès ont été enregistrés au village et au cours des suivis dans le district sanitaire de Mopti, nous avons enregistré 03 cas de décès et un autre cas dans un autre village. Ce qui fait un total de 09 décès sur les 18 cas notifiés. Il est important de noter que tous ces 18 cas n’ont pas été testés positifs au virus. Nous avons 07 cas positifs et quand on sait que des personnes sont rentrées en contact avec les premiers cas, le risque de la contamination fait que, par la suite, on peut faire le rapport entre certains malades et les cas contournés qui ont été identifiés », a souligné le chef du service Médecine à l’hôpital de Mopti.

A l’origine, il faut savoir que la fièvre hémorragique de Crimée Congo est une maladie qui est est transmise d’abord aux animaux par les tiques et par la suite à l’homme en manipulant les liquides biologiques issus de ces animaux lors des abattages. Egalement les tiques peuvent contaminer directement l’homme par piqûre. « Lorsque le premier cas humain est identifié, il y a une première personne qui présente les signes de la maladie, c’est cette dernière qui peut la transmettre à d’autres à travers les vomissures, le sang et tout liquide qui provient de ce malade. Lorsqu’on entre en contact avec ce liquide, on est contaminé », a-t-il poursuivi.

La contamination c’est des tiques à l’animal et de l’animal à l’homme.

D’après l’infectiologue, c’est la contamination interhumaine qui va donner de l’ampleur à ce virus. Il a ajouté que les animaux ne font pas la maladie, mais qu’ils peuvent abriter le virus.

S’agissant de la guérison, Dr Samaké fait savoir que si la prise en charge est faite à temps, on peut guérir de la fièvre hémorragique Crimée-Congo.

Par ailleurs, la prévention repose sur deux axes essentiels, selon lui : « D’abord pour les animaux, il faut un déparasitant systématique lorsqu’un troupeau est contaminé pour éliminer les tiques et les chances de contamination des animaux. Le deuxième axe concerne les humains lorsqu’ils entrent en contact avec les animaux infectés, on doit prendre des précautions qui sont : porter des habits appropriés ; se laver les mains après avoir manipulé un animal suspect et en milieu hospitalier ; le personnel doit porter des gants et se laver les mains après chaque soin », a-t-il déclaré. 

Dr Dramane Samaké, infectiologue, chef du service Médecine à l’hôpital Somine Dolo de Mopti, invite la population à ne pas céder à la panique et que s’il y a suspicion autour d’un cas dans l’entourage, d’avertir rapidement les services sanitaires et qu’il faut pratiquer l’hygiène dans tous ces aspects.

 « En dehors de cette maladie, si l’hygiène est pratiquée dans le milieu familial et professionnel, cela permet de prévenir non seulement la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, mais aussi d’autres maladies », a-t-il précisé.

Quant aux autorités, il leur demande de mettre les moyens conséquents à leur disposition pour permettre la prise en charge diligente des cas « parce que la zone où on a détecté les premiers cas, l’accès est difficile, il y a les hommes armés. Ce n’est pas facile d’aller sur place pour travailler alors que c’est ça l’idéal, faire la prise en charge sur place, la sensibilisation de la population pour mettre un frein à la propagation de cette maladie », insiste Dr Dramane Samaké.

Concernant les autorités sanitaires, il leur demande de renforcer la surveillance épidémiologique qui permet de détecter à temps les premiers cas, c’est ce qui a été le cas pour cette fois ci.

L’infectiologue signale que, pour le moment, la situation est sous contrôle. Depuis le vendredi dernier, ils n’ont pas enregistré de cas suspect dans les centres où les malades sont en observation et les malades qui sont actuellement sous traitement sont dans un état stable, leur vie n’étant donc plus en danger. Néanmoins, tout le monde doit être vigilent par rapport à cette maladie.

        Marie DEMBELE

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