Précédemment directeur général de la douane, l’Inspecteur général des douanes Mahamet Doucara est en chômage technique depuis septembre 2021, presque confiné à la maison.
Remplacé le mercredi 25 août 2021, à l’issue du Conseil des ministres tenu ce jour-là, par l’inspecteur général Amadou Konaté sur proposition du ministre de l’Economie et des Finances, l’inspecteur général des douanes Mahamet Doucara n’a plus, depuis lors, de nouvelle affectation. Il passe toute la journée à la maison à ne rien faire (professionnellement s’entend). Cette mise à l’écart constitue à bien des égards un gâchis pour un pays comme le nôtre en manque de ressources financières, placé sous embargo par la Cédéao et l’Uémoa depuis le 9 janvier 2022 au motif que les autorités de la Transition n’ont pas communiqué dans les délais requis un calendrier électoral de sortie de crise politique auxdites organisations sous-régionales.
Concernant l’Inspecteur général Doucara, on peut dire sans risque de se tromper que l’Etat fait manifestement fi des compétences d’un cadre chevronné, dévoué à la tâche. Il était parvenu à renflouer les caisses de l’Etat à force de talent et d’imagination, particulièrement au moment de la crise sanitaire de la Covid-19 qui avait plombé les échanges.
En tout cas, à son départ, la douane était au hit-parade des services d’assiettes et de recouvrements, notamment au 1er semestre 2021. Avec des recettes d’un montant de 321,055 milliards de Fcfa au 30 juin 2021 sur une prévision annuelle de 656,200 milliards de Fcfa, soit un taux de réalisation 48,93 % à mi-parcours, la Direction générale de la douane damait le pion à ses « concurrentes » que sont la Direction générale des impôts (DGI) et la Direction nationale des domaines.
Dans une conjoncture difficile (crise sociopolitique qui crée l’impossibilité, pour la douane, d’opérer sur une bonne partie du territoire national, suspension du Mali des institutions sous-régionales et internationales pour cause de coup d’Etat et ralentissement du commerce international lié à la crise sanitaire mondiale du coronavirus…), l’Inspecteur général des douanes Mahamet Doucara était allé chercher dans son tréfonds les ressorts pour mettre les gabelous au travail.
Sous sa férule, c’est une équipe motivée, soudée et patriotique qui s’employait quotidiennement à concrétiser les instructions de la hiérarchie, en termes d’amélioration des recettes douanières.
Le qualificatif de « Soldat de l’économie », habituellement collé à la douane, était également loin d’être usurpé, dans la mesure où, parallèlement à sa mission de mobilisation des recettes pour financer le développement, la douane continuait à livrer une lutte sans merci à la contrebande et aux trafics en tous genres.
Presque sevré d’aides budgétaires extérieures, le Mali vit présentement avec ses propres ressources. Cette « disette » imposée par la communauté internationale, si on ose le dire ainsi, devrait inciter le décideur, à quelque niveau qu’il soit, à faire preuve de mesure et de discernement dans le choix des hommes.
Malheureusement, l’épée de Damoclès sur la tête de Mahamet Doucara, qui était visible, est finalement tombée ce mercredi 25 août 2021 en début d’après-midi, tel un couperet à la satisfaction de ses détracteurs, qui avaient vicié l’atmosphère, tronqué la vérité, colporté des mensonges, usé de crocs-en-jambe et d’anicroches, etc. pour parvenir à leurs fins.
L’absence de plan de carrière dans l’administration générale malienne ne saurait expliquer à elle seule la mise à l’écart de cadres valeureux. Visiblement, de hauts dignitaires du pays, profitant de la brèche ouverte, ont transformé l’Etat en machine à broyer tous ceux qui n’ont pas la chance de leur plaire.Sinon, l’Inspecteur général Mahamet Doucara, à l’instar de beaucoup de cadres martyrisés, peut être très utile à plusieurs niveaux encore, plutôt que de rester à la maison.
El Hadj A.B. HAIDARA