APRES LE SACCAGE DE SES BIENS, ME KASSOUM TAPO SUR RENOUVEAU TV : « Dans une vidéo, Mohamed Aly Bathily a invité les gens à aller casser mon immeuble et chez moi. Donc je vais porter plainte contre lui »
L’ancien ministre de la Justice, Me Kassoum Tapo, était l’invité politique de Renouveau télévision du mardi dernier. Au cours de cette émission, il a beaucoup parlé de lui-même, du saccage de sa résidence et de son immeuble de 5 étages dont les vandales, à ses dires, étaient téléguidés par les leaders du M5 et surtout de Mohamed Aly Bathily. Voilà pourquoi, il est prêt à porter plainte contre lui.
Parlant des saccages de son immeuble, il a dit que cet immeuble n’est qu’un bien matériel. Il a souhaité pour ceux qui l’ont saccagé de pouvoir en construire car, pour lui, il ne s’agit de détruire, mais de construire. Il a précisé qu’il n’est pas un dignitaire du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita, qu’il n’a jamais été du Rpm, qu’il n’a jamais été avec IBK, qu’il est un Malien, un patriote et que c’est IBK qui lui a fait appel pour entrer au gouvernement parce que ce dernier a pensé qu’il a des compétences. C’est ainsi qu’il a accepté, parce que, à ses dires, le Premier ministre Boubou Cissé est un jeune exceptionnel, intègre, sérieux, qui a quitté la fonction internationale pour venir servir le Mali. « J’ai accepté de venir l’aider à un moment très difficile de l’histoire politique de notre pays. Et ce n’est pas mon premier engagement depuis 1991. Donc, je ne suis pas un dignitaire du régime d’IBK. Il y en a d’autres qui ont été ministres durant 2 ans, 4 ans, dans le régime d’IBK. J’ai été éphémère ministre de la Réforme en 2017. Et encore plus éphémère encore en 2020 pendant une quinzaine de jours. Donc, je ne peux pas accepter qu’on me qualifie de dignitaire », a-t-il tenu à préciser.
A la question pourquoi les manifestants se sont-ils pris à son immeuble, il répondra qu’il est évident que ces manifestants ont été téléguidés par les leaders du M5-Rfp. Et qu’il a été une cible. Sinon qu’il était là en 2012 et seul il a eu à faire face à la junte pour la République. « En 2012, je n’ai pas été attaqué. Ceux qui ont fait le coup d’Etat en 2012 n’ont pas touché à mes biens, ni à mon immeuble, ni à ma maison. Ceux qui ont fait le coup d’Etat m’ont laissé libre de tous mes mouvements. Ce sont des vandales téléguidés qui sont venus casser chez moi et à mon immeuble que je plains et qui sont des minables. Ceux qui les ont téléguidés sont encore plus minables. Ce que je leur souhaite, c’est de construire pareil, d’avoir une résidence comme ça et d’avoir un immeuble comme ça que j’ai bâtis par mes revenus d’avocat », a-t-il réagi.
Répondant à la question sur le lien entre l’argent de la Céni en 1997 et la construction de ses immeubles, Me Tapo expliquera qu’il a déménagé chez lui le 30 mars 1991, avant la création de la Céni. Et qu’il est rentré de Paris en 1989 après avoir fait 10 ans au Barreau de Paris par amour pour le Mali. Contrairement à ce qui se dit qu’il a la nationalité française, il a fait savoir qu’il a refusé de prendre la nationalité française quand il a été élu secrétaire de la Conférence du Barreau de Paris à l’issue d’un concours. Il a informé qu’en tant qu’avocat en 1988, il a fait amener 101 Maliens nés en France à Bamako. Et c’est à la suite de ça qu’il a décidé de rentrer au Mali. Il a passé 10 ans à l’immeuble où se trouvait son premier cabinet avant de le transférer à l’immeuble Babemba où il a acheté le 1er étage avec un prêt bancaire de la Bicim en 2010. « Je peux justifier toutes mes acquisitions. J’ai cédé mes bureaux à la vente de l’immeuble Babemba. C’est comme ça que j’ai cherché un terrain à Bamako Coura. J’ai construit à Bamako Coura parce que j’aimais ce quartier où j’ai passé 20 ans. Je pouvais aller construire à l’ACI, mais j’ai préféré rester dans ce quartier que j’aimais. Je plains ceux qui ont pillé cet immeuble parce qu’ils n’ont pas pensé à ceux qui travaillent dans l’immeuble. Ma fille, ma femme et moi employons des gens. D’autres particuliers emploient des gens. Il y a plus d’une centaine de personnes qui travaillent dans cet immeuble. Les pilleurs ont-ils pensé à eux, à leurs familles ? », s’est-il interrogé.
Selon Me Tapo, les manifestants étaient téléguidés par les leaders du M5-Rfp. « Le message de Mohamed Aly Bathily n’est pas digne d’un responsable. Dans une vidéo, il a invité les gens à aller casser mon immeuble et à casser chez moi en se disant que s’ils me cassent, je vais quitter le Mali. S’il est un homme, qu’il vienne le revendiquer aujourd’hui », a-t-il dit.
D’après lui, le M5 lui reproche d’avoir en 10 jours, en tant que ministre de la Justice, essayé de rétablir l’ordre, de faire ce que Bathily n’a pas pu faire en une année et demie au ministère la Justice. Et que les magistrats sont témoins de son exploit, entre autres, le remembrement de la Cour suprême qui n’avait pas de vice-président depuis 3 ans et de président, depuis un an ; le remembrement de la Cour constitutionnelle ; le règlement des indemnités des magistrats qui étaient en grève depuis sous Bathily et le règlement d’autres problèmes des magistrats. « Si on me reproche d’avoir rétabli les comparutions immédiates, d’ avoir dit que ceux qui ont saccagé vont en répondre, je le maintiens et je le répète encore, s’ils sont des hommes qu’ils viennent revendiquer ce qu’ils ont fait chez moi, c’est de la lâcheté. C’est lâche de se cacher dans la foule. Que Bathily vienne revendiquer la casse chez moi s’il est un homme. Ce qui est le plus insidieux de sa part, c’est de dire qu’en 1997 qu’on m’a donné 16 milliards Fcfa à la Céni. Evidemment, quand il dit ça, les gens ont l’impression que j’ai construit ma maison avec cet argent. Mais il a logé chez moi ici en 1991 quand ATT l’a chassé de son poste de directeur de Cabinet pendant la transition. Quand ATT l’a chassé, c’est moi qui l’ai accueilli chez moi en 1991. Il se lavait dans ma piscine en 1991. La Céni était en 1997, alors que ma maison était déjà là en 1991. Il a osé dire que j’ai distribué 4 milliards Fcfa à des magistrats. Cela est de la stupidité à l’image de son visage. Il n’a qu’à nommer les magistrats à qui j’ai distribué les 4 milliards. En ce moment, Soumaïla Cissé était ministre des Finances. Il croit que Soumaïla Cissé pouvait me donner 16 milliards comme ça et que je vais avoir 4 milliards à distribuer à des magistrats en sa présence ? En réalité, en 1997, quand j’étais à la Céni, j’étais Bâtonnier de l’ordre des avocats. Bathily a voulu être avocat, mon Secrétaire général, Seydou Maïga (Paix à son âme) qui assurait l’intérim, a refusé de l’inscrire au Barreau. Et Bathily est venu me voir quand il avait quitté le Mali, je lui ai dit d’aller voir Seydou Maïga qui était Bâtonnier intérimaire qui a refusé de l’inscrire parce qu’il ne remplissait pas les conditions. De magistrat, il a voulu être avocat. Quand je n’étais plus Bâtonnier, il sait comment il est devenu avocat. Avocat, il a exercé un ou deux ans chez Me Magatte Sèye qui l’a mis à la porte », a-t-il dévoilé sur Bathily.
Sur le plan politique, il dira que Bathily, en tant qu’ambassadeur, a été renvoyé de Dakar. Il dira que Bathily a eu ses biens quand il était ministre des Domaines de l’Etat. « Bathily a vendu 27 immeubles de l’Etat dont la liste se trouve à la Chambre de commerce. Il a vendu des biens de l’Etat. Il croit qu’on ne le sait pas ? Bathily sait ce qu’il a fait. Les magistrats savent ce qu’il a fait à la justice. J’en sais d’autres et il le sait. Je le connais depuis 1990. Il va en répondre. Je ne voulais pas me mettre à son niveau. Mais je vais le faire pour dire aux Maliens qui est Bathily parce qu’il m’a invectivé en me traitant de tout, de voleur vis-à-vis des jeunes. Cela est malhonnête de sa part parce qu’il me connait. Quand il habitait chez moi, je n’étais pas à la Céni, il le sait. Et pourquoi il ne l’a pas dit ? Quand je distribuais les 4 milliards, il était où ? Et pourquoi il ne l’a pas dénoncé ? C’est qu’il est complice. Et combien a-t-il pris dans les 4 milliards ? Ce n’est pas sérieux de sa part. J’ai construit mon immeuble avec mon argent. Je travaille, je gagne des honoraires. Je ne suis pas Bathily. J’ai la prétention d’avoir créé le plus grand cabinet au Mali. J’ai la prétention d’avoir eu les meilleures et les belles affaires au Mali. Je n’ai jamais acheté de biens publics. Je défie Bathily pour qu’il vienne démontrer que j’ai reçu de l’argent pour la réforme de l’Etat. Je n’ai pas reçu un franc. Le budget de mon ministère était de 300 millions Fcfa que je pouvais avancer, Dieu merci. Bathily a géré des milliards au Domaine de l’Etat. Il n’en parle pas. Mon immeuble, mon domicile, je les ai construits à la sueur de mon front parce que je suis avocat, parce que j’ai été formé comme avocat. Je ne suis pas un magistrat qu’on a renvoyé et qui a cherché à venir dans le Barreau. Au Mali, je n’ai jamais été collaborateur de quelqu’un. J’ai créé mon cabinet. J’ai été l’avocat de la plupart des banques, des industries du Mali. J’ai amené beaucoup d’investisseurs au Mali. Demande à Bathily comment il a construit son immeuble à l’ACI qui est 10 fois plus cher que mon immeuble », s’est-il défoulé.
« Je vais porter plainte contre Bathily »
Me Tapo n’a-t-il pas été nommé ministre de la Justice pour arrêter tous les responsables du M5-Rfp ? Il démentira cette assertion car il n’a jamais arrêté un responsable du M5-Rfp pendant qu’il était ministre. «Le ministre de la Justice n’arrête personne. Ce sont les gens qui se font arrêter par la Justice. J’ai été formé, je suis un professionnel. J’ai rétabli les comparutions immédiates pour que les gens soient jugés de ce qu’ils ont fait et par des juges au siège. J’ai interdit aux Procureurs de garder les gens plus de 48 heures. Le Procureur dépend du ministre. Avec la législation actuelle, un Procureur peut garder quelqu’un durant trois à quatre mois et audiencer pour le juger. J’ai mis un terme à ça. Si quelqu’un est pris en flagrant délit, il doit être jugé par un magistrat du siège. Je défie quiconque de dire que je suis intervenu auprès d’un seul magistrat dans le cadre de ses procédures. Je le dis et je le répète, si j’étais resté ministre, tous ceux qui avait cassé, saccagé, allaient en répondre. Les casseurs ne resteront pas impunis. On ne peut pas me saccager parce que j’ai été 10 jours ministre et que j’ai voulu rétablir l’ordre. On ne peut pas me dire ça. Je ne mérite pas ces saccages parce que je n’ai pas fait la loi. Les casseurs, s’ils sont pris, répondront devant la loi». A-t-il dit.
Et Tapo de continuer ainsi : « Je suis un béni, s’il plaît à Dieu, je vais reconstruire mes immeubles. Mais je vais porter plainte contre Bathily pour qu’il prouve que j’ai distribué les 4 milliards aux magistrats…Mes 2 ans à la Céni ont coûté 19 milliards. Si j’avais mis 16 milliards dans ma poche et distribuer 4 milliards, je n’allais pas pouvoir organiser les élections et faire fonctionner la Céni. Ce n’est pas responsable de la part de quelqu’un qui a vécu chez moi de mentir à des jeunes qui n’étaient pas nés à l’époque. Cela n’est-il pas suffisant pour qu’on m’en veuille ? Bathily aurait dû le premier dire qu’il connaît bien Me Tapo. Joselyne, sa femme française qui l’a abandonné, il sait pourquoi, a habité chez moi avec Bathily. J’ai aidé Bathily à aller à l’OIF (Organisation internationale de la francophonie, il a été renvoyé de là-bas et comment ? Il a même risqué d’aller en prison. Je veux dire aux Maliens qui est Bathily », a-t-il raconté.
Les putschistes sont plus intelligents que des leaders du M5-Rfp
Sur les putschistes, il dira qu’ils sont plus intelligents que certains leaders du M5-Rfp et qu’il n’a pas été inquiété par eux. Il a laissé entendre qu’il ne regrette et qu’il ne regrettera pas d’avoir appartenu au gouvernement éphémère de Boubou Cissé. Il a révélé qu’il a connu IBK en France en 1978, en tant que membre fondateur du Comité de défense des libertés démocratiques au Mali. « En ce moment, j’étais secrétaire général de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France. J’ai accueilli Tiébilé Dramé à Paris quand il a été exilé par les militaires en 1978. J’ai été leader du mouvement étudiant avant Oumar Mariko. J’ai donc un passé, un passé militant. En 1991, j’ai participé à l’élaboration de la Constitution de 1992 et toutes les clauses bidon qui sont là-dans sont de Bathily. Et son fils Ras Bath s’est toujours demandé sur les antennes si son père a été à la même école que moi. Il a jugé son père. En 2012, j’étais là. Les gens essaient de tronquer l’histoire récente. On ne peut pas la changer« , a-t-il dit. Par ailleurs, Me Kassoum Tapo a fait des éloges à ses enfants avant de dévoiler qu’il est en train de construire un immeuble à Montréal avec les fonds de vente d’un de ses deux immeubles à Paris achetés en 1992 et 1994. « J’ai le droit d’être milliardaire. Bathily qui a volé n’a plus rien. A sa demande, il a été reçu par IBK qui lui a donné 10 millions. Ce jour-là, il a même oublié son téléphone et son sac. On a couru derrière lui pour lui remettre ses effets. Dieu merci, je ne suis pas à 10 millions près. Je n’ai pas été dans le gouvernement d’IBK pour 10 ou 20 millions. IBK ne m’a pas donné un centime. Ce n’est pas l’argent qui me lie à IBK. Ce qui nous lie, je l’ai rappelé. Je le dis et je le répète, IBK est un patriote qu’on le veuille ou non. L’histoire va juger chacun d’entre nous. Ceux qui nous ont mis dans la crise doivent nous en sortir. […] Je suis d’accord avec une transition de 3 ans pour qu’il y ait une refondation du Mali pour que les mentalités changent, pour que les Maliens changent pour devenir républicains, patriotes, pour que les Maliens retrouvent leur dignité. Après, qu’on aille aux élections. Ceux qui demandent la transition sont toujours les mêmes depuis 1991 et qui n’ont que 1 %, 2 % aux élections. Je n’ai jamais demandé de transition parce que je sais que j’ai une base chez moi à Mopti. J’ai été pendant 10 ans député, j’ai été élu aux premiers tours. Et pourtant je ne suis pas chef de parti. Il y a des chefs de parti qui n’osent pas affronter le scrutin populaire. J’espère qu’ils vont nous faire sortir de cette crise », a-t-il conclu.
Siaka DOUMBIA