ARRêT DES TRAVAUX DE LA GRANDE MOSQUEE DE BAMAKO : Des doutes sur l’origine des fonds mobilisés par Harouna Sawadogo dit «Mossikè»
Le ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, par un communiqué en date du 25 novembre, a instruit l’arrêt des travaux d’extension de la Grande mosquée de Bamako, initiés par un opérateur économique du nom de Harouna Sawadogo dit Mossikè. Motifs invoqués par le département : Le généreux donateur a entamé les travaux sans pour autant déclarer l’origine des fonds, ce, malgré les injonctions des autorités.
‘arrêt des travaux d’une partie la Grande mosquée de Bamako par le ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes a été applaudie des deux mains par certains fidèles de ce lieu saint.
De sources proches du dossier, un certain Harouna Sawadogo dit Mossikè avait approché les familles fondatrices de Bamako (les Touré et Dravé) aux fins de reconstruire gracieusement les toilettes pour les fidèles musulmans. Il s’agit de 70 toilettes : 50 pour les hommes et 20 pour les femmes.
Or, selon nos interlocuteurs, derrière cette idée de don, se cache un esprit mercantiliste, car le donateur est connu comme intervenant dans plusieurs secteurs d’activités (librairie, agences de voyages…) Ainsi, dans le projet, après la construction des toilettes, le nommé Harouna Sawadogo devait construire également des bâtiments en hauteur sur les toilettes qui allaient servir de magasins pour ses librairies et autres besoins.
Le coût global de l’ensemble des travaux a été en tout cas estimé à plus de 200 millions de FCFA. Mais quelle est au juste la provenance de ces sous ? Mystère et boule de gomme. Sauf que Sawadogo, nous a-t-on soufflé, s’est trouvé le moyen pour ne pas payer la location des magasins qu’il allait occuper. « Il a affirmé que l’argent de la location des magasins qu’il va occuper servira à l’entretien des 70 toilettes », nous a confié notre source soutenant que cela est une bonne affaire pour Sawadogo, car il va construire beaucoup de magasins sur ces toilettes alors que le coût de la location est très élevé en plein cœur du marché surtout dans la mosquée.
Entorses ?
Cependant, vu l’ampleur des travaux dans la maison de Dieu, les autorités avaient demandé au « généreux » bienfaiteur de dévoiler l’origine du financement avant de poser la première pierre. Malheureusement, M. Sawadogo, selon le communiqué du ministre, a fait fi de cela. Autre grief : après avoir engagé les travaux depuis environ 4 mois, les fidèles musulmans ne savent plus où mettre la tête pour les ablutions. « Il a démoli toutes les toilettes. Et au lieu que l’entreprise les reconstruisent le plutôt possible, elle est préoccupée par la construction des magasins en hauteur, qui est sa source de revenu. D’où le mécontentement des fidèles musulmans qui sont privés de toilettes depuis 4 mois », a déploré une autre source.
Un autre fidèle musulman, proche des associations islamiques, de se montrer catégorique : « Tout Bamako sait qu’Harouna Sawadogo est dans les affaires peu catholiques dans le domaine de la librairie avec le piratage des livres. Aussi, avec son agence de voyages Daroul Koutoubi, il ne fait qu’acheminer à La Mecque des fidèles musulmans surtout des Burkinabés à partir du Mali et aussi dans des conditions pas claires », a-t-il dévoilé.
Pour lui, il est incompréhensible que l’argent acquis à travers de telles pratiques soit investi dans la maison de Dieu. Notons d’ailleurs que des fidèles musulmans et des jeunes ont exprimé leur ras-le-bol concernant la conduite des travaux de la Grande mosquée. Des plaintes qui ont obligé le département de tutelle à sortir de sa réserve dans un communiqué pour demander l’arrêt des travaux. Dans ledit communiqué, le ministère s’est dit surpris que les travaux soient engagés par M. Sawadogo, alors qu’il lui a été demandé de surseoir à la pose de la première pierre jusqu’à la déclaration de l’origine des fonds.
Réfutation
« En enfreignant cette injonction, vous avez choisi d’ignorer la discipline administrative et braver les textes de la liberté religieuse et de la Centif. Cette méprise sur la rigueur de la discipline administrative et les exigences de la déclaration de bien, le tout conjugué au mécontentement général autour de l’entreprise en cours, nous amènent à demander à l’arrêt immédiat des travaux de construction au niveau de la Grande mosquée », peut-on lire dans le communiqué du ministère signé par le secrétaire général Toumani Sangaré.
Approché par nos soins Harouna Sawadogo a balayé d’un revers de la main ces accusations.
« Tout ce que les gens disent à propos de ma personne, je le mets au compte de la méchanceté. Car, ce sont les fidèles musulmans qui m’ont sollicité pour que je reconstruise les toilettes de la Grande mosquée. Par rapport à l’origine de mon argent je ne suis pas un inconnu au Mali et même à l’extérieur, je ne suis dans aucune affaire sale. Personne ne peut dire que j’ai piraté son livre en le reproduisant et en mettent ça sur le marché.
Les manuels que je vends viennent du Liban. Ces travaux que j’ai entrepris, c’est juste à cause de Dieu sinon les 200 millions F CFA que je vais investir dans la mosquée pouvaient servir à acheter une parcelle, construire un immeuble et mes enfants allaient hérités », nous a déclaré au téléphone M. Sawadogo. Kassoum Théra