DISSOLUTION DU CNSP : Un non-événement

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Quelques jours seulement après la tenue de la 58e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) au cours de laquelle la question de la dissolution du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) avait été remise sur la table, le gouvernement a rendu public le décret n°0017/PT-RM en date du 18 janvier portant dissolution du Comité. La célérité avec laquelle cette décision est intervenue donne pourtant des grincements de dents dont nous nous sommes fait le devoir de décrypter.

De l’avis de plusieurs observateurs de la scène politique, cette dissolution présente plusieurs zones d’ombre tant dans la forme que dans le fond. La première zone d’ombre qui entoure ce dossier est d’ordre purement pédagogique. En effet, pourquoi attendre que les chefs d’Etat de la Cédéao fasse l’exigence de la dissolution du CNSP lors de la 58e session de l’institution tenue le 23 janvier 2021 avant de rendre public le décret actant celle-ci signé depuis le 18 janvier 2021 ?

Seuls Dieu et le président Bah N’Daw pourront répondre à cette question qui taraude l’esprit des plus avertis surtout qu’elle est intervenue le jour même de son départ pour la France où il devait effectuer une visite de travail de 72 h.

La deuxième est d’ordre juridique parce que cette dissolution dans les faits n’est qu’une formalité sinon de la poudre aux yeux. En effet, le Comité dont il est question n’est rien sans les hommes et les femmes qui l’animent.

Dans le cas d’espèce, les animateurs du CNSP occupent des fonctions dans la haute sphère de l’Etat en l’occurrence de son président qui occupe désormais le poste de vice-président de la Transition. En plus, d’autres acteurs de la junte militaires qui a renversé le régime du président IBK détiennent encore des portefeuilles de souveraineté dans le gouvernement de Transition notamment le colonel Sadio Camara (ministre de la Défense et des Anciens combattants), le colonel Modibo Koné (ministre de la Sécurité et de la Protection civile), le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga (ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) et le colonel-major Ismaïl Wagué (ministre de la Réconciliation nationale).

Pour couronner le tout, le n°2 de la junte, le colonel Malick Diaw a été porté à la tête de l’organe politique de la transition notamment le Conseil national de la transition (CNT) par des méthodes peu orthodoxes. Car, pour plusieurs observateurs, cette dernière volonté des responsables de la junte a été réalisée à la suite de bricolages juridiques caractérisés essentiellement par la violation de toutes les dispositions statutaires, notamment la Charte de la transition, la Constitution, le décret portant clé de répartition des membres du CNT et celui portant modalités de désignation des membres du CNT.

Par conséquence, à partir de ces constats, la gestion du pouvoir par les responsables de la junte est désormais actée. « Le vin est tiré, il faut le boire », dit-on.

Donc, cette dissolution n’a véritablement aucune implication juridique parce que les acteurs du coup d’Etat regroupés au sein du CNSP sont toujours actifs et détiennent en fait la réalité du pouvoir.

C’est un secret de polichinelle que le président de la Transition n’est qu’un figurant dans la prise de décision. Que Dieu sauve le Mali !             

Boubacar Païtao

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