CHOGUEL MAïGA LORS DE LA PLENIERE DE LA 5e CONFERENCE SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES à DOHA : « Le Mali fonde beaucoup d’espoir sur la mise en œuvre du Programme d’action décennal de Doha »
Lundi 6 mars 2023, le Premier ministre Choguel K. Maïga était invité à faire un discours à la plénière de la 5e Conférence sur les Pays des moins avancés (PMA) tenue à Doha, au Qatar. C’était en présence de l’Emir du Qatar, Son Altesse Cheikh Tamin bin Hamad Al Thani, du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) António Guterres et des chefs d’Etat et de gouvernement. Selon Choguel Maïga, « la Conférence de Doha ne doit pas être une conférence de plus ; et le plan d’action qui en résulte ne doit pas être, non plus, un catalogue d’actions qui demeurera un vœu pieux. Le Mali fonde l’espoir que le Plan d’action de Doha ne connaîtra pas le même sort que ses prédécesseurs, adoptés lors des quatre Conférences ». Voici le discours intégral prononcé par le chef du gouvernement malien.
Je vous apporte les salutations fraternelles et amicales du peuple du Mali, de Son gouvernement et du président de la Transition, chef de l’Etat, Son Excellence le colonel Assimi Goïta, qui aurait bien voulu être des vôtres aujourd’hui, n’eut été des contraintes de calendrier. Il m’a chargé d’exprimer ses vifs remerciements à Son Altesse Cheikh Tamin bin Hamad Al Thani, Emir de l’Etat du Qatar, et au secrétaire général des Nations unies, António Guterres pour l’aimable invitation adressée au Mali à prendre part à la présente Conférence. Il m’a également chargé de vous livrer le message dont la teneur suit, je cite : «Mon pays, le Mali, participe à la 5e Conférence des Pays les moins avancés avec l’espoir que, 52 ans après la création de la catégorie de pays dénommée PMA, l’aube d’une ère nouvelle se lève enfin pour nos pays, grâce à une décennie d’action, soutenue par une réelle volonté politique, en vue d’accélérer l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD)».
Le Mali fonde l’espoir que le Plan d’action de Doha ne connaîtra pas le même sort que ses prédécesseurs, adoptés lors des quatre (4) Conférences successives des Nations unies sur les PMA. En effet, de 25 pays en 1971, le nombre de PMA a presque doublé pour atteindre 52 en 1991. Ce qui en dit long sur l’impact très limité des plans d’action successifs et sur la nécessité de nous engager résolument vers l’Action.
Si en 50 ans quelques pays ont vu s’améliorer leur situation et ont connu un reclassement, l’écrasante majorité des pays dits moins avancés stagnent pour différentes raisons, parmi lesquelles on peut citer les déséquilibres criards et l’iniquité du système économique mondial. Pour améliorer la situation des 33 pays africains concernés dont le Mali, et des 14 autres Etats d’Asie-Pacifique et des Caraïbes, tous classés dans la catégorie des Pays les Moins Avancés, la Conférence de Doha ne doit pas être une conférence de plus ; et le plan d’action qui en résulte ne doit pas être, non plus, un catalogue d’actions qui demeurera un vœu pieux.
Les PMA n’ont besoin ni de la commisération des plus grands, ni d’aumône, encore moins d’assistance qui les maintiendraient dans une dépendance continue. Ils ont besoin, assurément, de partenariats robustes, de solidarité active et de justice.
Ils ont besoin en particulier de justice dans les règles du commerce international et dans la gouvernance économique mondiale, afin d’améliorer leur indice de développement humain, d’éliminer la pauvreté conformément à l’ODD 1 et, enfin, d’asseoir les conditions d’un développement durable et d’un bien-être partagé pour leurs populations.
Dans cette optique, le nouveau Programme d’action adopté en mars 2022 à New York doit bénéficier d’un soutien franc et d’un financement ambitieux à la hauteur des défis auxquels les PMA sont confrontés.
Les six (6) domaines d’actions prioritaires contenus dans le Plan d’action de Doha couvrent parfaitement le spectre des besoins urgents et des attentes fortes que la communauté internationale doit adresser en direction des PMA, afin de faire du thème de la présente conférence une réalité, à savoir ‘Du potentiel à la prospérité’.
En effet, si nous voulons nous attaquer aux contraintes et aux vulnérabilités qui hypothèquent l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) et qui entravent les politiques d’éradication de la pauvreté dans les PMA, nous devons sans nul doute changer de paradigme dans la lutte contre les changements climatiques qui demeurent l’une des plus graves menaces contre l’avenir de l’humanité.
Nous devons également investir davantage dans le capital humain en faisant de l’innovation, de la science, de la culture et de la technologie la pierre angulaire des programmes de formation de la jeunesse et les leviers pour une croissance inclusive et durable.
Il importe aussi de mettre en place des outils robustes et adaptés de relance économique post-Covid, trois ans après l’apparition de la maladie à coronavirus qui a eu un effet dévastateur sur les économies déjà fragiles des PMA, annihilant ainsi des années de progrès économique et social. Enfin, commet ne pas encourager les PMA et leurs partenaires à s’attaquer de front aux défis liés à la paix et à la sécurité qui menacent les fondements des Etats et qui minent la cohésion sociale, les valeurs de tolérance et de vivre-ensemble ?
Sous ce prisme, le Mali tient à affirmer, ici et maintenant, que la lutte contre le terrorisme, la restauration de la paix et de la stabilité sont des défis pressants, sans doute parmi les plus importants de notre époque, qui doivent être au cœur de notre action collective.
Conscient de l’importance de relever ces défis, si nous voulons construire des Etats stables et des sociétés pacifiques, le Mali a entrepris, sous l’autorité du président Assimi Goïta, d’importants efforts visant à enrayer le terrorisme et l’insécurité, ainsi que les trafics illicites. Concomitamment à ces efforts en matière de défense et de sécurité, notre pays conduit des réformes structurelles au plan politique, institutionnel et au niveau du cadre macroéconomique en vue de refonder l’Etat, d’assurer la stabilité durable des institutions et de renforcer les performances économiques. C’est dans cet esprit que notre pays, le Mali a adopté plusieurs documents-cadre de croissance économique et de lutte contre la Pauvreté. Le Cadre stratégique de relance économique et de développement durable (Credd) 2019-2023, est de nos jours le référentiel unique de mise en œuvre des politiques et stratégies de développement de notre pays. Il a pour objectif principal de promouvoir un développement inclusif, harmonieux et durable dans un Mali uni et apaisé.
S’il est vrai que le Programme d’action du gouvernement (Pag) accorde un ordre de priorité élevé au retour de la sécurité sur l’ensemble du territoire national et à la satisfaction des besoins vitaux des Maliennes et des Maliennes, il n’en demeure pas moins que le gouvernement du Mali est fermement engagé à organiser des élections crédibles et transparentes, suivant un chronogramme établi, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.
De même, le gouvernement s’attèle de bonne foi à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, dont le chapitre III est consacré au développement des régions du Nord de notre pays.
Comme vous pouvez le constater, nos besoins nationaux et nos priorités sont en adéquation avec les axes majeurs du Plan d’action de Doha. Ces priorités s’avèrent être des chantiers ambitieux destinés à accélérer notre développement, et dont la réalisation requiert un engagement plus fort au niveau national, régional et international.
C’est pourquoi le Mali fonde beaucoup d’espoir sur la mise en œuvre du Programme d’action décennal de Doha. Dans cet esprit et tel que nous l’avons rappelé hier lors de l’ouverture du Sommet des Dirigeants des PMA, il importe de promouvoir une chaîne de solidarité et de justice internationale pour lever les obstacles et les entraves au développement des Pays les Moins Avancés.Nous devons travailler ensemble à l’application rapide et du Plan d’action de Doha, de manière à accélérer l’atteinte des ODD et améliorer substantiellement les conditions de vie de nos populations, notamment les plus vulnérables.
Car, en définitive, l’amélioration des conditions de vie des populations, en général, et celle des couches les plus défavorisées en particulier, est essentielle pour réussir la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Elle est aussi la condition sine qua-non pour la paix, la sécurité et la stabilité.
Pour sa part, le Gouvernement du Mali ne ménagera aucun effort afin que les engagements que nous avons collectivement souscrits soient suivis d’effet. Dans le même ordre d’idées, le Gouvernement du Mali reste disposé à coopérer avec l’ensemble des partenaires pour aider à réaliser ensemble les objectifs convenus dans le nouveau Programme d’action de Doha, dans le respect des trois principes qui guident l’action publique au Mali, que j’ai définis, en tant que Chef de l’État, à savoir :
– le respect de la souveraineté du Mali ;
– le respect des choix stratégiques et de partenariats opérés par le Mali ;
– la défense des intérêts vitaux des populations maliennes dans toutes les décisions prises.
Je termine mon propos en renouvelant la gratitude du Peuple malien à tous les partenaires de notre pays, bilatéraux et multilatéraux, pour leur accompagnement sincère à nos efforts inlassables en faveur de la paix, de la stabilité et du développement.
Que Dieu bénisse les participants à cette conférence ».